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Violations graves des droits de l'homme au Soudan du Sud, alerte la MINUSS

La Représentante spéciale du Secrétaire général pour le Soudan du Sud, Hilde Johnson, visite un hôpital administré par la MINUSS.
MINUSS/Juio Brathwaite
La Représentante spéciale du Secrétaire général pour le Soudan du Sud, Hilde Johnson, visite un hôpital administré par la MINUSS.

Violations graves des droits de l'homme au Soudan du Sud, alerte la MINUSS

La Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) a exprimé mardi sa grave préoccupation devant l'accumulation de preuves de violations des droits de l'homme dans ce pays, souvent perpétrées pour des motifs ethniques.

La Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) a exprimé mardi sa grave préoccupation devant l'accumulation de preuves de violations des droits de l'homme dans ce pays, souvent perpétrées pour des motifs ethniques, comme des exécutions extrajudiciaires de civils et de soldats capturés, des déplacements massifs de populations et des détentions arbitraires.

« Je condamne dans les termes les plus vigoureux les atrocités commises contre des civils innocents issus de diverses communautés par des éléments des deux parties au conflit actuel », a déclaré la Représentante spéciale et chef de la MINUSS, Hilde Johnson. « Il n'y a aucune excuse pour ces terribles actes de violence. Tous les auteurs doivent être tenus pour comptables de leurs actes. »

La MINUSS a fait état de la découverte d'un grand nombre de corps à Juba, la capitale du pays, et à Malakal et Bor, celles des États du Haut-Nil et de Jonglei.

Les tensions dans la plus jeune nation du monde ont dégénéré en conflit ouvert le 15 décembre, après les accusations lancées par le gouvernement du Président Salva Kiir, contre son rival, l'ancien Vice-Président Riek Machar, limogé en juillet, et auquel est attribuée une tentative présumée de coup d'état. M. Kiir appartient à l'ethnie Dinka et M. Machar à celle des Lou Nuer.

La MINUSS affirme avoir rassemblé des preuves que des citoyens sud-soudanais ont été pris pour cible pour motifs ethniques. « Cela peut déboucher sur un cycle perpétuel de violences à même de déchirer le tissu de cette jeune nation ».

La Mission a appelé de manière répétée à ce qu'il soit mis fin aux violations graves des droits de l'homme. « Les données disponibles indiquent que des atrocités continuent d'être perpétrées dans diverses parties du Soudan du Sud », a-t-il indiqué. « Beaucoup de ces violations semblent être motivées ethniquement. La plupart des atrocités brutales ont été perpétrées par des individus en uniforme. »

La MINUSS, qui a commencé de collecter des renseignements tous les jours depuis le début de la crise, s'est engagée à poursuivre « sa tâche prioritaire d'enquêter sur toutes les violations graves des droits de l'homme et de réunir des preuves et des témoignages oculaires pour documenter les allégations. »

Elle a rappelé à toutes les parties leur obligation de protéger les civils et d'agir conformément aux droits de l'homme et au droit humanitaire, appelant les dirigeants à adresser des messages publics forts dans leurs zones d'influence respectives pour que cessent les violences et prévenir que le refus d'obtempérer sera sévèrement sanctionné.

Mme Johnson a par ailleurs salué la décision prise hier par le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine d'établir une commission chargée d' enquêter sur les violations des droits de l'homme et autres abus et de recommander des moyens d'assurer la reddition de comptes, la réconciliation et la guérison de toutes les communautés.

« L'ONU se tient aux côtés du peuple du Soudan du Sud dans son ensemble et exige de toutes les parties qu'elles cessent les violences immédiatement », a insisté la MINUSS, appelant toutes les parties à ouvrir des négociations pour une résolution pacifique de leurs différends. « Les dirigeants de tous bords ont une responsabilité historique pour l'avenir et pour le peuple de cette jeune nation. »

Hier, à l'issue d'une réunion de crise sur la situation dans le pays, le Conseil de sécurité avait publié un communiqué de presse demandant la cessation immédiate des hostilités et la pleine protection des civils. Les 15 membres soulignaient aussi leur détermination à faire en sorte que les responsables de violations des droits de l'homme soient tenus pour responsables.