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Sri Lanka : l'ONU reporte de six mois un rapport attendu sur les droits de l'homme

Des personnes montrent les photos de leurs proches disparus lors de la guerre civile du Sri Lanka qui a duré 26 ans lors d'une réunion dans la capitale Colombo.
IRIN / Amantha Perera
Des personnes montrent les photos de leurs proches disparus lors de la guerre civile du Sri Lanka qui a duré 26 ans lors d'une réunion dans la capitale Colombo.

Sri Lanka : l'ONU reporte de six mois un rapport attendu sur les droits de l'homme

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a obtenu cette semaine, à titre exceptionnel, le report de six mois de l'examen d'un rapport très attendu portant sur des allégations de violations des droits de l'homme durant le conflit au Sri Lanka.

Le Haut-Commissaire a indiqué au Conseil des droits de l'homme de l'Organisation, chargé de l'examen de l'enquête, que ce report était de nature exceptionnelle et s'est engagé à rendre public le rapport en septembre 2015. Suite à la demande formulée par M. Zeid, le Conseil a décidé, le lundi 16 septembre dans l'après-midi, d'accepter le report.

« Cette décision n'a pas été facile à prendre », a déclaré le Haut-Commissaire, ajoutant que l'évolution du contexte actuel au Sri Lanka et la possibilité que de nouvelles informations importantes puissent faire surface dans les prochains mois étaient à l'origine de sa demande de report.

Cette annonce intervient en effet alors que le peuple sri-lankais vient tout juste d'élire un nouveau Président, suite à un processus électoral que le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, avait salué pour son bon déroulement.

Le scrutin, qui a eu lieu le 8 janvier 2015, opposait le Président sortant en poste depuis 2005 et candidat à un troisième mandat, Mahinda Rajapaksa, au candidat victorieux de la coalition de l'opposition, Maithripala Sirisena.

« J'ai reçu des engagements clairs de la part du nouveau gouvernement du Sri Lanka indiquant qu'il était prêt à coopérer avec mon Bureau sur toute une gamme de questions importantes concernant les droits de l'homme – ce que le gouvernement précédent avait absolument refusé de faire – et j'ai besoin d'entamer un dialogue suivi avec eux pour m'assurer que ces engagements se traduisent par des mesures concrètes », a souligné M. Zeid.

C'est sur cette base, et fort du soutien des experts chargés de la rédaction du rapport, que le Haut-Commissaire a pris sa décision.

« Je suis parfaitement conscient que de nombreuses victimes de violations des droits de l'homme au Sri Lanka, y compris celles qui se sont courageusement portées volontaires pour fournir des informations à l'équipe en charge de l'enquête, pourraient interpréter cette décision comme la première étape du classement sans suite ou de la dilution d'un rapport dont ils ont longtemps cru qu'il ne verrait jamais le jour », a déclaré le Haut-Commissaire, ajoutant qu'il comprenait parfaitement leurs craintes et leurs angoisses, compte tenu des défaillances ou obstructions qui ont marqué les enquêtes nationales sur la question des droits humains au Sri Lanka.

« Qu'il n'y ait pas de malentendu », a affirmé M. Zeid. « Je m'engage personnellement, de manière absolue et inébranlable, à ce que le rapport soit publié en septembre. […] Je veux que ce rapport puisse avoir le maximum d'impact possible pour garantir un processus authentique et crédible de responsabilité et de réconciliation au sein duquel les droits des victimes à la vérité, à la justice et à des réparations puissent être enfin respectés ».