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États-Unis: des experts de l'ONU condamnent le recours à la détention arbitraire à Guantanamo

Le Rapporteur spécial sur la lutte contre le terrorisme et les droits de l'homme, Ben Emmerson.
ONU/Jean-Marc Ferré
Le Rapporteur spécial sur la lutte contre le terrorisme et les droits de l'homme, Ben Emmerson.

États-Unis: des experts de l'ONU condamnent le recours à la détention arbitraire à Guantanamo

Un groupe d'experts indépendants des Nations Unies a appelé mercredi les États-Unis à respecter et assurer les droits à la vie, à la santé et à l'intégrité physique et morale des détenus de la prison de Guantanamo, alors que plusieurs d'entre eux sont en grève de la faim pour protester contre leur détention arbitraire.

« À Guantanamo, la détention indéfinie d'individus pour la plupart jamais inculpés est source de souffrances, de stress, de peur et d'anxiété, et constitue un traitement cruel, inhumain et dégradant », affirme le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, Juan Mendez, dans un communiqué de presse.

De son côté, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l'homme et la lutte antiterroriste, Ben Emmerson, rappelle que le gouvernement des États-Unis a reconnu qu'au moins 86 prisonniers de Guantanamo ont été autorisés à être transférés. « Cela signifie que toutes les agences du gouvernement ont confirmé que ces détenus ne présentaient pas de risques particuliers pour la sécurité des États-Unis », précise-t-il.

« Parmi ces 86 prisonniers, 56 sont des ressortissants yéménites privés de liberté uniquement en raison de leur nationalité et de la situation politique dans leur pays. Il s'agit là d'une violation flagrante du principe de non-discrimination et leur détention est donc arbitraire et contraire au droit international », plaide de son côté le Président-Rapporteur du Groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire, El Hadji Malik Sow.

Alors que nombre de détenus se sont lancés dans une grève de la faim, le Rapporteur spécial sur le droit à la santé, Anand Grover, souligne quant à lui que le personnel soignant ne peut alimenter les détenus sous la contrainte.

« Les personnel soignant ne peut exercer de pression sur des individus ayant décidé faire une grève de la faim et il n'est pas acceptable de faire usage de menaces ou de la force, ou de tout autre forme de coercition physique ou mentale, à leur encontre », affirme M. Grover.

Les experts exhortent donc le gouvernement des États-Unis à prendre des mesures concrètes pour mettre fin à la détention arbitraire, libérer les détenus concernés ou les poursuivre en justice dans le cadre d'une procédure régulière et dans le respect des droits de l'homme, permettre la surveillance par des organisations internationales des droits de l'homme de la situation à Guantanamo et œuvrer à la fermeture, dans les meilleurs délais, de ce centre de détention.

Ils rappellent enfin qu'au cours de la dernière décennie, nombre d'entre eux ont demandé de manière répétée l'accès à la base navale de Guantanamo et la possibilité de s'entretenir avec les détenus – une demande systématiquement rejetée par le gouvernement américain.