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L'ONU souligne le rôle crucial de la culture pour le développement lors d'un débat à l'Assemblée générale

Le Président de l'Assemblée générale Vuk Jeremic. ONU Photo/Devra Berkowitz
Le Président de l'Assemblée générale Vuk Jeremic. ONU Photo/Devra Berkowitz

L'ONU souligne le rôle crucial de la culture pour le développement lors d'un débat à l'Assemblée générale

Lors d'un débat thématique sur la culture et le développement mercredi à l'Assemblée générale, le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a rappelé qu'il n'y avait pas de recette unique pour le développement et qu'il ne suffisait pas de fixer des objectifs globaux. Il faut les adapter à chaque contexte, a-t-il dit.

Depuis 2000 et la formulation des Objectifs du millénaire pour le développement, les programmes de développement n'ont pas suffisamment tenu compte de la voix des populations et du rôle fondamental de la culture, a poursuivi M. Ban.

« Cependant, au cours de ces dernières années, le pouvoir de la culture a été chaque fois davantage reconnu, en particulier dans les efforts de promotion de la paix. Ainsi, en 2006, la culture était mentionnée dans moins de 30% des Plans-cadres des Nations Unies pour l'aide au développement. Aujourd'hui, ce taux est monté à 70% », a expliqué le Secrétaire général.

De son côté, le Président de l'Assemblée générale, Vuk Jeremic, a indiqué que le débat sur la culture et le développement, organisé en partenariat avec l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), revêtait une importance cruciale, « la culture et le développement étant des vecteurs clefs à l'heure de la conception et de la mise en œuvre du programme de développement pour l'après 2015 ».

« Les transformations sans précédent que nous connaissons appellent une restructuration de la façon dont on oriente les affaires humaines et un examen minutieux de la manière dont les cultures et les civilisations communiquent et interagissent entre elles», a-t-il ajouté.

Le Président de l'Assemblée générale a rappelé qu'en juin 2012, le Document final de la Conférence Rio+20 sur le développement durable a appelé à une meilleure intégration des trois dimensions du développement que sont la croissance économique, le développement social et la protection de l'environnement pour en faire un tout cohérent.

« À Rio, l'Assemblée générale s'est vue attribuée des mandats supplémentaires dont la tâche stratégique d'élaborer un nouveau cadre ambitieux et unique qui définira le travail de l'ONU pour les décennies à venir. L'Assemblée générale a donc 1 000 jours pour accomplir cette tâche », a prévenu M. Jeremic. « Les conclusions de Rio ont insisté sur la promotion de la diversité culturelle à laquelle doivent participer toutes les cultures et civilisations du monde ».

La Directrice générale de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), Irina Bokova, a, pour sa part, déclaré qu'une occasion de prendre la mesure de la nouvelle économie mondiale de la création était en train de naître.

L'industrie du cinéma et de la vidéo est par exemple le deuxième secteur économique au Nigéria, l'un des moteurs économiques de l'Inde et représente 10% du PIB de l'Indonésie.

« Au niveau mondial, l'industrie de la culture est l'une des seules à ne pas avoir connu la crise. Derrière chaque livre, chaque film, ou chaque produit culturel, des millions de créateurs, de fabricants, de vendeurs, petits et grands, font vivre et vivent de la filière culturelle », a rappelé Mme Bokova.

Chaque site du patrimoine mondial de l'humanité représente des emplois dans le tourisme, l'artisanat, les spectacles, les festivals, les musées, et donc dans l'architecture, la conservation du patrimoine, la comptabilité, le droit et l'animation. « L'industrie de la création n'est pas seulement un motif de fierté nationale mais aussi un secteur économique florissant ».

« Mais lorsque nous disons que nous voulons mobiliser davantage la culture au profit du développement durable, nous ne cherchons pas à défendre les intérêts d'une industrie ou à créer une nouvelle classe de consommateurs, nous voulons seulement remettre au cœur du débat ce qui est l'essence même de la créativité, de l'innovation et du lien social », a précisé Mme Bokova.

« Les limites des modèles actuels résident justement dans l'hégémonie de l'économie sur le social, l'environnement et les droits. La culture est justement le moyen de restaurer l'équilibre, parce qu'elle n'est pas seulement une marchandise: elle exprime la vie d'un peuple », a conclu Mme Bokova.