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Le chef des droits de l'homme de l'ONU appelle le Sri Lanka à vaincre les démons du passé

Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, s'adresse à la presse à Colombo, au Sri Lanka.
© ONU Sri Lanka/Muradh Mohideen
Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, s'adresse à la presse à Colombo, au Sri Lanka.

Le chef des droits de l'homme de l'ONU appelle le Sri Lanka à vaincre les démons du passé

A l'issue d'une visite de quatre jours au Sri Lanka, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a appelé mardi ce pays à vaincre les démons du passé et à créer des institutions qui fonctionnent, sept ans après la victoire des forces gouvernementales contre la rébellion des Tigres tamouls qui a mis fin à 26 ans de guerre civile.

« Le Sri Lanka a parcouru un long chemin au cours de l'année passée », a dit M. Zeid lors d'une conférence de presse à Colombo, la capitale sri-lankaise, en référence à l'élection en janvier 2015 de Maithripala Sirisena comme nouveau Président face à Mahinda Rajapaksa qui dirigeait le pays depuis 2005.

« L'élément de peur a considérablement diminué, tout du moins à Colombo et au sud. Au nord et dans l'est, cela a changé mais, malheureusement, la peur existe toujours », a ajouté le Haut-Commissaire.

Lors de sa visite, M. Zeid a rencontré le Président Maithripala Sirisena et d'autres membres du gouvernement, le chef de l'opposition et des représentants de la société civile. Il s'est rendu dimanche dans les provinces du nord et de l'est du pays, où est concentrée la minorité tamoule.

« Pratiquement tout le monde est d'accord pour dire qu'il y a eu des progrès, même si les avis divergent nettement sur l'ampleur de ces progrès », a souligné le Haut-Commissaire. Il a pris pour exemple des mesures symboliques, telle que la décision de chanter l'hymne nationale en sinhala et en tamoul le jour de l'indépendance.

« Une des plus importantes réalisations de longue durée au cours de l'année passée a été la restauration de la légitimité et de l'indépendance de la Commission des droits de l'homme du Sri Lanka », a-t-il ajouté.

M. Zeid a toutefois estimé que malgré ces progrès, « le Sri Lanka n'en est encore qu'aux étapes préliminaires du renouveau ». « Réparer les dégâts causés par un conflit prolongé est une tâche d'une complexité énorme et les premières années sont cruciales », a-t-il ajouté.

Selon lui, le pays a besoin d'un système judiciaire fort, impartial et solide. « Le Sri Lanka a de nombreux juges, avocats et responsables des forces de l'ordre excellents. Mais par le passé, le système dont ils dépendaient, et qui dépend d'eux, est devenu très politisé, déséquilibré et pas fiable », a-t-il dit.

Selon le Haut-Commissaire, le Sri Lanka a besoin d'une « discussion franche et honnête sur les conclusions détaillées du rapport de l'ONU de septembre 2015, car il est important que tous les Sri Lankais soutiennent le processus et comprennent mieux le point de vue de toutes les victimes de tous les côtés ».

« Le gouvernement a montré sa volonté de procéder à de grands changements. Mais, de la part de victimes au nord et à l'est, et aussi de la part d'experts avisés ici à Colombo, j'ai entendu des craintes que le gouvernement soit indécis sur ses engagements en matière de droits de l'homme », a-t-il ajouté, se disant toutefois rassuré à ce sujet après ses rencontres avec le Président et le Premier ministre.

« Le Sri Lanka doit affronter et vaincre les démons du passé. Il doit créer des institutions qui fonctionnent et garantir la lutte contre l'impunité », a-t-il conclu.