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À Barbuda, le chef de l'ONU appelle la communauté internationale à aider les pays des Caraïbes ravagés par Irma

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, marche dans la ville de Codrington, sur l’île de Barbuda, pour constater les dévastations laissées par l'ouragan Irma.
ONU/Rick Bajornas
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, marche dans la ville de Codrington, sur l’île de Barbuda, pour constater les dévastations laissées par l'ouragan Irma.

À Barbuda, le chef de l'ONU appelle la communauté internationale à aider les pays des Caraïbes ravagés par Irma

En déplacement sur l'île de Barbuda, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a appelé la communauté internationale à aider les pays et les populations des Caraïbes durement frappés par le passage de l'ouragan Irma.

En déplacement sur l'île de Barbuda, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a appelé samedi la communauté internationale à faire preuve de solidarité avec les pays et les populations des Caraïbes durement frappés par le passage dévastateur de l'ouragan Irma.

Début septembre, l'ouragan Irma a complètement détruit Barbuda, l'île nord de l'Etat d'Antigua et Barbuda, laissant uniquement des débris après son passage et la rendant inhabitable.

Accompagné du Premier Ministre Gaston Browne, le chef de l'ONU a pu constaté l'étendue des destructions. « Je viens d'être témoin d'un niveau de dévastation que je n'avais jamais vu de ma vie », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse organisée en fin de journée à Barbuda.

Plus tôt, lors de son arrivée à l'aéroport de Barbuda, M. Guterres a rappelé aux journalistes que toute la population avait été contrainte de fuir. « Les biens de tant de familles sont totalement perdus », a-t-il dit.

S'il a réaffirmé « l'engagement total » de l'ONU à soutenir les gouvernements et les peuples d'Antigua et Barbuda, de la Dominique et les autres pays des Caraïbes victimes du passage d'Irma, le Secrétaire général a toutefois reconnu que les actions en cours ne sont pas à la hauteur des désastres dont il a été témoin.

« Nous devons avoir la mobilisation complète de la communauté internationale pour soutenir les populations de ces îles », a-t-il dit. Une mobilisation qui selon lui doit se traduire en une aide humanitaire immédiate, « elle arrive mais elle n'est pas suffisante », mais aussi en de nouveaux mécanismes qui doivent permettre une reconstruction efficace et le renforcement de la résilience aux tempêtes.

Des vents de 300 kilomètres/heure pendant 37 heures

A Barbuda, le Secrétaire général a de nouveau rappelé le lien « évident » entre le changement climatique et les ouragans qui frappent les Caraïbes et toute la planète.

« Même si nous avons toujours eu des ouragans et des tempêtes, nous avons maintenant des ouragans et des tempêtes à une fréquence plus importante et d'une plus grande intensité », a souligné M. Guterres. « Il y a un lien clair entre la quantité de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, la température de l'eau, l'intensité des tempêtes tropicales, et les différents ouragans dans cette région et dans d'autres parties du monde ».

VIDEO: Antigua et Barbuda : Le Secrétaire général de l’ONU appelle à la solidarité internationale

Dans un exercice pédagogique, le chef de l'ONU a rappelé que la hausse des températures dans l'eau, contribue à davantage d'évaporation dans l'atmosphère et créé des pluies plus lourdes, « ce qui veut dire que lorsqu'un ouragan traverse l'océan, au lieu de se dissiper, il est alimenté par les vapeurs présentes dans l'atmosphère, et souvent augmente son impact dramatique sur les zones affectées après avoir touché la terre ».

M. Guterres a souligné que l'ouragan Irma a apporté des vents de 300 kilomètres/heure pendant 37 heures - la période la plus longue jamais enregistrée. « Ces 30 dernières années, nous avons triplé le nombre de catastrophes naturelles et quintupler les pertes économiques dues à ces catastrophes naturelles », a-t-il précisé. « Le lien entre le changement climatique et le niveau de dévastation don’t nous sommes témoins est clair ».

Accord sur le climat : « les engagements pris à Paris ne sont pas suffisants »

Face aux conséquences destructrices du changement climatique, le Secrétaire général a appelé la communauté internationale à faire preuve de « responsabilité collective », en mettant un terme à ce qu'il a qualifié de « développement suicidaire ».

« Pour cela, il est important que l'Accord de Paris sur le changement climatique soit entièrement soutenu et respecté mais aussi de reconnaître que les engagements pris à Paris ne sont pas suffisants », a dit M. Guterres. « Nous avons besoin d'un engagement renforcé de la communauté internationale pour pouvoir maîtriser le changement climatique et éviter la multiplication dramatique des catastrophes qui nous voyons, même plus dramatiquement à l'avenir ».

Des mécanismes de financement innovant pour assurer la résilience

Le passage de l'ouragan Irma est également ressenti financièrement par les pays des Caraïbes. Le Premier Ministre Browne a ainsi indiqué qu'au moins 250 millions de dollars seront nécessaires rien que pour reconstruire l'île de Barbuda.

La plupart des pays touchés par Irma sont des économies à revenu intermédiaire. Par conséquent, ils sont privés de la forme d'aide ou de prêts à taux préférentiels auxquels les pays à faible revenu peuvent avoir accès.

« Même si ces pays ont atteint le statut d'économies à revenu intermédiaire, ils ont un certain nombre de vulnérabilités qui doivent être prises en compte si nous voulons qu'ils soient durables en tant que pays à revenu intermédiaire », a dit le Secrétaire général. « Et donc, lorsque ces pays sont confrontés à des chocs extérieurs de l'ampleur don’t nous sommes témoins, il est absolument essentiel qu'ils bénéficient de formes de financement novatrices, de l'aide, de prêts à taux préférentiels, de nouvelles obligations ».

Pour M. Guterres, un certain nombre d'instruments peuvent être mis en place, citant pour exemple l'idée de la Commission économique des Nations Unies pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL) de transformer le remboursement de la dette en des investissements réalisés par les pays concernés dans la résilience aux tempêtes.

Réfléchir à des mécanismes de financement innovant est une obligation de la communauté internationale envers les pays des Caraïbes, estime le chef de l'ONU, « car ils subissent les effets du changement climatique, mais ils n'y ont pas contribué ».

Le Secrétaire général poursuivra dimanche son déplacement dans les Caraïbes par une visite en Dominique également touchée par le passage des ouragans.