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Conseil de sécurité : Martin Kobler alarmé par la reprise des violences en Iraq

Le Représentant spécial du Secrétaire général en Iraq, Martin Kobler, au Conseil de sécurité.
ONU/Paulo Filgueiras
Le Représentant spécial du Secrétaire général en Iraq, Martin Kobler, au Conseil de sécurité.

Conseil de sécurité : Martin Kobler alarmé par la reprise des violences en Iraq

Dix ans après la chute de l'ancien régime et moins de deux ans après le retrait des forces américaines de l'Iraq, le pays se trouve dans une phase cruciale de transition vers la démocratie et la prospérité, a souligné le Représentant spécial du Secrétaire général pour l'Iraq, Martin Kobler, mardi, devant le Conseil de sécurité.

Le Représentant spécial, qui est également le Chef de la Mission d'assistance des Nations Unies pour l'Iraq (MANUI), s'est dit très préoccupé par les évènements qui ont marqué ces quatre derniers mois en Iraq, période la plus sanglante depuis cinq ans avec près de 3 000 morts et plus de 7 000 blessés. Les auteurs de ces violences profitent de l'impasse politique actuelle dans le pays et du conflit syrien, a-t-il expliqué.

Sept mois après les premières manifestations de Ramadi, les manifestants continuent à occuper des autoroutes internationales et des places publiques dans les gouvernorats de l'ouest de l'Iraq, a-t-il indiqué.

Le Gouvernement iraquien estime qu'il a déployé tous les efforts possibles pour répondre à leurs demandes, notamment en libérant 8 000 détenus et en levant des saisies de biens. En outre, le Conseil des ministres a approuvé des amendements aux lois controversées, mais le Parlement ne s'est pas encore prononcé.

Les dirigeants et représentants doivent mettre fin à l'impasse actuelle en adoptant les amendements législatifs pertinents, a-t-il insisté, en demandant également aux manifestants de s'engager sans attendre dans un dialogue constructif.

Sur le front électoral, M. Kobler s'est félicité de la bonne participation de la population aux scrutins organisés à Anbâr et à Ninive, et ce, en dépit des menaces et des attaques. Ce sont les premières élections que les Iraquiens ont réussi à organiser seuls, a-t-il remarqué.

Le Représentant spécial s'est également félicité de l'amélioration des relations arabes-kurdes, en citant notamment des visites réciproques des leaders kurdes et iraquiens, avant de se dire préoccupé par la décision du Parlement de la région du Kurdistan de reporter les élections présidentielles à 2015.

M. Kobler a ensuite salué la détermination des Gouvernements de l'Iraq et du Koweït à achever le projet d'entretien des bornes frontière entre les deux pays. Il a aussi indiqué que l'Iraq avait reçu les fonds mis en réserve auprès de l'ONU pour indemniser les particuliers iraquiens dont les biens étaient demeurés sur le territoire koweïtien à la suite de la démarcation de la frontière internationale entre les deux pays.

Concernant les répercussions de la crise syrienne en Iraq, il a signalé que, au 7 juillet, 160 000 réfugiés syriens étaient enregistrés en Iraq, dont la majorité dans la région du Kurdistan, avant de préciser que 30% de ces réfugiés vivent dans des camps, tandis que le reste se retrouve dans des conditions souvent précaires.

S'agissant de la situation en matière de droits de l'homme, M. Kobler s'est dit alarmé par le fait que des dizaines d'Iraquiens aient été assassinés de sang froid en plein mois sacré du Ramadan. Un enfant sur trois, a-t-il ajouté, est privé des services de base et des droits fondamentaux, alors que les minorités, comme les Yézidis et les « Noirs iraquiens », sont aussi la cible de violence, notamment de meurtres et d'enlèvements.

Enfin, en ce qui concerne le camp Ashraf, M. Kobler a expliqué que la majorité de ses résidents avaient été relogés dans le camp Hurriya depuis 2011, tandis que 135 ont été relogés dans des pays sûrs.

Préoccupé par la sécurité des résidents du camp Hurriya après les tirs de missiles dont il a été la cible les 9 février et 15 juin 2013, qui ont fait 10 morts et 71 blessés, il a rappelé avoir demandé au Gouvernement iraquien, le seul responsable de la sécurité dans le camp, de remplir cette obligation en prenant des mesures supplémentaires de protection, une demande qui est restée sans réponse.

Martin Kobler a aussi fait officiellement ses adieux au Conseil de sécurité et au peuple iraquien, en sa qualité de Représentant spécial de Ban Ki-moon en Iraq.

Son prochain poste est celui de Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en République démocratique du Congo.