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Libye : l’envoyé de l’ONU se félicite du véritable retour de l’Organisation dans le pays

Le Représentant spécial et Chef de la Mission d'appui des Nations Unies en Libye (MANUL), Ghassan Salamé, s'adressant au Conseil de sécurité par visioconférence fin août 2017. Photo ONU / Kim Haughton
Le Représentant spécial et Chef de la Mission d'appui des Nations Unies en Libye (MANUL), Ghassan Salamé, s'adressant au Conseil de sécurité par visioconférence fin août 2017. Photo ONU / Kim Haughton

Libye : l’envoyé de l’ONU se félicite du véritable retour de l’Organisation dans le pays

Paix et sécurité

Lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur la situation en Libye, le Représentant spécial du Secrétaire général pour ce pays, Ghassan Salamé, s’est félicité du « véritable retour » de l’Organisation dans le pays.

« Je vous présente mon exposé aujourd'hui de Tripoli, où je vis maintenant, comme le font un nombre croissant de mes collègues. Pour que les Nations Unies soutiennent au mieux la Libye, nous devons être en Libye. Je suis fier d'annoncer que nous sommes vraiment revenus dans ce pays », a dit M. Salamé, par vidéoconférence, devant les membres du Conseil de sécurité.

Le Représentant spécial a ajouté que l’ONU entend être présente partout dans le pays et rouvrir le bureau de Benghazi, ainsi que dans le Sud.

Rappelant sa visite à Benghazi début mars, ville dévastée par trois ans de conflit, il a dit sentir, derrière la rhétorique incendiaire, la volonté d’un nouveau départ et d’un certain optimisme. Il a pris l’exemple de la reconstruction de l’université de Benghazi pour illustrer cet espoir naissant.

Pays autrefois réputé pour son harmonie intercommunautaire, la Libye connaît aujourd’hui des clivages idéologiques et identitaires, conduisant à un ostracisme très répandu, a-t-il dit, en déplorant que les discours de haine aient remplacé les interactions pacifiques. Le pays compte plus de 300.000 personnes déplacées. Le Représentant spécial a exhorté les Libyens à se parler et à s’unir autour d’un récit national commun.

M. Salamé a insisté sur le souhait des Libyens d’une nouvelle ère de stabilité et de certitude, sur la base d’institutions responsables, démocratiques et unifiées. Il a souligné la nécessité que le peuple décide de son gouvernement. « Cela veut dire, des élections », a-t-il dit, ajoutant que la tenue des élections libres, crédibles et justes avant la fin de l’année est la priorité de l’Organisation.

Jugeant de telles élections cruciales, il a salué le bon avancement du processus d’enregistrement des électeurs qui s’est achevé le 12 mars, 2,5 millions de Libyens étant désormais en mesure de voter.

Insistant sur la nécessité, pour la bonne tenue des élections, d’une rédaction consensuelle des lois, M. Salamé a rappelé qu’un projet de constitution a été approuvé le 29 juillet 2017 par l’Assemblée constituante libyenne, la Cour suprême ayant reconnu, le 14 février 2018, la validité du vote de l’Assemblée constituante. Des obstacles demeurent pour la tenue d’un referendum constitutionnel, a-t-il dit, la question d’un tel referendum étant passionnément débattue. « Des factions ne sont par ailleurs pas du tout satisfaites par ce projet de constitution ». Cependant, ce processus politique doit continuer, le statu quo étant intenable, a-t-il poursuivi, en appelant le Conseil de sécurité à partager ce message auprès de tous les responsables libyens.

Le Représentant spécial a mentionné un contexte sécuritaire marqué par une poursuite de la violence et des conflits localisés persistants. Daech et Al-Qaïda sont toujours présents dans le pays et ont perpétré certaines attaques, a-t-il affirmé, tandis que les groupes armés, certains faisant partie des structures étatiques, continuent de faire fi de la loi.

Il a rappelé que la sécurité publique est une tâche qui incombe aux institutions nationales, non pas aux différents groupes armés. Se voulant réaliste, M. Salamé a déclaré que le désarmement prendra du temps dans un pays où un très grand nombre d’armes circulent. Malheureusement, les armes continuent d’être importées en Libye, a-t-il déploré, en exhortant le Conseil à y remédier.

Le Représentant spécial a déploré l’appauvrissement de la population libyenne, la précarité des finances publiques et la dégradation constante des services publics. Une crise budgétaire est en vue, a-t-il mis en garde, en déplorant le détournement des revenus du pétrole.