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Après une attaque contre la MINUSS, l'ONU demande aux dirigeants du Soudan du Sud d'empêcher le pays de «sombrer dans le chaos»

Fuyant les violences, des civils sud-soudanais se dirigent vers la base de la MINUSS à Bor, capitale de l'état de Jonglei.
MINUSS/Hailemichael Gebrekrstos
Fuyant les violences, des civils sud-soudanais se dirigent vers la base de la MINUSS à Bor, capitale de l'état de Jonglei.

Après une attaque contre la MINUSS, l'ONU demande aux dirigeants du Soudan du Sud d'empêcher le pays de «sombrer dans le chaos»

Consterné par l'attaque commise contre une base de la Mission des Nations Unies à Akobo, où des civils avaient trouvé refuge, Ban Ki-moon a exigé jeudi des forces gouvernementales et d'opposition qu'elles assurent la sécurité des civils dans le pays.

Profondément préoccupé par l'intensification des violences interethniques au Soudan du Sud, et consterné par l'attaque commise contre une base de la Mission des Nations Unies à Akobo, où des civils avaient trouvé refuge, Ban Ki-moon a exigé jeudi des forces gouvernementales et d'opposition qu'elles assurent la sécurité des civils et respectent leurs droits.

« Le Secrétaire général appelle les principaux dirigeants concernés à se montrer à la hauteur de leurs responsabilités individuelles pour le bien du peuple du Soudan du Sud. L'avenir de cette jeune nation exige de sa direction actuelle qu'elle fasse tout son possible pour l'empêcher de sombrer dans le chaos, ce qui serait une trahison des idéaux sur lesquels s'est appuyée sa longue lutte pour l'indépendance », indique la déclaration transmise en fin de journée par le porte-parole de M. Ban.

La MINUSS a également condamné dans les termes les plus vigoureux l'attaque perpétrée aujourd'hui par des inconnus contre son quartier-général d'Akobo, chef-lieu de l'état de Jonglei. Au moment des faits, 43 Casques bleus indiens, six conseillers de la police des Nations Unies et deux civils de l'ONU se trouvaient sur la base. Une trentaine de Sud-Soudanais ont cherché refuge dans les locaux onusiens.

Selon le porte-parole du Secrétaire général, des informations, qui restent à vérifier, font état de civils tués et blessés dans l'attaque. « Si ces informations s'avèrent exactes, les responsables devront être tenus pour responsables de leurs actes », souligne la déclaration.

De son côté, la Mission fait tout son possible pour faire la lumière autour de cette agression et assurer la sécurité de son personnel sur place. Elle évacuera vendredi matin son personnel par voie aérienne et espère que toutes les forces en présence, quelle que soit leur allégeance, garantiront la sécurité du personnel de la MINUSS et des civils se trouvant dans l'enceinte.

Pour sa part, le Secrétaire général soutient l'initiative des ministres de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) pour soutenir un dialogue entre les adversaires politiques. « Il appelle le gouvernement et l'opposition politique à faire bon usage de cette occasion pour rétablir la sécurité et le processus démocratique au Soudan du Sud. »

La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, avait exprimé plus tôt dans la journée sa préoccupation devant la détérioration rapide de la situation sécuritaire au Soudan du Sud et les conséquences pour la population civile.

Dimanche dans la capitale à Juba, des combats ont éclaté entre des soldats de l'Armée de libération du Soudan du Sud (SPLA) – l'armée sud-soudanaise –, issus des ethnies Nuer et Dinka. Liés à une rivalité entre le Président Salvar Kiir et son ancien Vice-Président Reik Machar, limogé en juillet et accuse de tentative de coup d'état, les violences se seraient rapidement étendus à d'autres états, notamment ceux de Jonglei, Unity et Warrap.

« Je suis très inquiète de la sécurité des civils pris au piège par les violences. Le risque que ces combats prenne une dimension interethnique est considérable et pourrait provoquer er une situation très dangereuse », s'alarme Mme Pillay.

« Nous avons reçu des informations faisant état de meurtres commis sur la base de l'appartenance ethnique des victimes. J'appelle le gouvernement à adresser un message clair aux commandants de la SPLA pour empêcher des représailles de ce type et veiller à faire traduire en justice les auteurs de tels crimes », a-t-elle lancé.

Près de 20.000 personnes déplacées, dont une majorité de femmes et d'enfants, se trouvent toujours sur les complexes de l'ONU à Juba et 10.000 autres sur celui de Bor, dans l'état de Jonglei. D'autres civils auraient quitté la ville par crainte d'attaques par des bandes armées rivales.

« Je suis extrêmement préoccupée par le sort des individus arrêtés par le gouvernement et les informations qui font état d'un grand nombre d'assassinats extrajudiciaires. J'exhorte en particulier les autorités à rendre publics les lieux de détention de plusieurs responsables gouvernementaux arrêtés à Juba il y a deux jours, notamment l'ancien gouverneur de l'état des Lacs et l'ancien Secrétaire général du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM) », ajoute la Haut-Commissaire.

Le gouvernement sud-soudanais a confirmé l'arrestation d'au moins 10 anciens hauts responsables gouvernementaux, dont six ministres. Dans l'état de Warrap, les forces de sécurité loyales au gouvernement ont arrêté de nombreux fonctionnaires locaux accusés d'avoir appuyé un projet de coup d'État.

« J'exhorte le gouvernement à faire en sorte que toutes les personnes détenues bénéficient d'un procès juste et équitable […] ou qu'elles soient relâchées. Je demande à toutes les parties prenantes de faire preuve de retenue et de respecter les normes internationales des droits de l'homme et du droit humanitaire », ajoute Mme Pillay.