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Un an après le typhon Haiyan, les agriculteurs philippins rebondissent, selon la FAO

En avril 2014, des Philippins affectés par le typhon Haiyan reçoivent des sacs de riz avant la saison des semis.Photo FAO
En avril 2014, des Philippins affectés par le typhon Haiyan reçoivent des sacs de riz avant la saison des semis.Photo FAO

Un an après le typhon Haiyan, les agriculteurs philippins rebondissent, selon la FAO

Un an après les dévastations provoquées par le typhon Haiyan dans les zones côtières et les terres agricoles du centre des Philippines, les agriculteurs et les pêcheurs se sont bien engagés sur la voie du redressement et mettent en place des moyens d'existence plus résilients, selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

La FAO, en étroite collaboration avec le gouvernement des Philippines, apporte son aide aux communautés rurales dans les zones gravement touchées. Elle a lancé à cet effet quelque 22 projets dans le MIMAROPA, les régions occidentale et centrale ainsi que les Visayas orientales (région de l'est des Philippines). Le MIMAROPA est l'acronyme formé des deux premières lettres des provinces de Mindoro, Marinduque, Romblon et Palawan.

« Les agriculteurs sont à la fois l'épine dorsale de cette reprise et la clé pour accroître la résilience des communautés contre de futures catastrophes », a déclaré le Directeur général de la FAO, José Graziano da Silva. « Leur travail permettra de minimiser l'impact du prochain typhon et ils seront capables de récupérer plus vite. »

La force incroyable du typhon avait dévasté les champs cultivés, les vergers, les navires et engins de pêche ainsi que tous les biens productifs desquels les familles rurales et côtières tirent leurs moyens d'existence. Haiyan avait causé des pertes énormes à l'agriculture dans les neuf régions touchées, mettant ainsi en péril la sécurité alimentaire nationale.

Dans les heures qui suivirent l'impact du typhon, environ 1,1 million de tonnes de cultures et 44 millions de cocotiers subirent des dégâts considérables, de même que les communautés de pêcheurs le long de certaines des plus productives côtes du pays.

« Quand on sait qu'un tiers du pays compte sur le secteur agricole pour assurer sa subsistance, on imagine à quel point il est essentiel de remettre les gens sur leurs pieds aussi rapidement que possible et les aider à reconstruire leur vie », a déclaré, de son côté, le Représentant de la FAO aux Philippines, José Luis Fernandez.

Ayant bénéficié d'une aide de la communauté internationale de près de 40 millions de dollars, la FAO et les autorités locales ont fourni une assistance à 150.000 familles d'agriculteurs et de pêcheurs (environ 750.000 personnes) dans quatre domaines essentiels d'intervention : culture du riz et du maïs, pêche et communautés côtières, systèmes agricoles axés sur le cocotier et réhabilitation des forêts côtières et des mangroves.

Suite à une demande formulée par le gouvernement des Philippines, la FAO, dans les semaines qui suivirent la catastrophe, a distribué des paquets de production de riz en prévision de la saison de plantation de décembre/janvier. Cela devait permettre aux riziculteurs de rentrer leur première récolte sans perdre une saison. Puis, ils ont pu semer les rizières à deux reprises avec les semences certifiées de la FAO et ont obtenu deux récoltes après le passage du typhon.

« Les agriculteurs ont été les principaux intervenants dans cette situation d'urgence », a souligné M. Fernandez. « Nous les avons aidés à s'approvisionner en semences pour planter à temps. Ils ont alors inondé les marchés locaux de riz quatre mois plus tard. Sans leur ténacité, l'aide alimentaire et d'autres formes d'assistance humanitaire auraient été nécessaires bien plus longtemps et pour beaucoup plus de gens. »

Depuis décembre, la FAO a fourni à quelque 100.000 familles d'agriculteurs (soit 500.000 personnes) des semences certifiées de riz et de maïs, des engrais et des outils agricoles. Et pour renforcer la résilience des agriculteurs et leur faciliter l'accès aux marchés, la FAO les dote de conteneurs de stockage hermétiques qui protègent les semences contre l'eau et les nuisibles. Elle leur offre également des filets de séchage, des équipements post-récolte et des formations sur les techniques de réduction des pertes après récolte.

Près des deux tiers des communautés de pêcheurs ont perdu leurs moyens de production, le typhon ayant détruit ou endommagé quelque 30.000 petites embarcations de pêche. Là aussi, la FAO travaille en étroite collaboration avec les autorités locales pour restaurer les moyens d'existence liés à la pêche tout en jetant les bases d'un développement plus durable.

« Le processus de réhabilitation du secteur de la pêche est l'occasion d'introduire de meilleures pratiques pour aider les petits commerçants et les transformateurs de poisson à ajouter plus de valeur à leur production », a indiqué M. Fernandez.

La FAO travaille aussi avec les communautés et organisations locales pour promouvoir la réhabilitation des forêts de mangroves naturelles. On sait que celles-ci jouent un rôle essentiel dans la stabilisation des littoraux contre les chocs climatiques tout en contribuant au développement de la pêche et de l'aquaculture.

Toujours en ce qui concerne la pêche, des formations sont offertes aux femmes dont le rôle est si important dans les activités post-récolte, notamment la conservation, la vente et le commerce du poisson. Ainsi, elles seront en mesure d'obtenir plus de valeur ajoutée de leur production.

La FAO et ses partenaires aident également les constructeurs de bateaux à produire une embarcation de pêche hybride nouvellement développée selon une technique associant le bois et la fibre de verre. Il s'agit là d'une option respectueuse de l'environnement et plus rentable pour les pêcheurs. Des intrants sont, en outre, distribués aux pêcheurs, notamment des moteurs de bateaux, des engins de pêche, des algues et des kits de production de poissons.

Le programme d'aide à la pêche couvre 19.000 familles dans les régions cibles, soit quelque 95.000 personnes.

Vu que les cocotiers fraîchement plantés mettent en moyenne six à huit ans pour donner des fruits, la stratégie de soutien aux planteurs de noix de coco a mis l'accent sur la fourniture de sources alternatives de revenus aux familles sinistrées. « La diversification des sources de revenu offre aux familles une protection supplémentaire contre les chocs futurs », a souligné M. Fernandez.

Dans cette optique, la FAO a fourni aux communautés sinistrées des intrants agricoles, notamment des semences de légumineuses, des plantes à tubercules, des plants d'arbres fruitiers, de la volaille et des vaches. Tout cela devrait encourager les familles à diversifier et enrichir leur alimentation.

Les agriculteurs suivent des formations en matière de gestion de la production de semences, d'entreprenariat et de pratiques agricoles de résilience face au changement climatique. Plus de 35.000 familles, soit environ 175.000 personnes qui vivaient autrefois de l'agroforesterie et de la culture du cocotier, apprennent aujourd'hui à diversifier leurs moyens d'existence et à développer leur résilience.