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Face à l'ampleur des souffrances causées par Boko Haram, l'ONU intensifie sa présence au nord-est du Nigeria

Des écoles brûlées par Boko Haram en 2013 à Maiduguri, capitale de l'État de Borno, au nord-est du Nigéria. (archive)
IRIN/Aminu Abubaka
Des écoles brûlées par Boko Haram en 2013 à Maiduguri, capitale de l'État de Borno, au nord-est du Nigéria. (archive)

Face à l'ampleur des souffrances causées par Boko Haram, l'ONU intensifie sa présence au nord-est du Nigeria

De retour du Nigeria, le Coordonnateur humanitaire régional de l'ONU pour le Sahel, Toby Lanzer, a déclaré que les agences onusiennes et organisations non-gouvernementales intensifient actuellement leur présence dans l'Etat de Borno, au nord-est du pays, afin de porter secours aux personnes affectées par les violences.

De retour d'une visite au Nigeria, le Coordonnateur humanitaire régional de l'ONU pour le Sahel, Toby Lanzer, a déclaré mardi que les agences onusiennes et organisations non-gouvernementales intensifient actuellement leur présence dans l'Etat de Borno, au nord-est du pays, afin de porter secours aux personnes affectées par les violences, en particulier dans les zones rurales.

« Les souffrances qu'ont endurées environ 30.000 personnes à Bama sont parmi les plus atroces qu'il m'a été donné d'observer », a déclaré M. Lanzer lors d'un point de presse au siège de l'ONU à New York, se remémorant sa visite dans cette ville de l'Etat de Borno, en grande partie détruite par les violences.

« L'ampleur du supplice infligé au peuple du bassin du lac Tchad demeure encore inconnue, mais tandis que les agences humanitaires pénètrent progressivement dans des villes telles que Bama, la destruction absolue laissée par Boko Haram dans son sillage est de plus en plus évidente », a ajouté le Coordonnateur humanitaire, insistant sur les forts besoins d'aide au développement dans la zone, en plus de l'urgence humanitaire actuelle.

M. Lanzer s'est également rendu dans la capitale de l'Etat de Borno, Maiduguri, une ville de 1 million d'habitants qui accueille actuellement un 1,6 million de personnes déplacées par Boko Haram.

« La gestion des déchets et les moyens de subsistance sont deux des besoins les plus criants à Maiduguri, malgré les efforts importants déployés par les autorités de l'Etat. À l'approche de la saison des pluies, une mauvaise gestion des déchets risquerait de se traduire par une crise de santé publique et d'exacerber la souffrance humaine », a-t-il mis en garde.

« Nous sommes confrontés à l'une des crises les plus importantes et les plus graves au monde », a déclaré M. Lanzer, appelant les donateurs à financer les 248 millions de dollars dont les agences humanitaires présentes sur le terrain ont besoin pour fournir une aide au nord-est du Nigéria en 2016, un plan actuellement financé à hauteur de 12% seulement.

Parallèlement à l'annonce du Coordonnateur humanitaire, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) a publié mardi un nouveau rapport indiquant que le nombre d'enfants impliqués dans des attentats-suicides au Nigéria, au Cameroun, au Tchad et au Niger a fortement augmenté l'an dernier, passant de quatre en 2014 à 44 en 2015.

« Soyons clairs : ces enfants sont bien des victimes, et non pas les auteurs [des attentats] », a déclaré le Directeur régional de l'UNICEF pour l'Afrique occidentale et centrale, Manuel Fontaine, dans un communiqué de presse annonçant la sortie du rapport, deux jours avant le deuxième anniversaire de l'enlèvement par Boko Haram de plus de 200 lycéennes dans leur école à Chibok, au nord-est du Nigéria.

Intitulé 'Au-delà de Chibok', ce rapport fait état d'un certain nombre de tendances alarmantes dans les quatre pays d'Afrique occidentale et centrale les plus touchés par le groupe terroriste.

Il révèle notamment qu'entre janvier 2014 et février 2016, le Cameroun a enregistré le plus grand nombre d'attentats-suicides impliquant des enfants (21), suivi par le Nigéria (17) et le Tchad (2).

Plus de 75% des enfants impliqués dans ces attaques étaient des filles, précise le rapport, ajoutant qu'au cours des deux dernières années, près d'un kamikaze sur cinq dans la région était un enfant.

En outre, le rapport montre qu'en 2015, pour la première fois, les attentats-suicides à la bombe se sont propagés au-delà des frontières du Nigéria, passant de 32 en 2014 à 151 l'an dernier, dont 89 au Nigéria, 39 au Cameroun, 16 au Tchad et 7 au Niger.

« Dans la mesure où les attentats-suicides impliquant des enfants deviennent monnaie courante, certaines communautés commencent à voir les enfants comme des menaces pour leur sécurité », a rapporté M. Fontaine, ajoutant que les enfants nés à la suite de violences sexuelles se heurtent également à la stigmatisation et la discrimination dans leurs villages et communautés d'accueil, mais aussi dans les camps pour personnes déplacées.

« Cette méfiance à l'égard des enfants peut avoir des conséquences dévastatrices : comment une communauté peut-elle se reconstruire quand elle rejette ses propres sœurs, filles et mères? », s'est inquiété le Directeur régional de l'UNICEF, rappelant que près de 1,3 million d'enfants ont été déplacés dans les quatre pays affectés par Boko Haram.

La réponse de l'UNICEF à cette crise reste gravement sous-financée, a-t-il ajouté, indiquant que cette année, seul 11% des 97 millions de dollars demandés par l'agence pour la région ont été perçus.

« L'UNICEF appelle à un engagement accru des bailleurs de fonds pour soutenir les enfants et les femmes touchés par le conflit au Nigeria, au Niger, au Cameroun et au Tchad », a appelé le Directeur régional de l'UNICEF.