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Une étude de la FAO prévient du risque d'extinction des requins de la Méditerranée et de la mer Noire

Photo: CITES
CITES
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Une étude de la FAO prévient du risque d'extinction des requins de la Méditerranée et de la mer Noire

Selon une étude de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) publiée jeudi, les populations de requins de la Méditerranée et de la mer Noire ont diminué de façon spectaculaire au cours des deux derniers siècles et sont actuellement menacées d'extinction, avec de graves implications pour les chaînes trophiques et l'ensemble du système marin de la région.

Selon les estimations de la FAO, le nombre et le poids vif de requins méditerranéens ont chuté de plus de 97% au cours des 200 dernières années. Si la pression de pêche ne se relâche pas, ces grands poissons risquent l'extinction. En mer Noire, malgré le peu d'informations disponibles, les prises des principales espèces de requin ont reculé de moitié par rapport au début des années 90.

Selon les auteurs de l'étude menée par la Commission générale des pêches pour la Méditerranée (CGPM), l'un des organismes régionaux de la FAO intervenant dans le secteur de la pêche, ce déclin des grands prédateurs pourrait avoir des conséquences lourdes sur l'ensemble de l'écosystème marin, en affectant grandement les réseaux trophiques de la région.

Les observations de la CGPM montrent que les poissons cartilagineux tels que les requins et les raies constituent de loin le groupe de poissons marins le plus menacé de la Méditerranée et de la mer Noire, où on en recense 85 espèces. Les poissons cartilagineux ont un squelette fait de cartilage, et non d'os. Ces espèces ont une faible fécondité, une maturité tardive et un développement lent, ce qui accentue leur vulnérabilité.

En général, les requins et les raies ne sont pas délibérément ciblés en Méditerranée et en mer Noire, mais font l'objet de prises accessoires. Les débarquements annuels agrégés déclarés dans ces zones avoisinent actuellement 7.000 tonnes, contre 25.000 tonnes en 1985, écart qui souligne la gravité de l'appauvrissement des stocks.

L'étude de la FAO précise cependant que les activités de pêche ciblant les requins se sont intensifiées pour répondre à la demande accrue d'ailerons, de chair et de cartilage de requin.

À cette intensification s'ajoutent les perturbations que subissent les habitats de ces poissons du fait de la navigation, de la construction ou de l'exploitation minière sous-marines, ou encore de la pollution chimique, sonore et électromagnétique.

Les dernières mesures adoptées par la Commission pour protéger les requins et les raies incluent notamment l'interdiction de prélever les ailerons et l'interdiction du chalutage dans les 3 milles marins afin de préserver les stocks côtiers.

La Commission recommande également aux pays du bassin méditerranéen et bordant la mer Noire d'investir dans des programmes de recherche scientifique visant à identifier des zones de reproduction potentielles et d'envisager des fermetures par période et par zone pour protéger les requins et les raies juvéniles des activités de pêche.