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Selon l'UNESCO, une optimisation des revenus issus des ressources naturelles ouvrirait la voie à l'enseignement primaire universel

Des fillettes de l'école de Rukshana, à Kaboul, en Afghanistan.
Fardin Waezi/MANUA
Des fillettes de l'école de Rukshana, à Kaboul, en Afghanistan.

Selon l'UNESCO, une optimisation des revenus issus des ressources naturelles ouvrirait la voie à l'enseignement primaire universel

Selon un rapport publié mardi par l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), 17 pays en développement pourraient financer l'accès à l'école primaire de 86 % de leurs enfants ou de 42 % de leurs adolescents non scolarisés s'ils géraient de manière plus appropriée les recettes qu'ils tirent de leurs ressources naturelles.

Publié à l'occasion de la semaine du Forum économique mondial sur l'Afrique, qui se tient du 8 au 10 mai au Cap en Afrique du Sud, le document d'orientation révèle que dans ces 17 pays, cinq milliards de dollars supplémentaires pourraient être mobilisés chaque année en faveur de l'éducation si 30% des recettes tirées de leurs minéraux et 75 % des recettes tirées de leur pétrole et de leur gaz étaient transformés en recettes publiques et si 20% de cette somme était investi dans l'éducation.

Cette somme est deux fois et demie supérieure à celle que ces pays ont perçue en 2010 sous forme d'aide à l'éducation. Elle comblerait un cinquième du déficit de financement de 26 milliards de dollars actuellement nécessaire pour offrir à tous les enfants une éducation de base de bonne qualité.

« L'engagement national en faveur de l'éducation doit être soutenu par des ressources appropriées. Les 17 pays examinés dans cette étude sont confrontés à d'énormes défis dans le domaine de l'éducation qui ne peuvent être relevés que grâce à un financement supplémentaire susceptible de renforcer leurs systèmes, » affirme la Directrice générale de l'UNESCO, Irina Bokova, dans un communiqué de presse.

« L'étude découvre que les recettes tirées des ressources naturelles pourraient permettre à ces pays de scolariser plus de 11 millions d'enfants supplémentaires. Il s'agit de saisir dès maintenant cette occasion d'investir dans les générations futures », plaide-t-elle.

Ainsi, en Ouganda, suite aux récentes découvertes de nappes de pétrole, le budget total du gouvernement devrait pratiquement doubler d'ici à 2016. Ceci pourrait permettre de scolariser tous les enfants en âge de fréquenter l'école primaire ou un premier cycle du secondaire.

En République démocratique populaire lao, en 2013, la valeur du cuivre et de l'or a probablement doublé par rapport à 2008, une augmentation qui devrait permettre au pays de multiplier par deux son budget de l'éducation et de pratiquement réaliser l'enseignement primaire universel.

La République démocratique du Congo (RDC) perçoit moins de 10 % des revenus générés par ses minéraux alors que les 90 % restants reviennent aux sociétés d'extraction. Rechercher un meilleur compromis avec ces sociétés et mobiliser des recettes publiques plus importantes pourraient permettre de scolariser l'ensemble des enfants en âge de fréquenter l'école primaire, soutient le rapport.

« De nombreux pays ont mal géré les recettes tirées de leurs ressources naturelles, ont mal négocié les contrats conclus avec les sociétés extractives ou ont fait de mauvais choix en matière de dépenses » a déclaré la principale rédactrice de ce rapport, Pauline Rose. « Dans certains cas, au lieu d'être affectés à l'éducation, les fonds ont été utilisés pour des conflits armés. Si leurs recettes étaient mieux gérées et si 20 % de ces recettes était allouées à l'éducation, dix des 17 pays que nous avons analysés pourraient réaliser l'enseignement primaire universel. »