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Pillay : les États doivent veiller à protéger la santé des enfants de toute forme de discrimination

La Haut Commissaire aux droits de l'homme, Navi Pillay.
ONU/Violaine Martin
La Haut Commissaire aux droits de l'homme, Navi Pillay.

Pillay : les États doivent veiller à protéger la santé des enfants de toute forme de discrimination

Les États ont l'obligation de veiller à ce tous les enfants aient accès aux soins de santé sans se heurter à la discrimination, a déclaré jeudi la Haut Commissaire aux droits de l'homme, Navi Pillay, soulignant que nombre d'entre eux étaient vulnérables à la marginalisation. Elle participait à la réunion annuelle sur les droits de l'enfant, qui se déroule en marge de la 22ème session du Conseil des droits de l'homme.

« Une approche fondée sur les droits de l'enfant met l'accent sur le besoin d'éliminer l'exclusion et de réduire les inégalités en matière de soins de santé entre les différents groupes d'enfants », a-t-elle déclaré, rappelant que le droit à la santé est consacré par la Déclaration universelle des droits de l'homme et l'article 12 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.

Les deux tiers des 6,9 millions d'enfants qui meurent chaque année dans le monde avant l'âge de cinq ans pourraient être sauvés, par traitement ou prévention, a assuré la Haut Commissaire. Le risque de mourir avant l'âge de cinq ans est dix-huit fois plus élevé dans les pays en développement, a-t-elle poursuivi, précisant que toutes les heures, quelque 300 enfants meurent de malnutrition à travers le monde, tandis qu'il y a plus de 42 millions d'enfants en surpoids dans le monde. Une situation inacceptable qui exige donc des mesures concrètes et urgentes de la part des États.

La communauté internationale doit par conséquent se pencher sur toutes ces questions, sans oublier les autres enfants, tels ceux des rues, ceux qui se trouvent dans les hôpitaux ou encore ceux qui se trouvent dans des situations d'extrême pauvreté; leur vulnérabilité particulière devant être reconnue et abordée comme telle, a insisté Mme Pillay. Selon elle, les défis d'aujourd'hui nécessitent une coopération entre tous les acteurs pertinents: États, familles, institutions ou encore secteur privé.

De son côté, la Représentante spéciale du Secrétaire général sur la violence à l'encontre des enfants, Marta Santos Pais, a souligné l'importance du renforcement des instruments juridiques internationaux, rappelant que la campagne de l'ONU en faveur de la ratification universelle du Protocole facultatif à la Convention sur les droits de l'enfant lancée en 2010 par le Secrétaire général avait eu un rôle catalyseur.

Depuis lors, 26 États de plus ont adhéré au Protocole facultatif, qui porte sur la vente d'enfants, la prostitution enfantine et la pornographie mettant en scène des enfants. Et plus des deux tiers de ceux qui ne sont pas encore parties ont annoncé formellement leur intention d'y adhérer, dans le contexte de l'examen périodique universel ou devant les mécanismes des droits de l'homme, s'est-elle félicitée.

On se rapproche par conséquent de la ratification universelle, Mme Santos Pais appelant les membres du Conseil à la soutenir dans ce combat. Elle a souligné que l'autre priorité de son mandat visait à améliorer la prise de conscience et à approfondir la connaissance sur la prévention de la violence et sur la protection des enfants à l'exposition à la violence.

La Représentante spéciale du Secrétaire général a déclaré que les missions sur le terrain ont constitué une autre stratégie essentielle de l'idée qu'elle a de son mandat, ajoutant que ce processus a d'ores et déjà donné des résultats significatifs. Le nombre de pays s'étant doté d'une politique sur la violence contre les enfants a presque doublé, passant de 47 à plus de 80. Quant aux pays qui bannissent absolument toute forme de violence, ils sont passés de 16 à 34.

Ces trois dernières années ont ainsi permis de susciter un élan en faveur de la protection des enfants. Mais « le voyage ne fait que commencer », a-t-elle reconnu, avant de mettre en garde contre les effets délétères des politiques d'austérité qui conduisent à réduire les budgets de développement et d'éducation.