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Gomme arabique : la demande croissante ouvre de nouvelles perspectives aux producteurs africains

Une jeune femme de la tribu Jawama'a, à El Darota, dans le Nord-Kordofan, au Soudan, ramasse de la gomme arabique.
UNEP/Grant Wroe-Street
Une jeune femme de la tribu Jawama'a, à El Darota, dans le Nord-Kordofan, au Soudan, ramasse de la gomme arabique.

Gomme arabique : la demande croissante ouvre de nouvelles perspectives aux producteurs africains

Développement économique

Produit immémorial, la gomme arabique n’est pas seulement une marchandise exotique ; elle est aussi un moyen de stimuler le développement des nations africaines qui la produisent et dont certaines figurent parmi les pays les plus pauvres au monde.

Dans un numéro spécial de la série Coup d’œil sur les produits de base consacré à la gomme arabique, la CNUCED, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement attire l’attention sur le fait que la transformation de ce produit de base aux fins de son exportation a un potentiel considérable pour ce qui est de l’augmentation des recettes.

Produit naturel issu de la sève d’acacia solidifiée récoltée dans la région du Sahel, en Afrique, la gomme arabique est principalement utilisée dans l’industrie alimentaire.

En passant de la simple production à des activités qui génèrent davantage de revenus, les pays peuvent non seulement promouvoir leur développement économique, mais aussi garantir les moyens de subsistance en milieu rural, autonomiser les groupes vulnérables, dont les femmes, et favoriser les synergies avec les activités de gestion des ressources naturelles et d’atténuation des effets des changements climatiques.

« Dans un secteur qui est fortement concentré, la CNUCED propose des réformes aussi bien au niveau microéconomique qu’au niveau national. L’objectif est de s’assurer que toutes les parties prenantes obtiennent une part équitable de la valeur totale créée le long de la chaîne de valeur mondiale pour la gomme arabique », explique Mario Jales, économiste au Service des produits de base de la CNUCED.

Selon l’étude publiée aujourd’hui, les avantages d’une telle approche devraient permettre l’amélioration des compétences des travailleurs, une plus large palettes de produits et l’augmentation de la valeur ajoutée. Elle vise également à améliorer les options de commercialisation et de financement, de même qu’au renforcement de la stabilité politique.

Gomme à tout faire

Compte tenu de ses nombreuses propriétés, de son innocuité et de son origine naturelle, la gomme arabique est, parmi les gommes végétales d’origine exsudative, celle qui a la plus forte valeur commerciale. Elle est utilisée comme stabilisant, liant, émulsifiant ou agent de viscosité dans l’élaboration de produits alimentaires (confiserie, boissons gazeuses, vin, liqueurs ou fibres alimentaires) mais aussi dans la fabrication de produits non alimentaires (produits pharmaceutiques, cosmétiques, imprimerie, céramique, produits chimiques photosensibles, textiles, papier, encre, peintures ou adhésifs).

Les exportations de gomme arabique non transformée et semi-transformée ont presque triplé au cours des vingt-cinq dernières années, passant d’une moyenne annuelle de 35 000 tonnes en 1992-1994 à 102 000 tonnes en 2014-2016. Les exportations de gomme arabique transformée ont, pour leur part, plus que triplé, grimpant de 17 000 tonnes à 53 000 tonnes durant la même période.

Dans la période 2014-2016, les trois plus gros exportateurs de gomme arabique brute étaient le Soudan (66 %), le Tchad (13 %) et le Nigéria (8,5 %).

« Paradoxalement, de nombreux pays africains qui exportent de la gomme arabique brute à bas prix réimportent de la gomme transformée à des prix nettement plus élevés pour répondre à la demande des entreprises locales », explique M. Jales.

Produit prometteur

Le rapport de la CNUCED montre que la gomme arabique est un produit prometteur pour les pays producteurs car elle est un moyen d’obtenir des devises étrangères, de promouvoir une agriculture et une sylviculture durables, d’assurer la sécurité alimentaire et de lutter contre la désertification et les changements climatiques.

La quasi-totalité de la gomme arabique brute commercialisée dans le monde est produite dans la « ceinture de la gomme » : les vastes savanes boisées arides d’Afrique subsaharienne qui s’étendent de la Mauritanie et du Sénégal, à l’ouest, au Soudan, à l’Érythrée, à la Somalie, au Kenya et à la République-Unie de Tanzanie, à l’est. La gomme arabique brute est également produite en plus petites quantités en Asie du Sud et dans la péninsule arabique.

Depuis les années 2000, le Nigéria, le Sénégal et le Soudan produisent une gomme arabique de haute qualité dans des usines de transformation locales.

Les recettes d’exportation de la gomme arabique brute sont passées d’une moyenne annuelle de 95,4 millions de dollars en 1992-1994 à une moyenne annuelle de 150,3 millions de dollars en 2014-2016. Au cours de la même période, les recettes d’exportation de la gomme arabique transformée sont passées de 74,4 millions de dollars à 192 millions de dollars, dont 90 % sont allés aux pays exportateurs d’Europe. 

Le Soudan, premier producteur

Il existe d’importantes différences entre les pays producteurs. Le Soudan est depuis toujours le numéro un du secteur. Le Tchad a fait des progrès significatifs au cours des dernières décennies, tant sur le plan des quantités produites que de la qualité. Le Nigéria a été freiné dans son avancée à cause de problèmes de qualité, de la mauvaise organisation du marché et des perturbations de la production dues à l’insurrection de Boko Haram.

Au Cameroun, au Mali et au Sénégal, les exportations ont commencé à rebondir après des décennies de déclin et de stagnation. Dans de nombreux autres pays de la ceinture africaine de la gomme, les ressources demeurent sous-exploitées, ainsi que dans certaines parties de l’Éthiopie, du Kenya et du Soudan du Sud.

Globalement, la France et l’Inde importent les trois quarts de la gomme arabique brute. La France exporte à elle seule les deux tiers de la gomme transformée. Il est à noter que le fabricant européen Nexira détiendrait à lui seul 50 % du marché mondial.