L'actualité mondiale Un regard humain

Haïti: l'ONU préoccupée par la poursuite des évictions forcées de personnes déplacées

Des Haïtiens patientent devant le tribunal de la paix dans la ville de Grand Boucan, en mai 2012.
ONU/Victoria Hazou
Des Haïtiens patientent devant le tribunal de la paix dans la ville de Grand Boucan, en mai 2012.

Haïti: l'ONU préoccupée par la poursuite des évictions forcées de personnes déplacées

La Coordonnatrice des affaires humanitaires par intérim de l'ONU en Haïti, Sophie de Caen, a exprimé lundi sa préoccupation concernant l'éviction forcée illégale de 120 à 150 familles déplacées vivant dans le camp Bristou B1 situé à Péguy Ville à Port au Prince.

Les évictions, qui ont eu lieu les 4 et 5 juin derniers constituent une violation des droits des personnes déplacées et Mme de Caen a également dénoncé l'absence de suivi des procédures formelles au regard de la fermeture d'un camp et du déplacement des populations y résidant.

« La destruction des tentes, qui a démarré le 4 Juin, a été menée avec l'aide d'un tracteur et s'est poursuivie dans la nuit. Bien que le camp se situe sur un terrain privé, les témoins ont souligné que l'éviction n'avait pas été orchestrée par le propriétaire lui-même. Une cinquantaine de tentes ou abris restaient sur les lieux après la destruction du camp », a affirmé un communiqué de presse de l'ONU.

L'incident s'est déroulé dans le contexte d'une augmentation des cas d'évictions forcées depuis le début de l'année 2013. Jusqu'à présent, 1.028 familles, soit près de 3.500 personnes, dans 4 camps ont été expulsées. L'incident au camp Bristou porte ce chiffre à 4.000 personnes expulsées cette année. 74% des camps restants sont situés sur des terrains privés. L'ONU estime que près de 75.000 personnes, vivant dans 105 camps sont menacées d'évictions forcées.

Le Gouvernement d'Haïti a déjà dénoncé publiquement les évictions illégales, et a rappelé la nécessité de mener des enquêtes judiciaires sur ces faits. La Coordonnatrice des affaires humanitaires par intérim a porté l'incident au camp Bristou à l'attention du Premier ministre, et a souligné que l'ONU est prête à soutenir l'enquête afin d'élucider les faits qui se sont déroulés à Bristou.

Mme de Caen a aussi renouvelé son appel au gouvernement haïtien à favoriser les solutions durables pour les personnes vivant dans les camps. De nombreux efforts de relocalisation des personnes déplacées, dans le respect des normes internationales, ont déjà eu lieu et se poursuivent.

À ce jour, plus de 37.000 familles ont bénéficié d'un appui à la réinstallation avec une subvention au loyer. De plus, plus de 23.000 familles recevront une aide cette année. Cette approche doit recevoir tout l'appui nécessaire afin que les familles vivant encore dans les camps puissent trouver une solution durable et digne.

La Coordonnatrice Humanitaire par intérim a renouvelé l'appui de l'ONU au Gouvernement de la République d'Haïti dans son soutien aux personnes affectées par le séisme de 2010, et dans ses efforts de prévention des évictions forcées illégales.