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Guatemala : le Conseiller spécial de l'ONU demande la reprise du procès contre l'ancien chef d'État, jugé pour génocide

Adama Dieng, le  Conseiller spécial pour la prévention du génocide.ONU Photo/Rick Bajornas
Adama Dieng, le Conseiller spécial pour la prévention du génocide.ONU Photo/Rick Bajornas

Guatemala : le Conseiller spécial de l'ONU demande la reprise du procès contre l'ancien chef d'État, jugé pour génocide

Le Conseiller spécial des Nations Unies pour la prévention du génocide, Adama Dieng, a exhorté mardi les autorités judiciaires du Guatemala à mener à bien les procès contre l'ancien chef d'État, José Efraín Rios Montt, et l'ancien chef des services de renseignement, José Mauricio Rodriguez Sanchez, afin d'établir clairement les responsabilités dans les atrocités commises entre 1960 et 1996.

Le Conseiller spécial des Nations Unies pour la prévention du génocide, Adama Dieng, a exhorté mardi les autorités judiciaires du Guatemala de mener à bien les procès contre l'ancien chef d'État, José Efraín Rios Montt, et l'ancien chef des services de renseignement, José Mauricio Rodriguez Sanchez, afin d'établir clairement les responsabilités dans les atrocités commises entre 1960 et 1996.

MM. Montt et Rodriguez sont accusés de génocide et de crimes contre l'humanité pour des violations systématiques des droits de l'homme de la population Maya Ixil du département de Quiche, au Guatemala, entre 1982 à 1983. D'après la Commission de clarification historique, formée au lendemain de l'accord de paix en 1996 et soutenue par l'ONU, un génocide a été perpétré à ces dates.

Le 18 avril dernier, un juge d'une Cour de première instance a demandé la suspension du procès à l'encontre des deux accusés, alors qu'il était sur le point d'être conclu. Jugeant cette décision illégale, le panel des juges qui préside le procès l'a suspendu le temps que la Cour constitutionnelle se prononce à ce sujet.

« J'appelle les autorités judiciaires à agir de façon responsable et à prévenir toute tentative d'ingérence, d'entrave à la justice ou de manipulation, susceptibles de porter préjudice à la crédibilité de la justice guatémaltèque », indique M. Dieng dans un communiqué de presse.

« Les victimes des atrocités commises lors de la guerre civile au Guatemala et leurs familles ont suffisamment patienté pour obtenir justice. J'espère qu'ils n'auront plus longtemps à attendre, ni à craindre un déni de justice », souligne-t-il, rendant également hommage au courage des victimes ayant témoigné.

M. Dieng a également salué le travail assidu des avocats et des organisations de la société civile pour rassembler et analyser des éléments de preuve à charge contre MM. Montt et Rodriguez, ainsi que celui du bureau du Procureur et de tous ceux qui ont œuvré à mettre fin à l'impunité pour les crimes commis lors de la guerre civile.

Un représentant du Conseiller spécial pour la prévention du génocide était présent lors des séances des 18 et 19 avril, compte-tenu de l'importance particulière de ce procès.

« C'est la première fois qu'un ancien chef d'État est inculpé pour génocide par une juridiction nationale. Avec ce procès, le Guatemala a établi un précédent historique qui devrait servir d'exemple pour tous les États ayant manqué à leur responsabilité de poursuivre les individus coupables de violations graves et massives des droits de l'homme », se félicite M. Dieng.

« Ce procès permettra au Guatemala de consolider le processus de paix et d'établir la confiance entre les différents communautés de la population. Une telle confiance et la crédibilité des institutions sont indispensables pour la prévention de violations à venir », ajoute-t-il.