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Soudan du Sud : face à la poursuite de la confrontation armée, l’ONU appelle le Conseil de sécurité à agir

Un membre du Service de la lutte antimines des Nations Unies (UNMAS) vérifie la présence d'engins explosifs près d'une base de l'ONU dans la capitale Juba, au Soudan du Sud.
Photo : ONU/Eric Kanalstein
Un membre du Service de la lutte antimines des Nations Unies (UNMAS) vérifie la présence d'engins explosifs près d'une base de l'ONU dans la capitale Juba, au Soudan du Sud.

Soudan du Sud : face à la poursuite de la confrontation armée, l’ONU appelle le Conseil de sécurité à agir

Paix et sécurité

A l’approche de la prochaine phase des pourparlers de paix sur le Soudan du Sud au Forum de revitalisation de haut niveau d’Addis-Abeba, le chef du maintien de la paix de l’ONU a appelé mardi le Conseil de sécurité à agir dans ce pays.

« C’est un moment critique pour la paix », a estimé Jean-Pierre Lacroix, le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux opérations de maintien de la paix.

Les parties sud-soudanaises devant prendre part au Forum de revitalisation sont divisées sur des questions critiques de gouvernance et de sécurité. Elles continuent de discuter sur les quotas ministériels tandis que les modalités d’un cessez-le-feu permanent et des arrangements transitionnels de sécurité, y compris celles portant sur Juba et les réformes du secteur de sécurité, restent évasives.

Le Président Salva Kiir et son gouvernement ont confirmé leur volonté de participer au Forum de revitalisation, même si les discussions autour du mandat du Gouvernement provisoire d’union nationale et la préparation des élections vont rester tendues si le Forum de revitalisation n’arrive à trouver une solution acceptable, a expliqué M. Lacroix.

Un dialogue national boycotté par la majorité des partis d’opposition

Le Secrétaire général adjoint a annoncé devant le Conseil que l’ambassadeur Francis Deng, membre du comité d’organisation du dialogue national, lui avait fait savoir que les consultations communautaires étaient achevées et que les prochaines étapes seraient le lancement de la révision constitutionnelle, qui doit incorporer les résultats de consultations et mener aux élections. 

Le Conseil des églises du Soudan du Sud estime pour sa part que le dialogue national n’a pas été inclusif, puisque de nombreuses personnes résidant dans des zones sous contrôle de l’opposition sont de facto exclues de ces consultations, a ensuite expliqué le Secrétaire général adjoint.

Pour lui, ces consultations populaires, bien qu’importantes, doivent s’ajouter à d’autres processus politiques et se doivent d’être inclusives. Or, cela ne semble pas être le cas, puisque la majorité des parties de l’opposition les ont boycottées, a noté M. Lacroix qui estime qu’« organiser des élections dans cet environnement politique, sécuritaire et humanitaire est irréaliste et serait contreproductif ».

La cessation des hostilités n’a pas du tout été mise en œuvre

Malgré la signature de l’Accord sur la cessation des hostilités le 21 décembre 2017, le gouvernement comme l’opposition ont continué à privilégier la confrontation armée, le contrôle des territoires et le déplacement forcé des populations, a déploré le chef du maintien de la paix de l’ONU.

La cessation des hostilités n’a pas du tout été mise en œuvre et un cessez-le-feu n’est pas envisageable pour l’instant, a affirmé M. Lacroix, selon qui, à l’heure où se déroule cette réunion, l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS) et l’APLS dans l’opposition se battent pour le contrôle des routes d’approvisionnement entre Bentiu et Leer. 

Pour M. Lacroix, si le Conseil de sécurité ne prend pas de mesures, il ne pourra que s’en prendre à lui-même si la crise dégénère et si le manque de confiance dans une solution politique à la crise se perpétue.