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Un expert de l'ONU appelle à une enquête internationale sur les circonstances de la mort d'un palestinien détenu par Israël

Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, Richard Falk.
Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, Richard Falk.

Un expert de l'ONU appelle à une enquête internationale sur les circonstances de la mort d'un palestinien détenu par Israël

Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés, Richard Falk, a demandé mercredi une enquête internationale pour établir les circonstances de la mort du prisonnier palestinien Arafat Jaradat, qui est décédé lors d'un interrogatoire dans un centre de détention israélien.

« La mort d'un prisonnier lors d'un interrogatoire est toujours une raison de s'inquiéter, mais dans ce cas, alors que les israéliens ont montré une habitude d'abus des prisonniers, la nécessité de lancer une enquête externe et crédible est plus urgente que jamais auparavant », a affirmé M. Falk.

« La meilleure approche pourrait être l'établissement d'une équipe médico-légale sous les auspices du Conseil des droits de l'homme de l'ONU », a-t-il ajouté.

Le Rapporteur spécial a souligné que l'évaluation du médecin légiste en chef palestinien, Dr. Saber Aloul, qui a assisté à l'autopsie effectuée en Israël, a établi des traces de tortures sur le corps de M. Jaradat qui avait 30 ans au moment du décès et qui était en bonne santé.

Les autorités israéliennes affirment que M. Jaradat est mort d'une crise cardiaque, mais les conclusions préliminaires de l'autopsie ne précisent pas la raison du décès.

« À la lumière des conclusions du Dr. Aloul, qui affirme qu'il n'existe pas de preuves d'une maladie ou d'un problème cardiaque, et qu'il y avait des traces de torture sur le corps de M. Jaradat, une enquête internationale devrait être lancée », a indiqué M. Falk.

Selon l'organisation israélienne de défense des droits de l'homme, B'tselem, plus de 700 détenus palestiniens ont déposé des plaintes contre des agents de l'agence israélienne de sécurité Shin Bet pour des actes de mauvais traitement lors d'interrogatoires au cours de la dernière décennie. Pas une seule de ces plaintes n'a mené à l'ouverture d'une enquête criminelle.

Parmi les plaintes sur les violations israéliennes sont le transfert de prisonniers, dont des enfants, du Territoire palestinien occupé vers Israël pour des interrogatoires ou la détention, en violation de la Convention de Genève, la détention administrative de personnes sans inculpation ni procès, une pratique qui concerne actuellement 159 des 4.600 palestiniens détenus par Israël, et la détention en isolation pour les périodes prolongées d'interrogatoires sans accès à un avocat ou à des visites familiales.

B'tselem a précisé que si le nombre d'incidents de violence physique contre des détenus a baissé au cours des dernières années, ils surviennent toujours.

M. Jaradat était originaire du petit village de Sa'ir à proximité de la ville palestinienne de Hébron, où il travaillait dans une station essence. Il était père d'une fille de quatre ans et un fils de deux ans et son épouse Dalal est enceinte de leur troisième enfant.

« En tant que puissance occupante, Israël a une responsabilité spéciale selon le droit humanitaire international de traiter humainement les palestiniens en détention, et la communauté internationale doit assurer que ces obligations sont respectées », a précisé M. Falk.