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Darfour : « Pas de solution militaire » à la crise actuelle, prévient le Secrétaire général adjoint Ladsous

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, au Conseil de sécurité.
ONU/Evan Schneider
Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, au Conseil de sécurité.

Darfour : « Pas de solution militaire » à la crise actuelle, prévient le Secrétaire général adjoint Ladsous

Alors que le Darfour est émaillé de violences intercommunautaires meurtrières, et que les mesures de sécurité qui y ont été imposées entravent les efforts de maintien de la paix, le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU a exhorté lundi la communauté internationale à aider les belligérants à parvenir à un règlement politique de leurs contentieux.

« La situation au Darfour est troublante à tout point de vue », a déclaré le Secrétaire général adjoint aux affaires de maintien de la paix, Hervé Ladsous, venu présenter au Conseil de sécurité le dernier rapport en date sur les activités de l'Opération hybride Union africaine-Nations Unies (MINUAD) dans cette région soudanaise déchirée par les conflits.

Résoudre le conflit exige un effort conjoint du Conseil, de l'Union africaine et plus largement de la communauté internationale pour convaincre les parties qu'« il n'y a pas de solution militaire à la crise ». Dans ce contexte marqué par l'émergence de nouvelles crises, maintenir l'attention sur la situation au Darfour reste plus important que jamais, a souligné M. Ladsous.

« Les populations du Darfour subissent des conflits et des souffrances depuis bien trop longtemps », a-t-il poursuivi, exhortant le Conseil à faire tout son possible pour soulager les souffrances des populations locales et mettre fin aux combats, en soutenant la MINUAD et en exerçant une pression supplémentaire sur les parties au conflit pour les contraindre à un règlement négocié.

Malgré des progrès « légèrement » encourageants dans le processus de paix, le Secrétaire général adjoint a déclaré qu'un règlement politique pleinement inclusif était loin d'avoir été atteint. La MINUAD travaille d'arrache-pied pour s'acquitter de son mandat dans des circonstances très difficiles. Une coopération renforcée de la part des autorités soudanaises et de meilleurs équipements pour les personnels militaires et policiers sont nécessaires pour permettre à la mission d'opérer au maximum de ses capacités.

S'agissant des développements récents liés au processus de paix, M. Ladsous a relevé que les personnes déplacées s'étaient livrées à des manifestations pacifiques dans les camps de Kalma et d'Hassa Hissa dans le sud et le centre du Darfour, pour protester contre l'insécurité, les conflits fonciers et la prédominance des milices armées, raisons pour lesquelles ils se sont opposés à la Conférence des donateurs de Doha.

Néanmoins, les participants à la Conférence, qui s'est déroulée les 7 et 8 avril, ont exprimé leur soutien à la stratégie de développement du Darfour, promettant un total de 3,7 milliards de dollars, dont 2,65 ont déjà été engagés par le Soudan, et 500 millions par le Qatar. L'objectif initial était de 7,2 milliards de dollars pour la stratégie de développement, qui doit s'étaler sur six ans.

En ce qui concerne l'adoption du Document de Doha par le Mouvement justice et égalité (JEM), dirigé par Mohamed Bachar, le Secrétaire général adjoint a indiqué que des hostilités avaient opposé, le 18 avril, ce groupe aux forces loyales à Jibril Ibrahim, près de Darma, au nord-est d'El Geneina. La MINUAD enquête sur les circonstances dans lesquelles les affrontements se sont produits.

Le 24 avril, le MJE a annoncé qu'il comptait se retirer immédiatement du gouvernement, invoquant les retards pris par la mise en œuvre du Document de Doha et l'expulsion le jour même du Soudan de l'International Republican Institute, une organisation non gouvernementale prêtant une assistance technique aux JEM à l'appui de sa transition vers un parti politique.

En matière de sécurité, Hervé Ladsous a indiqué que les affrontements avaient déplacé plus de 200.000 personnes, dont 24.000 au Tchad – plus que le total de l'an dernier.

Suite à ces hostilités, le gouvernement et la faction Minni Minawi de l'Armée de libération du Soudan (SLA) se sont affrontés dans l'est et au sud du Darfour. Le 6 Avril, ce groupe a pris le contrôle de Labado et de Muhajeria, dans l'est du Darfour. Le lendemain, ils se sont emparés du village d'Ishma, au sud du Darfour, contraignant près de 33.000 personnes à se réfugier près des locaux de la MINUAD sur place.

Les violences intercommunautaires au Darfour ont également causé de grandes souffrances parmi la population civile. Le 3 avril, une tentative de vol à main armée a déclenché des affrontements entre des milices principalement issus des tribus Misseriya et Salamat, à Um Dukhun, le centre du Darfour. Des combats sporadiques entre groupes armés un peu partout dans la région. Plus de 68 personnes auraient trouvé la mort dans ces violences et 60 autres auraient été blessées.

Les restrictions de mouvement et d'autres obstacles imposés par les parties belligérantes ont continué d'entraver les opérations de la MINUAD, a noté M. Ladsous. Plus tôt ce mois-ci, les forces gouvernementales ont empêché des hélicoptères de la MINUAD de quitter Shangil Tobaya et Afaf Umra, respectivement, après que les équipages ont refusé de transporter des responsables locaux qui ne figuraient pas sur la liste des passagers. Les vols ont finalement décollé, sans ces individus, après plusieurs heures de négociations.

Par ailleurs, les autorités soudanaises ont accordé 401 nouveaux visas au personnel de la police civile de la MINUAD, a indiqué M. Ladsous, tout en notant qu'au 25 avril, 858 visas étaient encore en attente, dont 533 pour la police civile.