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Des experts de l'ONU appellent l'Iran à libérer des responsables de la communauté Baha'i.

Le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme en Iran, Ahmed Shaheed. Photo ONU/Jean-Marc Ferré
Le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme en Iran, Ahmed Shaheed. Photo ONU/Jean-Marc Ferré

Des experts de l'ONU appellent l'Iran à libérer des responsables de la communauté Baha'i.

Un groupe d'experts indépendants de l'ONU dans le domaine des droits de l'homme a aujourd'hui exhorté les autorités de la République islamique d'Iran à libérer dans les plus brefs délais sept responsables de la communauté Baha'i, appartenant au groupe des Yaran, et ce à l'approche du cinquième anniversaire de leur arrestation. Le Groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire a indiqué que l'emprisonnement de ces responsables constituait une détention arbitraire.

«Le gouvernement iranien doit faire valoir son engagement en faveur de la liberté de religion en libérant immédiatement et de manière inconditionnelle ces prisonniers de conscience», a déclaré depuis Genève le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme en Iran, Ahmed Shaheed. « Le droit à un procès équitable n'a semble-t-il pas été respecté dans ces affaires », a-t-il poursuivi.

Le 14 mai 2008, les autorités du pays ont arrêté à Téhéran Fariba Kamalabadi, Jamaloddin Khanjani, Afif Naeimi, Saeid Rezaie, Behrouz Tavakkoli et Vahid Tizfahm. Un septième responsable Baha'i, Mahvash Sabet, a été arrêté le 5 mars 2008 à Mashhad. Ces personnes formaient une entité nationale ad hoc d'administration, connue des Baha'i sous le nom des Yaran.

En août 2010, elles ont reçu des peines de prison de 20 ans, après avoir été reconnues coupables de « propagande contre le régime », de « collusion et de collaboration afin d'attenter à la sécurité nationale » et de « propagation de la corruption sur terre ». Ces peines ont été réduites le mois suivant à dix années, avant d'être de nouveau fixées à 20 ans en mars 2011.

«Les sept responsables de la communauté Baha'i ont été emprisonnés pour le simple fait qu'ils administrent les affaires de leurs coreligionnaires », a dit El Hadji Malick Sow, expert en droits de l'homme qui dirige le Groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire.

La République islamique d'Iran reconnaît et protège quatre religions officielles : l'islam, le christianisme, le judaïsme et le zoroastrisme. La communauté Baha'i ne bénéficie pas de ces garanties constitutionnelles et les organes des Nations Unies, en particulier le Conseil des droits de l'homme, ont plusieurs fois exprimé leurs préoccupations devant les lois discriminatoires qui empêchent les Baha'is de former des associations religieuses, d'entrer dans les universités ou de trouver un emploi dans le secteur public.

«L'Iran doit faire en sorte que les Baha'is et les autres communautés religieuses qui ne sont pas officiellement reconnues puissent pratiquer leur foi sans entraves et sans peur», a affirmé le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté de religion ou de conviction, Heiner Bielefeldt. Pour sa part, l'Experte indépendante sur les questions relatives aux minorités, Rita Izsak, a rappelé que les Baha'is constituaient la minorité religieuse non musulmane la plus importante d'Iran.

Des centaines de Baha'is ont été arrêtés pour des motifs allant de l'organisation de rassemblements religieux à la défense du droit à l'éducation. Selon le Rapporteur spécial, 110 Baha'is ont été faits prisonniers depuis le début de l'année. «Après cinq ans, la détention arbitraire des Yaran n'est pas la seule source de préoccupation. Tous les Baha'is en Iran courent des risques accrus d'être arrêtés dés lors qu'ils décident de jouer un rôle actif au sein de leur communauté», a conclu M. Shaheed.