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Libye : l'ONU s'inquiète des violations des droits de l'homme alors que les combats s'intensifient

Une maison détruite 0 Ahy Badr dans la ville de Mizdahm dans les montagnes de Nafusa en Libye après le conflit tribal de mars 2013. Photo : IRIN/Jorge Rubio Vitoria
Une maison détruite 0 Ahy Badr dans la ville de Mizdahm dans les montagnes de Nafusa en Libye après le conflit tribal de mars 2013. Photo : IRIN/Jorge Rubio Vitoria

Libye : l'ONU s'inquiète des violations des droits de l'homme alors que les combats s'intensifient

Les civils libyens sont les victimes d'assassinats ciblés, de déplacements forcés et vivent dans des conditions humanitaires graves alors même que les combats s'intensifient, indique un nouveau rapport des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme dans le pays, rendu public mardi.

Selon cette étude, publiée conjointement par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme et par la Mission d'appui des Nations Unies en Libye (MANUL), les civils pris dans les combats ont été soumis à des bombardements aveugles et à des enlèvements, torturés et leurs biens ont été détruits délibérément au cours des affrontements entre différentes factions à travers le pays.

Le rapport ajoute que dans la région de Warshafana, à l'ouest de la Libye, les combats entre groupes armés rivaux ont causé la mort d'une centaine de personnes et plus de 500 blessés ont été recensés durant les hostilités qui ont duré de la fin août à début octobre.

Toujours selon le rapport, les combats dans la région des montagnes de Nafusa ont causé la mort de 170 personnes. En plus de ces victimes, les affrontements ont également provoqué une crise humanitaire : au moins 120.000 personnes ont été contraintes de fuir la région, entraînant des pénuries importantes de nourriture et de matériel médical.

A Benghazi, une recrudescence des combats a causé la mort de 450 personnes depuis octobre et les résidents continuent à faire face à une pénurie de soins médicaux, indique également le rapport de l'ONU. En outre, plus de 15.000 familles, soit environ 90.000 personnes, ont été contraintes au déplacement, selon les informations reçues par la MANUL.

« Des dizaines de civils ont été enlevés par les différents belligérants, et ce uniquement à cause de leur appartenance tribale avérée ou supposée, de leurs liens familiaux ou à cause de leurs convictions religieuses, souvent comme otages afin de les échanger contre d'autres prisonniers détenus par la partie adverse », poursuit le rapport.

Dans un communiqué de presse accompagnant la publication de l'étude, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a mis en garde toutes les parties impliquées dans le conflit qu'elles seront tenues pour responsable de toute violation des droits de l'homme commise pendant les combats.

« En tant que commandant d'un groupe armé, vous êtes pénalement responsable en vertu du droit international si vous commettez ou ordonnez de commettre des violations graves des droits de l'homme ou si vous manquez de prendre les mesures raisonnables et nécessaires pour les empêcher et pour punir leur auteur », a-t-il expliqué. « J'exhorte tous ceux qui sont en position d'autorité en Libye à déclarer publiquement que les actes assimilables à des violations et abus des droits de l'homme ne seront pas tolérés ».

« Tous ceux qui souffrent actuellement de cette violence ont le droit de vivre en sécurité avec leurs biens pleinement protégés », a ajouté le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Libye et chef de la MANUL, Bernardino Léon, dans le communiqué de presse. « J'en appelle à tous les dirigeants politiques et militaires libyens à s'engager de toute urgence, dans un véritable dialogue politique visant à faire sortir la Libye de la crise actuelle ».

Alors que la situation dans le pays se détériore rapidement avec les déplacements multiples de populations dans la banlieue ouest de Tripoli, à Benghazi et dans la région d'Oubari, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a également averti que les civils libyens sont confrontés à un « approfondissement » de la crise humanitaire.

Les biens requis pour passer l'hiver sont de plus en plus nécessaires, a indiqué mardi l'agence dans un communiqué de presse, alors que les familles déplacées continuent de vivre dans les établissements publics tels que les écoles, les parcs et des bâtiments abandonnés. Malgré les combats, le HCR s'est employé à fournir 2.000 sacs de couchage, 1.460 matelas, 1.590 bâches en plastique, 1.485 ustensiles de cuisine, 1.620 sacs d'école et 1.810 jerrycans à plus de 1.000 familles en détresse.

« Bien que la situation sécuritaire en Libye continue d'être volatile, le HCR a réussi à reprendre la distribution de l'aide d'urgence dans le pays », a annoncé Chef de la mission du HCR en Libye, Saado Quol. « Nous savons que l'aide est également nécessaire dans l'est et dans le sud, où l'accès est sévèrement restreint. Nous étudions la faisabilité de distribuer une aide humanitaire supplémentaire dans les villes de l'Est », a-t-il ajouté.