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La Guinée-Bissau doit bénéficier d'une assistance électorale de l'ONU, plaide le chef du BINUGBIS

Jose Ramos Horta, le Représentant spécial du Secrétaire général et chef du Bureau intégré des Nations Unies en Guinée-Bissau (BINUGBIS).
ONU/JC McIlwaine
Jose Ramos Horta, le Représentant spécial du Secrétaire général et chef du Bureau intégré des Nations Unies en Guinée-Bissau (BINUGBIS).

La Guinée-Bissau doit bénéficier d'une assistance électorale de l'ONU, plaide le chef du BINUGBIS

Le mandat de la mission politique des Nations Unies en Guinée-Bissau, pays qui, l'an dernier, a subi un coup d'Etat, doit être réajusté en vue d'y soutenir un processus en deux phases pour le plein rétablissement de l'ordre constitutionnel et de la stabilité à moyen terme, affirme un rapport du Secrétaire général présenté jeudi au Conseil de sécurité. Dans ce contexte, affirme son Représentant spécial, l'appui de l'ONU à l'organisation des futures élections est à envisager sérieusement.

« Il importe que l'ONU collabore avec les partenaires sous-régionaux, régionaux et internationaux pour apporter leur appui à un État responsable, légitime et efficace, qui fasse respecter la légalité et soit en mesure de procurer sécurité, services essentiels et débouchés économiques à sa population », écrit Ban Ki-moon dans son rapport.

Les recommandations de ce dernier ont été présentées au Conseil de sécurité par Jose Ramos Horta, Représentant spécial du Secrétaire général et chef du Bureau intégré des Nations Unies en Guinée-Bissau (BINUGBIS), qui a mené une évaluation du mandat, mais aussi de la situation dans le pays depuis le 1er février 2013, date à laquelle il a pris ses fonctions.

Des éléments de l'armée de Guinée-Bissau – nation d'Afrique de l'Ouest marquée par une succession de coups d'État, une instabilité politique et une mauvaise gouvernance récurrentes depuis son indépendance du Portugal en 1974 – ont pris le pouvoir le 12 avril 2012.

Le coup d'état a eu lieu avant le second tour d'un scrutin présidentiel, prévu le 22 avril, entre l'ancien Premier Ministre Carlos Gomes Júnior et l'ancien Président Kumba Yala, suscitant des appels de la communauté internationale en faveur d'un retour à un régime civil.

Selon le Représentant spécial, « l'élite politique de la Guinée-Bissau est pleinement responsable des problèmes actuels », suivie par les militaires qui ont voulu s'immiscer dans la conduite des affaires publiques. Il a expliqué que l'échec des dirigeants avait entraîné des violations des droits de l'homme, favorisé l'impunité, la criminalité organisée et le trafic de drogue.

À cet égard, Pour M. Ramos-Hortas, une étape importante a été franchie avec l'arrestation de l'ancien chef d'état-major de la marine, Bubo Na Tchuto, et deux autres Bissau-Guinéens, grâce à une opération menée par l'agence américaine anti-drogue, la DEA. « C'est un message fort adressé à l'élite bissau-guinéenne et à ceux qui utilisent le pays comme voie de transit pour le trafic de stupéfiants », s'est-il félicité, avant d'encourager le renforcement de la présence internationale dans la lutte contre le trafic de stupéfiants aux larges des côtes de ce petit pays d'Afrique de l'Ouest.

Détaillant le processus en deux phases proposé par le Secrétaire général, M. Ramos-Horta a expliqué que la première, qui prendrait fin dès que des élections présidentielle et législatives se seraient tenues, devrait être axée sur « la mise en place d'un environnement politique qui soit fondé sur la confiance et la non-ingérence dans les consultations électorales ».

La deuxième phase, qui se terminerait à la fin du mandat du prochain gouvernement élu, devrait privilégier la stabilité postélectorale, le renforcement des institutions de l'État et de la société indispensables à la gouvernance démocratique, dans les domaines de la sécurité, de la justice et de la défense, et le fonctionnement des administrations tant centrales que locales, a expliqué le Représentant spécial.

L'ancien Président du Timor-Leste a jugé « impératif » le soutien des États Membres et du Conseil de sécurité à la Guinée-Bissau en vue des futures élections. Il a donc exhorté les 15 membres du Conseil à accorder une « attention sérieuse » à la demande du gouvernement « pour que l'ONU prenne le leadership dans le processus électoral », de manière à éviter tout risque de conflit ou de violences électorales ou postélectorales.