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Soudan du Sud: alors que débutent des pourparlers de paix, l'ONU réitère son appel à la fin des violences

Des civils se réfugient dans les locaux de la MINUSS à Juba, la capitale du Soudan du Sud. Photp: MINUSS/Shantal Persaud
Des civils se réfugient dans les locaux de la MINUSS à Juba, la capitale du Soudan du Sud. Photp: MINUSS/Shantal Persaud

Soudan du Sud: alors que débutent des pourparlers de paix, l'ONU réitère son appel à la fin des violences

Alors que des pourparlers ont débuté hier entre le gouvernement du Soudan du Sud et les rebelles, la plus haute fonctionnaire des Nations Unies dans ce pays a enjoint jeudi aux deux parties de redoubler d'efforts pour mettre fin aux violences.

« Nous appelons les deux parties à saisir l'occasion de la nouvelle année pour franchir une étape décisive en direction de la paix », a déclaré la Représentante spéciale du Secrétaire général, Hilde Johnson, lors d'une conférence de presse qu'elle a donnée hier dans la capitale Juba. « Nous voulons faire de cette journée celle de la fin des combats », a-t-elle expliqué.

Les représentants du Président sud-soudanais Salva Kiir et de son rival, l'ancien Vice-Président Riek Machar, se sont rencontrés hier dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba, selon l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), le bloc régional d'Afrique de l'Est qui assure actuellement une médiation entre les deux parties.

Mme Johnson a en effet indiqué aux journalistes que le Ministre éthiopien des affaires étrangères, Tedros Adhanom Ghebreyesu, lui avait confirmé au téléphone que les délégations devaient arriver hier dans l'après-midi.

La cessation des hostilités, l'ouverture de couloirs humanitaires, la libération des prisonniers politiques et la protection des civils étaient les principales questions inscrites à l'ordre du jour des négociations.

« C'est un pas dans la bonne direction », a estimé Mme Johnson , qui dirige également la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS). Elle a précisé que les négociations devaient s'accompagner d'un processus plus vaste axé sur la réconciliation nationale et intercommunautaire, pour panser des plaies qui ne se sont pas refermées depuis que la plus jeune nation du monde a accédé à son indépendance, en 2011, après des décennies de guerre civile.

« Le pays est à la croisée des chemins », a résumé Mme Johnson. « Mais il appartient aux dirigeants du pays et aux deux parties de prévenir l'escalade de la violence », a-t-elle souligné.

Les tensions au Soudan du Sud ont dégénéré en conflit ouvert le 15 décembre, après les accusations lancées par le gouvernement du Président Salva Kiir, contre son rival, l'ancien Vice-Président Riek Machar, limogé en juillet, et auquel est attribuée une tentative présumée de coup d'état. M. Kiir appartient à l'ethnie Dinka et M. Machar à celle des Lou Nuer, dont les membres se livrent depuis à des affrontements violents à travers tout le pays.

Plus d'un millier de personnes auraient été tuées et jusqu'à 180.000 autres déplacées depuis le début des combats, 57.000 d'entre elles étant toujours placées sous la protection de l'ONU. Ce matin, le porte-parole du Secrétaire général, Martin Nesirky, a précisé que le nombre de civils réfugiés dans les bases de la MINUSS à Bor et Malakal avait diminué ces derniers jours, mais que les chiffres fluctuaient d'un jour à l'autre.

« Nous devons tout faire pour empêcher la perpétuation d'un cycle de violences entre les communautés du Soudan du Sud », a insisté Mme Johnson, soulignant que les instigateurs et tous les responsables de violations graves devaient être tenu pour responsables.

« Je condamne dans les termes les plus vigoureux les individus qui se sont rendus coupables d'atrocités contre des civils innocents issus de différentes communautés par des éléments des deux côtés », a-t-elle ajouté.

La Mission de l'ONU avait exprimé mardi sa grave préoccupation devant l'accumulation de preuves de violations des droits de l'homme, au nombre desquelles des exécutions extrajudiciaires de civils et de soldats capturés, des déplacements massifs de population et des détentions arbitraires, souvent en relation avec l'ethnicité des victimes. Des charniers auraient également été découverts à Juba, la capitale du pays, ainsi qu'à Malakal et Bor, celles de l'État du Haut-Nil et de Jonglei.

Chaque jour depuis le début de la crise, la MINUSS réunit des informations, promettant de continuer à enquêter sur toutes les allégations de violations graves des droits de l'homme et de les documenter grâce à des preuves et des témoignages oculaires.

La Mission a rappelé à toutes les parties leur obligation de protéger les civils et d'agir dans le respect des droits de l'homme et du droit humanitaire international, appelant les leaders à adresser des messages publics forts dans leurs circonscriptions respectives en insistant sur l'importance de mettre fin aux violences et de combattre l'impunité.

Mme Johnson s'est félicité d'apprendre que le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine avait décidé de créer une commission d'enquête sur les violations des droits de l' homme et de recommander des moyens d'assurer la reddition de comptes et la réconciliation entre et au sein de toutes les communautés.

Parallèlement, les agences humanitaire des Nations Unies et leurs partenaires, soutenus par des Casques bleus de l'ONU qui protègent les populations se trouvant à l'intérieur des camps de la MINUSS, travaillent sans relâche pour fournir aux familles de l'eau, des abris, des vivres et autres articles de première nécessité.

Alors que les organismes d'aide ont besoin de 166 millions de dollars pour répondre aux besoins immédiats jusqu'au mois de mars, Mme Johnson a rappelé à la communauté internationale l'importance de mobiliser les bailleurs de fonds.