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Un expert de l'ONU appelle à un soutien international pour écarter tout risque de terrorisme au Burkina Faso

Le Rapporteur spécial sur la lutte contre le terrorisme et les droits de l'homme, Ben Emmerson.
Le Rapporteur spécial sur la lutte contre le terrorisme et les droits de l'homme, Ben Emmerson.

Un expert de l'ONU appelle à un soutien international pour écarter tout risque de terrorisme au Burkina Faso

Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l'homme et la lutte antiterroriste, Ben Emmerson, a mis en garde vendredi quant au fait que le Burkina Faso reste vulnérable à la menace d'une attaque terroriste, à la propagation de conflits armés à travers ses frontières, et à l'émergence de l'intolérance religieuse, de la radicalisation et de l'extrémisme violent parmi sa population.

« Toute attaque majeure contre des infrastructures ou à la sécurité du Burkina Faso saperait la cohésion sociale dans le pays, entraverait les investissements étrangers, et déstabiliserait davantage la région », a déclaré l'expert indépendant de l'ONU au terme d'une mission de cinq jours dans le pays.

« La communauté internationale doit veiller à ce que le matériel et les autres ressources nécessaires pour protéger ce petit État paisible contre les menaces à la fois internes et externes soient mis à sa disposition », a déclaré M. Emmerson, en exhortant l'Union Européenne, l'ONU et les autres bailleurs de fonds internationaux, à maintenir et accroître le soutien international au Burkina Faso.

L'expert indépendant a recommandé aux bailleurs de fonds de cibler leur soutien sur des mesures qui contribuent à assurer la stabilité et la justice sociale, ainsi que la protection des frontières du pays, la réduction de la pauvreté, la promotion de l'investissement étranger et la création d'emplois et de richesse dans le pays.

« Il serait naïf de penser que le pays n'est pas exposé à un risque », a souligné M. Emmerson, notant la proximité géographique du Burkina Faso avec le conflit dans le nord du Mali, la longueur et l'insécurité de ses frontières avec le Mali et le Niger, l'instabilité économique du pays et de son manque de ressources naturelles.

Il a également attiré l'attention sur les tensions politiques et sociales actuelles, en particulier parmi les 18 -25 ans, qui détiennent le plus haut taux de chômage et quant au fait que près de la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.

« Il est essentiel qu'un État vulnérable et géographiquement exposé ait les outils à sa disposition pour garantir la sécurité de ses frontières et celle des investissements étrangers essentiels à son développement, et ce afin de résoudre les problèmes économiques, sociaux, politiques et ceux relatifs aux droits de l'Homme. En effet, ceux-ci peuvent très facilement devenir des conditions propices à la propagation du terrorisme », a souligné M. Emmerson.

Le Rapporteur spécial a salué l'engagement du pays visant à mener des négociations de paix et à installer une coexistence pacifique au sein d'une sous-région qui a été entraînée par des conflits dans les pays voisins. Il a également rappelé le rôle de négociateur principal joué par le Burkina Faso en vue d'établir une paix durable dans le cadre des grands conflits de la région. Il a expliqué que ce rôle est « largement dû à une longue tradition profondément ancrée de tolérance religieuse et ethnique, de dialogue et de coopération entre ses habitants ».

« Le Burkina Faso joue un rôle essentiel dans la promotion de la paix et du dialogue dans la sous-région », a déclaré M. Emmerson. « Il occupera presque certainement une position importante de médiateur dans les négociations à venir concernant l'avenir du Mali, et contribuera de manière significative au maintien de tout accord qui aura été conclu ».