Syrie : deux responsables de l'ONU dénoncent le niveau intolérable de souffrance et de violence infligées aux civils

Le Conseiller spécial des Nations Unies pour la prévention du génocide, Adama Dieng, et le Conseiller spécial des Nations Unies pour la responsabilité de protéger, Ivan Simonovic, se sont dit préoccupés par les conséquences dévastatrices de l'escalade des hostilités sur les civils dans la Ghouta orientale et Idlib, en Syrie.
« La Ghouta orientale et Idlib sont des zones de désescalade désignées dans le cadre du processus d'Astana et devraient donc être des endroits où les civils doivent s'attendre à un niveau de sécurité minimum », ont déclaré M.M. Dieng et Simonovic dans un communiqué conjoint publié jeudi soir.
« Cependant, depuis la mi-novembre 2017, les quelque 393.000 personnes (vivant) dans la Ghouta orientale ont fait l'objet de frappes aériennes, de bombardements et de tirs de mortier quasi quotidiens de la part des forces gouvernementales et de leurs alliés », ont déploré les deux Conseillers spéciaux de l'ONU. « Ces personnes vivent dans des conditions extrêmes à la suite d'un siège de la région par le gouvernement syrien, certaines faisant face à de graves pénuries alimentaires et à la malnutrition ».
Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) a confirmé au moins 85 morts civils dans la Ghouta orientale entre le 31 décembre 2017 et le 10 janvier 2018, dont au moins 30 enfants. Des roquettes tirées par des groupes d'opposition armés qui se trouvent dans la Ghouta orientale vers des quartiers résidentiels de Damas auraient encore aggravé la situation.
Dans le sud d'Idlib et dans la région rurale du nord de Hama, depuis décembre 2017, les combats se sont intensifiés entre les forces gouvernementales et leurs alliés, d'un côté, et l'alliance Hay'at Tahrir Al-Sham de groupes armés d'opposition qui contrôle la majorité du gouvernorat d'Idlib. Les combats ont entraîné la mort de nombreux civils et le déplacement de plus de 200.000 civils au cours des dernières semaines.
« Une escalade continue des hostilités aggravera la situation des civils », ont prévenu M.M. Dieng et Simonovic.
Selon les estimations, la moitié des deux millions de personnes qui se trouvent dans le gouvernorat d'Idlib s'y sont réfugiées après avoir fui ou été déplacées à la suite de violences dans d'autres régions du pays, ce qui les rend encore plus vulnérables.
Les deux hauts responsables onusiens ont souligné que les attaques sans discrimination ou visant directement des civils ou des biens civils constituent une violation des principes fondamentaux du droit international humanitaire.
« Tous les acteurs impliqués dans le conflit en Syrie ont l'obligation de veiller à ce que ces principes fondamentaux soient respectés. Le niveau de violence et de souffrance infligé au peuple syrien après près de sept années de conflit ne devrait pas être toléré », ont dit les deux Conseillers spéciaux.
Plus de six millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur de la Syrie en raison du conflit, beaucoup ont été déplacées plusieurs fois et plus de cinq millions de Syriens ont cherché refuge dans d'autres pays. On estime que plus de la moitié de l'infrastructure de base du pays est endommagée ou détruite et plus de 13 millions de personnes ont besoin d'une aide humanitaire.
« Nous ne pouvons pas rester silencieux face à la violence aveugle et aux violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme. Toutes les parties au conflit syrien, ainsi que la communauté internationale, ont la responsabilité de protéger les civils des crimes atroces », ont déclaré M.M. Dieng et Simonovic. « Nous exhortons toutes les parties prenantes, y compris le Conseil de sécurité, à condamner cette violence, et nous exhortons les parties au conflit à veiller à ce que les principes fondamentaux du droit humanitaire soient protégés, en particulier en ce qui concerne la proportionnalité et la distinction ».