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Le Conseil de sécurité doit s'unir afin de protéger les civils dans les zones de conflit, affirment Ban et Pillay

La Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Navi Pillay, s'adresse au Conseil de sécurité lors d'un débat sur la protection des civils dans les conflits armés.
ONU/Rick Bajornas
La Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Navi Pillay, s'adresse au Conseil de sécurité lors d'un débat sur la protection des civils dans les conflits armés.

Le Conseil de sécurité doit s'unir afin de protéger les civils dans les zones de conflit, affirment Ban et Pillay

Des responsables des Nations Unies ont souligné mardi la nécessité pour le Conseil de sécurité d'agir de manière unie afin de protéger les civils en situation de conflit armé, en Syrie et dans de nombreux autres pays.

« Il y aura toujours des désaccords au sein de la communauté internationale sur les moyens de répondre à une situation donnée, mais lorsque des dizaines de milliers de vies civiles sont menacées, come c'est actuellement le cas en Syrie, le monde est en droit d'attendre que le Conseil de sécurité s'unisse dans l'action », a déclaré la Haute Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, aux 15 membres du Conseil.

Lors d'un débat public sur la protection des civils dans les conflits armés, Mme Pillay a rappelé que le nombre de Syriens tués depuis le soulèvement contre le régime du Président Bachar Al-Assad en mars 2011 approchait probablement les 70.000.

« Le Conseil de sécurité n'est jamais meilleur que lorsqu'il agit en faisant preuve d'unité. Le manque de consensus sur la Syrie et l'inertie qui en découle ont été désastreux et les civils de tout bord en ont payé le prix », a-t-elle ajouté.

« Nous serons jugés à l'aune de cette tragédie qui s'est déroulée sous nos yeux », a-t-elle lancé. « Ce Conseil, ainsi que ceux d'entre nous qui ont de hautes responsabilités aux Nations Unies, seront interrogés à juste titre sur ce qu'ils ont fait ».

Selon la Haut Commissaire, le Conseil de sécurité pouvait prendre une mesure immédiate : renvoyer la situation en Syrie devant la Cour pénale internationale. « Cela adresserait, à la fois au Gouvernement et à l'opposition, un message clair, selon lequel leurs actions ne resteraient pas sans conséquences tout en ayant un effet dissuasif considérable. »

Par contraste, a-t-elle noté, le Conseil de sécurité est parvenu à un consensus s'agissant de la situation au Mali, où le Haut Commissariat dépêche des officiers des droits de l'homme depuis la semaine dernière.

Soulignant les domaines susceptibles d'être améliorées, elle a relevé que le signalement, le plus tôt possible, de violations des droits de l'homme et du droit humanitaire international pourrait permettre plus facilement au Conseil de sécurité et à l'ensemble du système des Nations Unies de parvenir à un consensus et de prendre des décisions informées. L'élément le plus important, a-t-elle affirmé, est le consensus politique le plus tôt possible parmi les États Membres de l'ONU.

La réunion d'aujourd'hui était présidée par le Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, Kim Sung-hwan, dont le pays dirige les travaux du Conseil de sécurité au mois de février.

Dans sa propre allocution, le Secrétaire général Ban Ki-moon a lui aussi relevé que les civils continuaient d'être exposés à des menaces inacceptables dans des zones de conflit à travers le monde.

« Les belligérants continuent de violer en toute impunité les droits de l'homme et le droit humanitaire international. Et les efforts des Nations Unies et d'autres acteurs humanitaires pour fournir assistance et protection sont entravés par la violence. »

En Syrie, a souligné M. Ban, « chaque jour qui passe s'accompagne d'un rappel douloureux du coût humain de la guerre. »

Et si la situation en Syrie est « particulièrement aigue et difficile », des civils en Afghanistan, en République centrafricaine, en République démocratique du Congo (RDC), au Mali, au Myanmar, en Somalie, au Soudan du Sud, au Soudan et ailleurs, continuent de souffrir et de mourir parce que les parties au conflit ignorent leurs obligations de protéger.

« Mais souvenons-nous que cette obligation n'incombe pas seulement aux parties au conflit. Nous avons tous la responsabilité de protéger », a lancé le Secrétaire général, avant de prévenir que l'échec à y parvenir pouvait contribuer directement à la commission de crimes atroces.

M. Ban a ensuite recommandé un certain nombre de mesures, soulignant l'importance, pour toutes les parties au conflit, d'éviter l'usage d'explosifs dans des zones fortement peuplées et de parvenir d'urgence à un accord robuste et global sur le commerce des armes qui tienne compte des conséquences humanitaires d'une circulation mal réglementée de telles armes.

Le Conseil, a-t-il poursuivi, doit aussi insister sur la responsabilité première des États de protéger les civils. Le Secrétaire général a appelé ce dernier à être le chef de file en la matière et à s'assurer que les auteurs de violations des droits de l'homme et du droit humanitaire international soient tenus pour responsables de leurs actes.

Il a aussi appelé les Etats à reconnaître la nécessité pour les acteurs humanitaires de développer des contacts avec toutes les parties étatiques et non étatiques, pour renforcer le respect des droits de l'homme et du droit humanitaire international et améliorer l'accès aux populations.

M. Ban a en outre exhorté le Conseil de sécurité à recourir plus souvent aux commissions d'enquêtes et aux missions d'établissement de fait pour vérifier les allégations d'atteinte aux droits de l'homme et au droit humanitaire. Il a enfin jugé indispensable de faire en sorte que les opérations de maintien de la paix qui ont dans leur mandat la protection des civils soient dotées des moyens d'action nécessaires.