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Après l'« affaire Maria », une experte de l'ONU rejette le sentiment anti-rom en Europe

Des enfants roms en Serbie.
OSCE/Milan (Photo d'archive)
Des enfants roms en Serbie.

Après l'« affaire Maria », une experte de l'ONU rejette le sentiment anti-rom en Europe

L'experte indépendante des Nations Unies sur les questions relatives aux minorités, Rita Izsak, a exprimé mardi sa préoccupation devant le traitement de la minorité rom en Europe, après la décision de certains gouvernements de retirer à leurs familles des enfants qui ne «ressemblent pas» à des Roms au motif de leur enlèvement présumé.

L'experte indépendante des Nations Unies sur les questions relatives aux minorités, Rita Izsak, a exprimé mardi sa préoccupation devant le traitement de la minorité rom en Europe, après la décision de certains gouvernements de retirer à leurs familles des enfants qui ne « ressemblent pas » à des Roms au motif de leur enlèvement présumé.

Le cas de Maria, une petite fille blonde retrouvée vivante dans un campement rom en Grèce, a suscité un sentiment d'indignation anti-Rom après les « une » de plusieurs médias en Europe. Des accusations infondées, selon lesquelles la petite fille aurait été enlevée et maltraitée, ont été lancées avant même l'ouverture d'une enquête.

Un test ADN aurait pourtant révélé que Maria serait bien la fille d'un couple bulgare, qui en aurait laissé la garde à une famille rom grecque parce qu'ils n'étaient pas en mesure de subvenir à ses besoins. « Le couple grec serait maintenu en détention pour enlèvement », explique Mme Izsak dans un communiqué de presse, ajoutant que cette affaire montre bien à quel point « certaines autorités et médias semblent penser que les Roms sont présumés coupables jusqu'à preuve du contraire ».

« Si l'enquête conclut que Maria a été enlevée par ce couple, alors ces individus devront répondre de leurs actes devant la justice. Mais trop de gens semblent adhérer au stéréotype qui voudrait faire de tous les Roms des criminels en puissance », dénonce Mme Izsak.

L'experte souligne qu'au cas où la culpabilité de ce couple serait établie, la communauté rom dans son ensemble ne saurait en être blâmée. Malheureusement, la couverture médiatique récente menace d'alimenter de nouvelles réactions passionnelles contre des populations déjà largement marginalisées en Europe, où elles seraient 12 millions.

« Dans plusieurs pays, des proches d'enfants disparus demandent à la police d'orienter l'enquête vers les campements roms », déplore Mme Izsak.

« Dans le même temps, des enfants roms sont retirés à leurs familles sous des prétextes absurdes, comme la couleur de leurs yeux ou de leurs cheveux. Dans certains cas, les autorités se sont rendues coupables de comportements inacceptables et douteux ; cela doit cesser. Un incident récent en Irlande, qui a vu deux enfants roms blonds séparés de leurs parents dans un premier temps, avant qu'ils ne leur soient restitués suite à des tests ADN, révèle l'ampleur du traumatisme pour les familles », met-elle en garde.

Depuis des générations, des enfants roms sont retirés à leurs familles au motif que leurs parents ne sauraient pas s'en occuper, alors que ces mêmes familles sont victimes de discriminations et de traitements cruels, comme l'ostracisme dans certains systèmes éducatifs et la stérilisation forcée des femmes. De nombreux crimes commis contre des Roms ne sont jamais couverts par les média, observe l'experte de l'ONU.

« Je demande à tous les média et aux dirigeants de partis politiques de faire preuve de retenue et de s'abstenir d'assimilations simplistes et dangereuses sur la criminalité supposée des Roms. Ces discours de haine mènent à la stigmatisation, voire à des violences, contre ces communautés. Et j'invite les journalistes à couvrir ces questions de manière responsable », conclut Mme Izsak.