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Syrie : l'ONU réclame une reprise de toute urgence de l'aide transfrontalière

Un enfant porte des manuels distribués par des volontaires de l'UNICEF à la suite d'une séance d'information sur les engins non explosés à Alep, en Syrie. Photo UNICEF/Al-Issa
Un enfant porte des manuels distribués par des volontaires de l'UNICEF à la suite d'une séance d'information sur les engins non explosés à Alep, en Syrie. Photo UNICEF/Al-Issa

Syrie : l'ONU réclame une reprise de toute urgence de l'aide transfrontalière

Au cours du mois de janvier, ni les organismes humanitaires de l'ONU ni leurs partenaires n'ont été en mesure d'emprunter, depuis la Jordanie, l'Iraq et la Turquie, les postes-frontière agréés pour acheminer en Syrie l'aide à la population en détresse, a souligné mardi, devant le Conseil de sécurité, la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires, Ursula Mueller.

« Pas un seul convoi n'a été en mesure d'être déployé », a insisté Mme Mueller, qui est également Vice-Coordonnatrice des secours d'urgence de l'ONU. Pourtant, le 19 décembre dernier, le Conseil avait, par sa résolution 2393 (2017), autorisé « pour une nouvelle année » courant jusqu'au 10 janvier 2019, ces organismes à utiliser les points de passage en question, cinq au total, et prorogé le mécanisme de surveillance de l'acheminement de l'aide transfrontalière humanitaire en Syrie.

« Les discussions ont bloqué sur la demande de baisser le nombre des destinataires de l'aide, et de séparer les convois d'une façon qui ne nous permettrait pas de fournir des denrées alimentaires ou autres articles de première nécessité. Nos livraisons doivent continuer d'être basées sur les principes humanitaires et le droit humanitaire international, et en toute impartialité sur les besoins des civils syriens », a expliqué la haut-fonctionnaire.

Ils sont aujourd'hui 13,1 millions à nécessiter une protection et une assistance humanitaire, dont 6,1 millions de personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays, et environ 5,5 millions de personnes réfugiés dans des pays voisins, a précisé Mme Mueller.

Pour sortir de l'impasse actuelle, a-t-elle poursuivi, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Mark Lowcock, a identifié cinq domaines d'action prioritaires. Tout d'abord, il est indispensable de financer complètement le Plan de réponse humanitaire des Nations Unies pour 2018, dont le montant a été fixé à 3,5 milliards de dollars.

Ensuite, il faut parvenir à un accord sur les évacuations médicales pour des centaines de patients pris au piège dans des localités assiégées, en particulier la Ghouta orientale, où rien qu'au cours des 10 premiers jours de janvier, 81 civils sont morts, dont 25 femmes et 30 enfants, un sort dont se sont émus les États-Unis, le Royaume-Uni et la France.

Par ailleurs, l'accès humanitaire doit être amélioré, a souligné la Sous-Secrétaire générale, qui a annoncé que l'Organisation demande la circulation, « chaque semaine », de « trois à quatre » convois transfrontaliers interagences ONU-Croissant-Rouge arabe syrien.

Un autre accord est également nécessaire en ce qui concerne les convois d'aides humanitaires soutenus par l'ONU qui rallient Damas à Rukban, dans le sud-est de la Syrie.

Enfin, a conclu la Vice-Coordonnatrice, des arrangements plus efficaces doivent être trouvés pour permettre à l'ONU d'appuyer le travail d'organisations non-gouvernementales syriennes et aux organisations non gouvernementales internationales de jouer le rôle crucial qui est le leur.

Les pourparlers de Sotchi

Pendant ce temps, les discussions parrainées par la Russie sur une solution politique pour mettre fin au conflit syrien se sont achevées mardi à Sotchi.

L'Envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a déclaré à la presse à New York, par téléphone depuis Sotchi, que le principal résultat des pourparlers était la déclaration annonçant la création d'un comité chargé de rédiger une nouvelle constitution pour le pays dans le cadre du processus de Genève dirigé par les Nations Unies.

Le mandat de ce comité, ainsi que les termes de référence, les pouvoirs, les règles de procédure et les critères de sélection seront déterminés par les parties aux pourparlers de Genève sur la base des propositions faites par l'Envoyé spécial.

M. de Mistura a précisé que chacun des garants - la Russie, l'Iran et la Turquie - fournirait une cinquantaine de noms qui pourraient être considérés comme « candidats à ce comité », mais l'organe sera « très probablement » composé de 45 à 50 membres maximum.

« Je prévois de consulter largement, y compris ceux qui n'ont pas assisté à la conférence [à Sotchi] et conformément à la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité, je vais préparer une liste de 45-50 noms sur la base de critères qui seront bientôt annoncés par moi à Genève, sur la base de très larges consultations », a-t-il ajouté.

« Le diable est dans le détail [et] le travail à venir est compliqué - nous l'avons toujours su - mais nous pensons que nous pouvons nous en inspirer », a déclaré M. de Mistura.