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Le maintien de la paix peut et doit être un outil essentiel de la pérennisation de la paix, selon l'ONU

La Vice-secrétaire générale de l'ONU, Amina Mohammed s'addressant au Conseil de sécurité lors d'une réunion consacrée à la paix et la sécurité en Afrique le 10 août 2015.
ONU/Manuel Elias
La Vice-secrétaire générale de l'ONU, Amina Mohammed s'addressant au Conseil de sécurité lors d'une réunion consacrée à la paix et la sécurité en Afrique le 10 août 2015.

Le maintien de la paix peut et doit être un outil essentiel de la pérennisation de la paix, selon l'ONU

La pérennisation de la paix requiert une stratégie inclusive soutenant toutes les activités des opérations de paix, a souligné mardi la numéro deux du Secrétariat des Nations Unies devant les membres du Conseil de sécurité.

Pour la Vice-Secrétaire générale de l'ONU, Amina J. Mohammed, cette pérennisation doit prendre en compte le « continuum » de la paix, de la prévention et de la résolution des conflits jusqu'au maintien et à la consolidation de la paix et au développement de long terme.

Elle a rappelé que les États membres avaient reconnu les liens étroits entre paix et sécurité, droits de l'homme et développement durable dans les deux résolutions jumelles votées en 2016 par l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité.

Devant les membres du Conseil, la Vice-Secrétaire générale a souligné la nécessité que les opérations de maintien de la paix disposent de mandats clairs, réalistes, actualisés, bien séquencés, flexibles et assortis de priorités correctement identifiées. « Le maintien de la paix doit être à la hauteur de son potentiel en tant qu'outil essentiel de la pérennisation de la paix », a-t-elle déclaré.

Prendre en compte la nature changeante des crises

Mme Mohammed a indiqué que la pérennisation de la paix était par nature un processus politique conjuguant activités de développement, mesures préventives, médiation, gestion et résolution des conflits. « La vision du Secrétaire général va au-delà de la prévention des crises et des conflits violents et prend en compte la nature changeante de ces crises », a-t-elle dit, ajoutant que cette vision demandait des synergies accrues au sein du système onusien.

La montée en puissance de la diplomatie au service de la paix, prônée par le Secrétaire général, s'inscrit dans cette vision, a-t-elle poursuivi. La Vice-Secrétaire générale a indiqué que les mesures de prévention devaient être le fait des autorités nationales reconnaissant les besoins de toutes les composantes de la société, y compris les femmes et les jeunes, véritables « agents du changement ».

Pour Mme Mohammed, la pérennisation de la paix passe également par un partenariat avec la société civile, les institutions financières et les partenaires régionaux et sous-régionaux, tels que l'Union africaine. « La Commission de consolidation de la paix a un rôle unique à jouer dans la mobilisation de tous ces partenaires et j'invite ce Conseil à engager ladite commission plus activement. »

Elle a également appelé le Conseil à doter les missions de paix d'un financement adéquat.

« Améliorer la manière dont l'ONU sert les personnes dans le besoin »

Soulignant la nécessité d'améliorer l'examen des opérations de maintien de la paix et de les réformer, Mme Mohammed a jugé qu'il était impératif d'un point de vue opérationnel de recruter davantage de femmes. L'implication des femmes accroît les chances de pérenniser la paix et réduit les risques d'abus sexuels, a-t-elle dit.

La Vice-Secrétaire générale a défendu au Conseil de sécurité une vision plus large de la prévention, laquelle doit devenir la priorité des Nations Unies. « À cette fin, nous avons pris des mesures importantes pour faire pièce à la fragmentation du système et améliorer la manière dont l'ONU sert les personnes dans le besoin », a-t-elle dit. « Il est crucial de reconnaître que le développement est une fin en soi et une composante centrale de notre travail. »

La réforme du système de l'ONU a été pensée pour renforcer les liens entre le Programme de développement durable à l'horizon 2030 et la pérennisation de la paix, a-t-elle poursuivi. Le Secrétaire général a également appelé au renforcement de l'autorité des coordonnateurs résidents afin d'assurer une meilleure reddition de comptes et efficacité, a-t-elle dit.

Accompagner les processus de paix locaux

Pour la Vice-Secrétaire générale, chaque mission de paix doit être considérée dans le contexte particulier dans lequel elle s'inscrivait. L'une des plus importantes contributions à la paix est la préparation d'un retrait de la mission et d'une transition sans heurt vers l'équipe de pays, a-t-elle dit, en citant les succès enregistrés à cet égard au Libéria et en Côte d'Ivoire.

« En Haïti et au Darfour, les programmes communautaires de réduction de la violence visent à prévenir le recrutement des jeunes par les groupes criminels, contribuant, ce faisant, à la stabilité », a-t-elle donné pour exemples.

Mme Mohammed a en outre souligné la nécessité de promouvoir l'égalité entre les genres, en particulier lorsque la composante civile des missions prend le relais de la composante militaire.

Enfin, la Vice-Secrétaire générale a déclaré que les opérations de maintien de la paix étaient des instruments politiques accompagnant « idéalement » les processus de paix locaux.

« Un engagement accru de tous les membres d'un Conseil uni et fort –tant individuellement que collectivement- est essentiel pour faire en sorte que les États membres, le système onusien et tous les partenaires se mobilisent en faveur d'une vision et d'un but communs intégrant véritablement tous les piliers et activités de l'ONU », a-t-elle conclu.