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Plus de 10 millions d'enfants travaillent comme employés domestiques dans le monde, affirme l'OIT

Un garçon travaille dans une carrière à Freetown au Sierra Léone.
IRIN/Tommy Trenchard
Un garçon travaille dans une carrière à Freetown au Sierra Léone.

Plus de 10 millions d'enfants travaillent comme employés domestiques dans le monde, affirme l'OIT

L'Organisation internationale du travail (OIT) a affirmé mercredi que plus de dix millions d'enfants dans le monde travaillent comme employés domestiques, souvent dans des conditions dangereuses, parfois même, assimilables à de l'esclavage. Six millions et demi de ces enfants sont âgés de 5 à 14 ans. Plus de 71% d'entre eux sont des filles.

Le nouveau rapport de l'OIT sur le travail domestique des enfants montre qu'ils travaillent au domicile d'un tiers ou d'un employeur, s'acquittant de tâches comme le ménage, le repassage, la cuisine, le jardinage, l'approvisionnement en eau, la garde d'enfants ou les soins aux personnes âgées.

Exposés aux violences physiques, psychiques et sexuelles et à des conditions de travail abusives, ces enfants sont souvent éloignés de leur famille, dissimulés aux regards extérieurs et deviennent dépendants de leur employeur. Beaucoup d'entre eux courent le risque d'être exploités sexuellement à des fins commerciales.

« La situation de nombreux enfants travailleurs domestiques ne constitue pas seulement une violation grave de leurs droits mais représente un obstacle à la réalisation de nombreux objectifs nationaux et internationaux de développement », déclare la Directrice du programme international de l'OIT pour l'abolition du travail des enfants (IPEC), Constance Thomas, dans un communiqué de presse.

Le rapport, publié à l'occasion de la Journée mondiale contre le travail des enfants le 12 juin, plaide pour une action concertée et conjointe au niveau national et international en vue d'éradiquer le travail domestique des enfants.

« Nous avons besoin d'un cadre juridique solide pour identifier clairement le travail domestique des enfants, le prévenir et l'éliminer, et œuvrer à des conditions de travail décentes pour les adolescents qui occupent des emplois en toute légalité », souligne Mme Thomas.

Dans de nombreux pays, le travail domestique des enfants n'est pas reconnu comme une forme de travail en raison de la relation ambigüe qui les lie à la famille qui les emploie, indique le rapport. L'enfant « travaille mais n'est pas considéré comme un travailleur et, bien qu'il réside dans un environnement familial, il ou elle n'est pas traité comme un membre de la famille ».

L'absence de soins et de cadre juridique masque un « mécanisme d'exploitation », qui se caractérise souvent par de lourds horaires de travail, une absence de liberté personnelle et, dans certains cas, des conditions de travail dangereuses. La nature clandestine de leur situation rend en outre leur protection difficile.

Le rapport préconise d'améliorer la collecte des données, ainsi que les outils statistiques à disposition, afin d'apprécier l'ampleur exacte du défi à relever. Il exhorte aussi les gouvernements à ratifier et mettre en œuvre la Convention de l'OIT concernant l'âge minimum d'admission à l'emploi et la Convention sur les pires formes de travail des enfants.