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Syrie : à Bruxelles, l’ONU lance un appel de fonds de 9,1 milliards de dollars pour sa réponse humanitaire

Un abri à Harjalleh en Syrie accueille des milliers de personnes déplacées de la Ghouta orientale.
Photo : OCHA
Un abri à Harjalleh en Syrie accueille des milliers de personnes déplacées de la Ghouta orientale.

Syrie : à Bruxelles, l’ONU lance un appel de fonds de 9,1 milliards de dollars pour sa réponse humanitaire

Aide humanitaire

A l’ouverture de la Conférence de soutien à l’avenir de la Syrie et de la région qui se tient à Bruxelles, les Nations Unies ont lancé un appel de fonds urgent de 9,1 milliards de dollars pour l’année 2018.

Ce montant doit permettre à l’ONU et à ses partenaires de venir en aide à 13,1 millions de personnes à l’intérieur des frontières de la Syrie, ainsi qu’aux 5,6 millions de réfugiés syriens et à leurs communautés d’accueil.

Le financement de la réponse humanitaire à la crise syrienne est critique, l’ONU n’ayant reçu à ce jour que 23% des fonds nécessaires pour ses opérations.

« Alors que le nombre de personnes ayant un besoin urgent d'assistance continue de croître, l'ONU a épuisé ses ressources pour répondre », a déclaré le chef de l’humanitaire des Nations Unies, Mark Lowcock, au premier jour de cette conférence co-organisée par l’ONU et l’Union européenne.

Au cours des premiers mois de 2018, la crise humanitaire en Syrie s'est encore aggravée. Plus de 700.000 personnes ont été déplacées par la violence et les besoins aigus depuis le début de l'année. « Près de 70% de la population vit actuellement dans une extrême pauvreté », a averti M. Lowcock qui est également Coordonnateur des secours d'urgence de l’ONU.

Le conflit en Syrie qui dure depuis plus de sept ans a créé un nombre important de réfugiés syriens et une grande pression sur les pays qui les accueillent.

« Un quart des réfugiés dans le monde sont des Syriens et un quart de tous les Syriens sont des réfugiés », a déclaré le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, qui participait également à la conférence de ‘Bruxelles 2’.

« De toutes les urgences humanitaires auxquelles nous sommes confrontés aujourd'hui, aucune ne correspond à la Syrie en termes d'échelle ou dans l'immensité des besoins », a dit le chef du HCR. « Que ce soit pour les réfugiés, pour les pays d'accueil ou pour les communautés d'accueil, ces besoins sont plus urgents que jamais ».

Le peuple syrien doit être au cœur de la solution politique (ONU et UE)

Le premier jour de la conférence de Bruxelles fut également consacré au dialogue avec la société civile syrienne qu’a rencontrée l’Envoyé de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, et la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.

L’Envoyé spécial de l’ONU s’est félicité de voir aujourd’hui différents représentants de la société civile assis autour de la même table à Bruxelles.

« Aujourd’hui, beaucoup d’entre eux n’étaient pas d’accord, mais ils étaient capables de s’asseoir autour de la table », s’est félicité M. de Mistura lors d’une conférence de presse conjointe avec Mme Mogherini. « Ils ne se sont pas battus. Ils ne sont pas disputés. Ils ont fait des propositions concrètes. Et ils n’étaient pas désespérés. Ils n’ont pas perdu l’espoir », a-t-il ajouté.

« C’est ce que nous souhaitons voir au niveau politique et qui ne s’est pas encore produit », a dit le médiateur onusien qui a appelé toutes les parties prenantes du conflit à écouter le peuple syrien.

Pour sa part, Federica Mogherini a souligné que « la Syrie n’est pas un échiquier, ni un jeu géopolitique ». Pour la chef de la diplomatie européenne, la Syrie appartient au peuple syrien et ces derniers doivent décider eux-mêmes de l’avenir de leur pays, soulignant que c’est dans les moments les plus difficiles qu’ils doivent pouvoir être entendus.

M. de Mistura a souligné l’importance d’inclure la société civile dans les discussions portant sur la réforme constitutionnelle et les élections qui doivent être supervisées par l’ONU.

« La société civile a besoin d’être partie prenante des deux et nous ferons en sorte que cela se produise, si le gouvernement et l’opposition se mettent d’accord pour le faire et nous insisterons pour qu’ils le fassent », a dit le médiateur onusien.

L’escalade militaire n’apporte aucune solution politique

A la veille du segment ministériel de la conférence de Bruxelles prévu mardi, Staffan de Mistura a prévenu que les gains territoriaux et l’escalade militaire de ces dernières semaines en Syrie ne contribuaient pas à la recherche d’une solution politique à la crise. « Cela n’a apporté aucun changement sur le plan politique, bien au contraire », a dit l’Envoyé spécial.

« La vérité est que chacun a ses propres solutions politiques et c’est ce sur quoi nous avons besoin de travailler », a dit le médiateur onusien, rappelant que le moment est venu pour que la « grande diplomatie » revienne au premier plan.

Staffan de Mistura s’est également dit préoccupé par la situation humanitaire à Idlib. « Idlib est le grand nouveau défi », a-t-il dit, rappelant que 2,5 millions de personnes y vivent.

Pour M. de Mistura, la conférence de Bruxelles doit être l’occasion de déployer tous les efforts pour éviter « qu’Idlib ne devienne pas le nouvel Alep, la nouvelle Ghouta orientale ». Les fortes attentes d’une solution politique ne doivent pas mettre au second plan l’aide humanitaire qui est aujourd’hui sous-financée a prévenu le médiateur onusien.