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Cambodge : l'ONU préoccupée par la tenue des élections en 2018 après l'interdiction de l'opposition

Statues du temple d'Angkor Thom, à Siem Reap, au Cambodge.
UNESCO
Statues du temple d'Angkor Thom, à Siem Reap, au Cambodge.

Cambodge : l'ONU préoccupée par la tenue des élections en 2018 après l'interdiction de l'opposition

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a fait part vendredi de ses profondes préoccupations quant à la tenue d'élections crédibles, libres et équitables au Cambodge l'année prochaine suite à la décision de la Cour suprême du pays de dissoudre le principal parti d'opposition.

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a fait part vendredi de ses profondes préoccupations quant à la tenue d'élections crédibles, libres et équitables au Cambodge l'année prochaine suite à la décision de la Cour suprême du pays de dissoudre le principal parti d'opposition.

Une décision qui intervient dans un contexte de répression de la liberté de la presse et de la société civile à travers ce pays d'Asie du Sud-Est.

Jeudi, la Cour suprême a dissous le Parti du sauvetage national cambodgien (PSNC), le principal parti d'opposition, après que le Ministère de l'Intérieur se soit plaint que l'opposition préparait une soi-disant révolution de couleur contre le gouvernement. Au total, 118 membres du PSNC ont été interdits d'activité politique pendant cinq ans.

La dissolution du PSNC fait suite à l'arrestation, le 3 septembre, de son président du, Kem Sokha, pour « trahison » en rapport à des commentaires faits en 2013 sur sa stratégie politique de base visant à défier le gouvernement actuel.

« Une démocratie multipartite efficace nécessite une opposition qui puisse fonctionner librement sans intimidation et sans menaces - et il en va de même pour des élections crédibles, libres et équitables », a déclaré le Haut-Commissaire, Zeid Ra'ad Al Hussein.

« L'utilisation de la loi contre le PSNC et ses membres est un écran de fumée - c'est le règne par la loi, et non l'Etat de droit. Les accusations contre le PSNC et ses membres étaient vagues, de même que les dispositions légales soutenant la plainte pour le dissoudre », a dit M. Zeid, ajoutant que la dissolution du PSNC était basée sur de prétendus actes criminels de Kem Sokha qui n'avaient pas été prouvés par un tribunal.

Le Haut-Commissaire a déclaré que la dissolution du parti et l'interdiction de ses membres étaient d'autant plus inquiétantes étant donné les autres mesures prises par le Gouvernement royal du Cambodge. Au cours des derniers mois, le gouvernement a fermé et suspendu des groupes de la société civile ainsi que plusieurs sociétés de médias, et a ciblé des journalistes et des membres d'organisations non gouvernementales.

« Une composante essentielle de toutes les démocraties est une société civile dynamique, y compris des ONG et des organes de presse qui peuvent parfois critiquer le gouvernement », a déclaré M. Zeid. « Imposer des limites à la société civile et réduire leur espace ne fait que contrecarrer la créativité, l'innovation et l'ingéniosité nécessaires pour que le Cambodge continue de se développer et de maintenir la paix ».

« De même, une presse libre est essentielle pour s'assurer que le public est correctement informé des questions politiques et autres afin que les gens puissent être des acteurs responsables et engagés », a-t-il le chef des droits de l'homme de l'ONU.

« Les gens doivent être en mesure de débattre et de discuter librement des affaires politiques de leur pays, et la décision de dissoudre le PSNC a privé plus de trois millions d'électeurs de leur représentation », a souligné M. Zeid.