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L'ONU appelle à ne pas oublier la République centrafricaine

Des personnes déplacées dans le camp de l'aéroport de M'Poko à Bangui, République centrafricaine (archives). Photo OCHA/Phil Moore
Des personnes déplacées dans le camp de l'aéroport de M'Poko à Bangui, République centrafricaine (archives). Photo OCHA/Phil Moore

L'ONU appelle à ne pas oublier la République centrafricaine

Les récentes violences meurtrières qui ont touché la ville de Kembé, au sud-est de la République centrafricaine, ont « des implications sur le plan humanitaire », selon un rapport du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

C'est dans ce contexte que la Coordonnatrice de l'action humanitaire dans ce pays, Najat Rochdi, s'est rendue lundi à Berne, en Suisse, car l'ONU manque de moyens financiers pour répondre aux besoins humanitaires.

Lors de sa visite, elle a rencontré dans la capitale helvétique le délégué du Conseil fédéral à l'aide humanitaire Manuel Bessler et des représentants du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).

Aux autorités suisses et ensuite lors de sa rencontre avec la presse au Palais des Nations ce mardi à Genève, le message de la numéro trois de la Mission de stabilisation multidimensionnelle intégrée des Nations Unies en République centrafricaine (MINUSCA) est resté le même : « il ne faut pas oublier la Centrafrique ».

D'autant que la reprise des violences en Centrafrique a fait exploser à nouveau le nombre de déplacés et la malnutrition ces derniers mois. Le nombre de déplacés dépasse depuis juillet dépasse les 600.000 et a augmenté de près de 50% par rapport à janvier. Les réfugiés qui étaient rentrés dans l'ouest du pays sont repartis. Au total, plus de 500.000 Centrafricains se sont réfugiés dans les pays voisins, notamment au Cameroun, au Tchad et en République démocratique du Congo (RDC) où plus de 85.000 ont franchi la frontière congolo-centrafricaine entre la mi-mai et la fin août.

« A chaque fois qu'il y a des violences comme celles qui se sont passées à Kembé, ou avant comme à Gambo, à Zemio et à Bangassou, ce sont plus de déplacés internes qui viennent et beaucoup plus de problèmes humanitaires », a fait remarquer Najat Rochdi lors d'un entretien avec ONU Info.

Selon la Coordonnatrice de l'action humanitaire en RCA, la situation reste d'ailleurs plus préoccupante dans le sud-est. Une dizaine d'enfants seraient décédés récemment de malnutrition sévère aiguë dans des hôpitaux qui ont dû être abandonnés par le personnel menacé par les groupes armés. Une façon pour elle de rappeler les conditions dans lesquelles travaillent les humanitaires sur le terrain et dans certaines zones, « il n'était pas possible pour ces derniers de rester là ».

Dans ces conditions, les humanitaires onusiens se sont adaptés à cette nouvelle donne, contraints finalement de modifier leur mode opératoire. Désormais, des centres ont été renforcés là où la sécurité le permet et des missions spéciales d'équipes d'intervention rapide et d'urgence qui sont déployées dans les régions les plus difficiles. L'une d'entre elles sera d'ailleurs dépêchée cette semaine dans le sud-est du pays.

Car dans l'ensemble du pays, la malnutrition chronique dépasse parfois 40%. Or les coûts restent élevés avec parfois une aide acheminée par avion. Dans le même temps, seuls 30% de l'appel lancé ont été honorés par les donateurs, soit plus de 151 millions sur les 497 millions de dollars de l'Appel de fonds pour la RCA.

C'est la raison pour laquelle, « ce n'est pas le moment d'abandonner la RCA parce que le coût de ne rien faire serait de loin supérieur au coût de faire aujourd'hui ». « Donc le message aux donateurs, c'est rappeler que l'assistance humanitaire n'est pas la réponse, ce n'est pas la stabilité. Mais que sans l'assistance humanitaire et sans sortir la population de sa vulnérabilité, il n'y aura pas de réconciliation », a indiqué à ONU Info Najat Rochdi. « Il y a beaucoup trop de souffrances, beaucoup trop de désespoir. On ne construit pas la paix et la stabilité avec des gens désespérés et des gens vulnérables ».