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Ban Ki-moon détaille son plan de prévention des abus sexuels par des Casques bleus

Le Secrétaire général Ban Ki-moon devant le Conseil de sécurité. Photo ONU/Mark Garten
Le Secrétaire général Ban Ki-moon devant le Conseil de sécurité. Photo ONU/Mark Garten

Ban Ki-moon détaille son plan de prévention des abus sexuels par des Casques bleus

Le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a insisté jeudi sur les efforts importants mis en place par l'ONU pour lutter contre les abus sexuels commis par le personnel de l'Organisation, y compris la mise en œuvre de mesures pour mettre fin à l'impunité, soutenir davantage les victimes et renforcer la responsabilité, notamment celle des Etats membres.

« Lorsque des individus [pris au piège par la pauvreté et les conflits] sont victimes d'exploitation et d'abus sexuels perpétrés par le personnel des Nations Unies censé les protéger, elles deviennent doublement persécutées et violées, sans parler des dommages indicibles que cela inflige aux communautés déjà fragiles », a déploré M. Ban lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur les cas d'abus sexuels commis par le personnel de l'Organisation.

En outre, a-t-il ajouté, de tels agissements compromettent les efforts de dizaines de milliers de soldats de la paix et de personnels civils, qui travaillent sans relâche pour sauver des vies et protéger les populations du monde entier, dans des conditions difficiles et souvent dangereuses.

« En juin 2015, j'ai été, tout comme vous, profondément choqué par les allégations d'exploitation et d'abus sexuels d'enfants par des forces militaires étrangères en République centrafricaine, et par la réponse à ces allégations apportée par les Nations Unies », a rappelé le chef de l'ONU.

Pour faire face avec la plus grande fermeté à ce phénomène, l'ONU a mis en œuvre un certain nombre de mesures, listées dans le Rapport annuel du Secrétaire général sur les dispositions spéciales visant à prévenir l'exploitation et les abus sexuels, rendu public le 4 mars derniers.

Ces mesures, a précisé M. Ban, ont trait à trois domaines spécifiques, que sont la fin de l'impunité, le soutien aux victimes et le renforcement de la responsabilité.

Concernant la fin de l'impunité, a indiqué le Secrétaire général, l'ONU a introduit une innovation qui consiste à mentionner publiquement les Etats dont sont issus les membres du personnel de l'ONU visés par des allégations d'abus sexuels, dans un souci de transparence.

Afin de faire en sorte que les responsables rendent des comptes, le Secrétaire général a annoncé son intention de rendre public également le statut des procédures juridiques en cours dans ces différents cas.

M. Ban a également indiqué que l'ONU s'est attachée à renforcer son assistance aux victimes. A cette fin, le Secrétariat général a déclaré être sur le point de finaliser la mise en place d'un fonds d'affectation spéciale pour soutenir la prestation de services médicaux, psychologiques et juridiques aux victimes.

Le chef de l'ONU a invité les États membres à approuver le transfert vers le fonds d'affectation spéciale des paiements de personnel retenus dans les cas justifiés d'exploitation et d'abus sexuels. Il a également encouragé les États membres à contribuer au fonds d'affectation spéciale sur une base volontaire.

Le Secrétaire général a par ailleurs déclaré avoir demandé à tous les pays fournisseurs de contingents de désigner des centres de liaison pour traiter les allégations ayant trait à la paternité des Casques bleus et les demandes de pension alimentaire pour enfants.

Concernant le renforcement de la responsabilité, M. Ban a appelé les entités des Nations Unies à conduire des enquêtes solides capables de résister à un examen judiciaire dans la conduite des procédures disciplinaires et pénales.

Cela suppose, a-t-il dit, la mise en place d'équipes d'intervention immédiate au sein de toutes les opérations de maintien de la paix, afin de recueillir et conserver les preuves, suite à des allégations d'exploitation et d'abus sexuels.

Les enquêtes doivent rendre leurs conclusions dans les six mois, voire dans les trois mois pour les cas les plus urgents, a exhorté le chef de l'ONU.

Le Secrétaire général a également appelé les Etats membres à se mettre au diapason de ces standards élevés, notamment en coopérant le mieux possible avec le Bureau des services de contrôle interne de l'ONU en charge des enquêtes, mais aussi en créant des cours martiales in situ pour juger les coupables et en prélevant systématiquement les empreintes génétiques des Casques bleus concernés.

Au niveau des sanctions onusiennes, le Secrétaire général a insisté sur la retenue des paiements de personnel à la source, mais aussi sur le rapatriement immédiat des commandants ou des contingents entiers, si nécessaire.

« Je vais aussi envisager de mettre fin au déploiement du personnel en uniforme d'États membres spécifiques, s'il existe des preuves de prime abord concernant une exploitation et des abus généralisés ou systémiques », a-t-il ajouté.

« Ces efforts constituent un pas important vers la fin de ces crimes et des terribles souffrances qu'ils infligent aux victimes. Nous ne pouvons assurer l'application du principe de responsabilité, notamment de responsabilité pénale, que si les pays qui fournissent des contingents et du personnel de police enquêtent rapidement et minutieusement sur de telles allégations et si les auteurs sont dûment punis », a dit le Secrétaire général.