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Dénoncer la litanie des crimes en Syrie n'est pas suffisant, pour le Président de la Commission d'enquête

Le Président de la Commission d'enquête sur la Syrie, Paulo Pinheiro. Photo ONU/ Jean-Marc Ferre
Le Président de la Commission d'enquête sur la Syrie, Paulo Pinheiro. Photo ONU/ Jean-Marc Ferre

Dénoncer la litanie des crimes en Syrie n'est pas suffisant, pour le Président de la Commission d'enquête

«Nous ne pouvons pas continuer à égrener la litanie des violations et abus commis en Syrie, alors que l'effet sur les parties à l'intérieur du pays et celles qui manœuvrent en coulisses est aussi réduit. Il ne suffit pas d'être révolté », a déclaré lundi devant l'Assemblée générale le Président de la Commission internationale d'enquête sur la Syrie, Paulo Sérgio Pinheiro.

« Nous avons l'obligation de mettre un terme à cette guerre. Il faut pour cela que la communauté internationale, non seulement reconnaisse la validité d'une solution diplomatique, mais aussi l'exige », a-t-il ajouté. «Il est temps de faire ce qui est nécessaire pour qu'une paix juste et durable s'installe en Syrie ».

Créée par le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies en août 2011, la Commission – au sein de laquelle siègent également les experts Karen Koning Abuzayd, Carla del Ponte et Vitit Muntarbhorn – est chargée d'enquêter sur toutes les violations du droit international des droits de l'homme commises pendant le conflit en Syrie.

Plus de 100.000 personnes ont été tuées depuis le début des combats entre les forces gouvernementales syriennes et les groupes d'opposition, alors que 2 millions de Syriens ont fui vers les pays voisins et que 4 millions d'autres ont été déplacés.

La Commission a jusqu'à présent soumis 10 rapports et mises à jour qui tous décrivent une litanie de « crimes qui choquent la conscience ». Ces crimes sont devenus une réalité quotidienne pour les civils, avec des bombardements aériens, des disparitions, des actes de torture et des massacres, a poursuivi M. Pinheiro.

Il a ensuite déploré que ceux qui continuent de perpétrer des violations des droits en Syrie n'aient pas la peur d'en être un jour tenus responsables. « Mettre en lumière leur comportement criminel n'a pas pour effet de les arrêter ou même de les entraver », a-t-il déclaré.

« L'absence d'une action déterminée par la communauté internationale nourrit une culture de l'impunité en Syrie », a continué M. Pinheiro, indiquant que cette guerre était aussi la chronique des opportunités manquées par les États influents et la communauté internationale.

En conclusion, M. Pinheiro a souligné le caractère impératif d'un retour aux négociations pour aboutir à un règlement politique et précisé que la mise en place de mécanismes de responsabilité devait en faire partie pour qu'une paix future puisse perdurer.