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Afghanistan: un expert de l'ONU déplore la résurgence du trafic de stupéfiants

Le Directeur exécutif de l'Office des Nations Unies pour la drogue et le crime (ONUDC), Yury Fedotov (gauche), s'adresse au Conseil de sécurité sur la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales. Photo : ONU/Am
Le Directeur exécutif de l'Office des Nations Unies pour la drogue et le crime (ONUDC), Yury Fedotov (gauche), s'adresse au Conseil de sécurité sur la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales. Photo : ONU/Amanda Voisard/Mark Garten

Afghanistan: un expert de l'ONU déplore la résurgence du trafic de stupéfiants

La période de transition que traverse actuellement l'Afghanistan a des conséquences négatives très nettes sur les efforts déployés par les nouveaux dirigeants du pays et la communauté internationale pour juguler le trafic illicite de stupéfiants, a déploré jeudi le Directeur exécutif de l'Office des Nations Unies pour la drogue et le crime (ONUDC), Yury Fedotov.

S'adressant aux membres du Conseil de sécurité de l'ONU à l'occasion d'une réunion sur la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan, M. Fedotov a précisé que le rapport 2014 de l'ONUDC sur la culture de pavot à opium dans le pays confirme une tendance à la hausse. Selon cette étude, la culture de pavot a augmenté de 7% durant l'année écoulée, passant de 209,000 hectares en 2013 à 224,000 hectares en 2014. Le rapport indique également que les campagnes d'éradication des cultures de pavot menées à travers le pays ont diminué de 63% sur la période. Par conséquent, la production d'opium pourrait augmenter de 17%, a fait remarquer le haut fonctionnaire.

« D'une manière générale, l'économie illégale issue de la production d'opium et les activités criminelles qui lui sont liées, comme le blanchiment d'argent et la corruption, continuent de menacer la sécurité, le développement, la bonne gouvernance et la santé publique non seulement en Afghanistan, mais aussi dans la région et au-delà », a expliqué le Directeur exécutif.

Afin de renverser cette tendance, M. Fedotov a estimé nécessaire d'intégrer la lutte contre le trafic de stupéfiants aux stratégies de développement et de sécurité. Le Directeur exécutif a ainsi proposé d'inscrire le « développement alternatif » dans le cadre d'un effort plus large pour moderniser et diversifier le secteur agricole en introduisant des cultures de substitution. Une telle entreprise suppose également un accès à l'irrigation et aux marchés locaux, ainsi qu'à l'éducation et aux services de santé, afin de réduire la vulnérabilité des exploitants et leur permettre de mettre en place des moyens de subsistance viables sur le long terme.

Il convient également « d'améliorer les services de prévention et de désintoxication, ainsi que les traitements et les soins de santé », a déclaré M. Fedotov.

Si « l'Afghanistan assure 80% de la production mondiale d'opium », a rappelé le Directeur exécutif, le pays n'est pas seulement le plus important producteur et exportateur d'opium du monde, mais compte également un nombre élevé de toxicomanes.

Tout en renouvelant le soutien de l'ONUDC au gouvernement de l'Afghanistan pour lutter contre le trafic de stupéfiants, M. Fedotov a insisté sur la nécessité de renforcer la coopération régionale et inter-régionale afin de s'attaquer à la criminalité organisée.

S'exprimant également devant le Conseil de sécurité au sujet de la situation dans le pays, le Représentant spécial du Secrétaire général pour l'Afghanistan, Nicholas Haysom, a par ailleurs indiqué qu'au 30 novembre, l'UNAMA avait enregistré le nombre le plus élevé de morts et de blessés parmi la population civile depuis 2008.

L'utilisation par les parties au conflit d'explosifs improvisés et la conduite d'attaques suicide et d'opérations militaires sont la cause de ces importantes pertes en vies humaines, a-t-il précisé, tout en saluant le rôle joué par les Forces afghanes de sécurité dans la protection des civils.

Sur le volet sécuritaire, les forces internationales demeurent néanmoins indispensables pour seconder les efforts des Forces afghanes dans leur lutte contre la violence armée au sein de la population, a estimé M. Haysom.

Par ailleurs, le Représentant spécial a attiré l'attention des quinze membres sur la crise budgétaire dans laquelle se trouve le gouvernement du pays. En raison d'une baisse de ses revenus, la situation fiscale de l'Afghanistan est préoccupante, a-t-il fait remarquer.