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La FAO s'inquiète du rôle du commerce maritime dans la propagation des organismes nuisibles et des maladies

Un bateau de transport chargé de conteneurs maritimes.
Banque mondiale/Dana Smillie
Un bateau de transport chargé de conteneurs maritimes.

La FAO s'inquiète du rôle du commerce maritime dans la propagation des organismes nuisibles et des maladies

L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) se dit inquiète de la menace que représentent les « déversements biologiques », c'est-à-dire les organismes nuisibles et les maladies qui se propagent à travers le monde, grâce notamment au commerce maritime.

Un champignon exotique est ainsi responsable de l'extermination de milliards de châtaigniers américains au début du 20ème siècle. Aujourd'hui, l'agrile du frêne menace de faire la même chose avec un arbre utilisé depuis longtemps par les hommes pour fabriquer des manches d'outils, des guitares et du mobilier de bureau, note la FAO dans un communiqué publié mercredi.

L'agence onusienne prend aussi l'exemple d'une espèce proche du crapaud géant très répandue en Australie, qui s'est récemment enfuie d'un conteneur transportant des marchandises vers Madagascar (haut-lieu de la biodiversité). « La capacité des femelles à pondre 40.000 œufs chaque année représente non seulement une menace pour les oiseaux et lémuriens locaux mais aussi pour l'habitat de nombreux animaux et végétaux », souligne-t-elle.

Les pays du monde entier se sont réunis il y a six ans pour établir la Convention internationale pour la protection des végétaux (CIPV) afin d'empêcher le commerce international de contribuer à la propagation de ravageurs et maladies des plantes et afin de protéger les agriculteurs, les exploitants forestiers, la biodiversité, l'environnement et les consommateurs.

« Les pertes de récolte et les frais de contrôle engendrés par les maladies exotiques pèsent énormément sur la production alimentaire, la production de fibre et la production fourragère, » indique Craig Fedchock, coordonnateur du secrétariat de la CIPV au sein de la FAO.

Les espèces envahissantes arrivent dans de nouveaux habitats par divers moyens mais le transport maritime est le principal d'entre eux.

Aujourd'hui, le transport maritime est synonyme de conteneurs maritimes : chaque année près de 527 millions de voyages sont réalisés à l'aide de conteneurs maritimes.

« Les rapports d'inspection en provenance des Etats-Unis, d'Australie, de Chine et de Nouvelle Zélande indiquent que des milliers d'organismes de grande diversité se déplacent sans le vouloir avec les conteneurs maritimes », souligne Eckehard Brockerhoff de l'Institut de recherche forestière de Nouvelle Zélande, qui s'exprimait lors d'une réunion de la Commission des mesures phytosanitaires (CPM) à la FAO, l'organe directeur de la CIPV.

Selon une étude, les invasions biologiques entraînent des dégâts estimés à près de 5% de l'activité économique mondiale annuelle.

Aujourd'hui, près de 90% du commerce mondial se fait par voie maritime, avec une large panoplie de différentes logistiques, et en se basant sur une méthode d'inspection plutôt vague.

La Nouvelle Zélande, qui dépend beaucoup des exportations agricoles, a appliqué un système associant des techniques de biosécurité de dernier cri à des mesures portant sur la propreté des conteneurs dans le but de repousser les espèces envahissantes. Le système dépend de la collaboration de l'industrie du transport maritime et des inspections réalisées dans plusieurs ports du Pacifique.

L'année dernière, la Commission des mesures phytosanitaires a adopté une recommandation encourageant les organisations nationales pour la protection des végétaux à reconnaître et à faire connaître les risques posés par les conteneurs maritimes mais aussi à soutenir la mise en place de certains points du Code des bonnes pratiques pour le chargement des cargaisons dans un conteneur maritime (CTU), un guide non réglementaire sur l'industrie.

Pour le moment, les principaux acteurs du secteur disposent d'un peu de temps pour mettre en place ces mesures non contraignantes et volontaires. En fonction du succès de ces efforts, la Commission examinera l'éventuel développement d'une norme internationale à l'avenir.