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RDC : l'ONU accuse le groupe rebelle ADF de graves violations du droit humanitaire

Un Casque bleu dans un véhicule blindé dans la ville de Beni, en République démocratique du Congo. Photo : MONUSCO/Abel Kavanagh
Un Casque bleu dans un véhicule blindé dans la ville de Beni, en République démocratique du Congo. Photo : MONUSCO/Abel Kavanagh

RDC : l'ONU accuse le groupe rebelle ADF de graves violations du droit humanitaire

Un rapport des Nations Unies publié mercredi révèle que de graves violations du droit international humanitaire ont été commises par des combattants des Forces alliées démocratiques (ADF), un groupe rebelle d'origine ougandaise, dans le territoire de Beni, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), au cours d'une période de trois mois fin 2014.

Selon le rapport qui s'appuie sur des enquêtes approfondies menées par le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l'homme en RDC (BCNUDH), ces violations, à la fois systématiques et extrêmement brutales, pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité.

Entre le 1er octobre et le 31 décembre 2014, au moins 237 civils, dont 65 femmes et 35 enfants, ont été tués par des combattants des ADF dans le territoire de Beni, dans la province du Nord-Kivu. Quarante-sept civils ont été blessés, 20 ont été enlevés et deux ont été victimes de violences sexuelles. Au total, 35 villages ont été attaqués par des combattants des ADF. Les assaillants ont utilisé des machettes, des marteaux et des couteaux parmi d'autres armes, pour blesser ou exécuter des civils. Certains ont été égorgés, ont essuyé des tirs alors qu'ils tentaient de fuir ou ont été brûlés vifs dans leur maison. Plusieurs cas de pillage et de destruction de propriété ont aussi été documentés.

Les officiers des droits de l'homme sur le terrain ont rassemblé plus de 180 témoignages de sources diverses, dont des victimes et des témoins.

Selon le rapport, le nombre total de victimes pourrait être beaucoup plus élevé, dans la mesure où les enquêteurs du BCNUDH ont fait face à diverses difficultés dans la conduite de leurs enquêtes et n'ont pas pu accéder à certaines zones pour des raisons sécuritaires.

Le rapport documente également les violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme commises, dans le territoire de Beni durant la même période, par des militaires des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) déployés dans le cadre de l'opération Sukola I contre les ADF.

Au moins 300 personnes, dont au moins 33 militaires des FARDC, ont été arrêtées dans le cadre des enquêtes menées par les autorités congolaises sur les massacres de Beni. En novembre 2014, deux officiers des FARDC et quatre leaders des ADF ont été condamnés par les autorités judiciaires militaires congolaises pour l'assassinat du général des FARDC Mamadou Ndala et pour participation à un mouvement insurrectionnel.

« Je tiens à saluer ces premiers pas vers la justice, mais j'exhorte les autorités à redoubler d'efforts afin que toutes les personnes impliquées dans la série de crimes vraiment horribles qui ont ravagé la zone de Beni l'année dernière rendent des comptes », a déclaré le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein.

Selon le rapport, les populations civiles de Beni demeurent extrêmement vulnérables aux attaques. La menace s'est maintenant étendue au territoire d'Irumu, également dans l'est de la RDC, où des violations commises par des combattants des ADF ont été signalées depuis le début de 2015.

« Face à l'ampleur et à la persistance des attaques menées par des combattants de l'ADF, j'appelle les autorités congolaises à prendre au plus vite toutes les mesures nécessaires pour mettre fin aux massacres de civils », a déclaré le Représentant spécial du Secrétaire général en RDC, Martin Kobler.