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Le Soudan du Sud, plus jeune Etat du monde, a de nombreux défis à relever, dit l'Envoyée de l'ONU devant le Conseil de sécurité

La Représentante spéciale du Secrétaire général pour le Soudan du Sud, Hilde Johnson.
ONU/Isaac Billy
La Représentante spéciale du Secrétaire général pour le Soudan du Sud, Hilde Johnson.

Le Soudan du Sud, plus jeune Etat du monde, a de nombreux défis à relever, dit l'Envoyée de l'ONU devant le Conseil de sécurité

À la veille du deuxième anniversaire de l'indépendance du Soudan du Sud, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour ce pays, Hilde Jonhson, a affirmé lundi devant le Conseil de sécurité, que le Gouvernement sud-soudanais restait confronté à de nombreux défis, dont celui de l'instabilité à l'intérieur du pays.

« Beaucoup d'entre nous ont été témoins de l'effusion de joie qui s'est exprimée lors de la proclamation de l'indépendance du Soudan du Sud. L'ambiance de ce jour ne semble désormais qu'un lointain souvenir », a déploré Mme Johnson, qui présentait, par visioconférence de Juba, le rapport du Secrétaire général sur le Soudan du Sud.

Le rapport indique que les progrès enregistrés par le plus jeune pays du monde « pourraient être hypothéqués par un certain nombre de revers, notamment l'aggravation de la situation en matière de sécurité dans l'État du Jongleï et les violations persistantes des droits de l'homme commises par les institutions de sécurité nationales ».

Le rapport, qui porte sur les quatre derniers mois, recommande en particulier que le mandat de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) soit encore prorogé d'un an, « l'objectif final demeurant que le gouvernement acquière progressivement les capacités et l'autorité nécessaires pour prévenir, atténuer et régler les tensions et les conflits intercommunautaires grâce à une administration civile efficace où les organes de maintien de l'ordre jouent un rôle central ».

La Représentante spéciale a expliqué aux membres du Conseil que, depuis son indépendance, avec le soutien de la MINUSS, le Soudan du Sud avait fait des progrès « en vue de devenir un pays plus stable et démocratiquement responsable, capable de jouer un rôle positif dans la région au sens large », notamment dans les domaines de la consolidation de la paix, de la police, de l'état de droit, de la réforme du secteur de la sécurité.

Bien que la plupart des régions du pays restent stables, la situation sécuritaire dans l'État du Jongleï, notamment dans sa partie sud-est, a dominé l'actualité depuis le mois de janvier.

Les combats entre l'Armée populaire de libération du Soudan (APLS) et le groupe armé affilié avec David Yau Yau, et les menaces des deux camps, ont entraîné le déplacement de milliers de civils. Les centres de population dans le comté de Pibor, où entre 35 000 et 40 000 personnes vivaient, y compris Boma, Manyabol et Pibor, sont largement vidés de civils, tandis que les conditions de la communauté Murle continuant de vivre dans les zones rurales difficiles d'accès restent encore largement inconnues et suscitent une « profonde inquiétude ».

La détérioration de la situation sécuritaire dans certaines régions du Soudan du Sud a été accompagnée par des violations des droits de l'homme commises à la fois par des groupes armés et les institutions de sécurité nationale. Des cas d'arrestations arbitraires, de détention, d'abus et de meurtres commis par les forces de sécurité, ainsi que l'incapacité des autorités à tenir responsables les auteurs de ces actes, sont une source de profonde préoccupation, a-t-elle déclaré.

La Représentante spéciale a également mis l'accent sur l'évolution des relations entre le Soudan du Sud et le Soudan. Malgré la première visite depuis l'indépendance du Soudan du Sud du Président soudanais Omar al-Bashir à Juba en avril dernier, les accusations de part et d'autre concernant l'appui militaire que chaque gouvernement apporterait aux groupes rebelles opposés à l'autre ont conduit le Soudan à menacer de fermer son oléoduc, ce qui constitue un « nouveau revers ».

Il incombe donc aux deux parties, avec l'appui du Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l'Union africaine, l'ONU et la communauté internationale dans son ensemble, de renforcer leur coopération en vue d'une coexistence pacifique, a affirmé Mme Johnson.

La Représentante spéciale a ensuite prié instamment le Conseil de sécurité à prendre des mesures d'urgence pour aider la MINUSS à trouver les ressources nécessaires et à combler ses lacunes en matière de capacités.

Elle a également assuré que la MINUSS développait des options visant la reconfiguration géographique de sa composante militaire et de ses actifs de sorte qu'ils soient situés plus efficacement pour contrer les menaces émergentes, satisfaire les préoccupations de sécurité et les besoins de dissuasion militaire dans le pays.