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Inde : Navi Pillay salue l'élan en faveur de l'abolition de l'«ébouage manuel»

Des femmes Dalit, aux abords du village de Chakrapanpur, dans le district de Varanassi, brandissent leurs cartes de travail.
Leena Patel/UN Women
Des femmes Dalit, aux abords du village de Chakrapanpur, dans le district de Varanassi, brandissent leurs cartes de travail.

Inde : Navi Pillay salue l'élan en faveur de l'abolition de l'«ébouage manuel»

La Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme a salué jeudi les récentes mesures prises par l'Inde en vue d'éradiquer la pratique de l'«ébouage manuel», considérée comme une forme de discrimination à l'égard des femmes de la caste Dalit.

La Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, a salué jeudi les récentes mesures prises par le gouvernement de l'Inde en vue d'éradiquer la pratique de l'« ébouage manuel », considérée comme une forme de discrimination fondée sur les notions de genre et de caste.

L'« ébouage manuel » désigne la tâche, réservée aux Dalit, consistant à retirer les excréments humains des latrines et des conduites d'égout. En novembre dernier, des milliers de femmes issues de cette « sous-caste » d'« intouchables », ont entamé une marche nationale de 63 jours pour demander l'éradication de cette pratique dégradante et leur réhabilitation. Cette marche, qui a couvert 200 districts dans 18 états de l'Inde, s'achèvera jeudi dans la capitale New Dehli.

« Je félicite les efforts vigoureux des organisateurs et de tous les participants – en particulier les milliers de femmes émancipées– qui ont marché à travers tout le pays pour soutenir celles qui sont toujours contraintes de se livrer à cette pratique dégradante », a déclaré Mme Pillay.

« De par sa nature même, l'ébouage manuel a contribué à la perpétuation d'un cycle de stigmatisation et d'aliénation », a-t-elle expliqué, en rappelant que cette occupation « profondément malsaine, répugnante et dépourvue de la moindre dignité » était réservée aux Dalit en raison de l'ostracisme dont elles sont victimes.

Encouragée de constater que la marche a bénéficié d'un large soutien à travers toute la société indienne, la Haut Commissaire a plaidé en faveur de l'abolition pure et simple de cette activité, qui n'a pas selon elle sa place dans l'Inde du 21ème siècle.

En septembre dernier, un projet de loi prévoyant l'interdiction de l'ébouage manuel et la réinsertion de ceux et celles qui sont contraints de s'y livrer a été présenté par le Ministre de la justice sociale et de l'autonomisation de l'Inde au Parlement. Ce texte s'appuie sur un solide cadre législatif déjà promulgué, qui interdit l'« intouchabilité » et le travail servile, et fournit une définition très complète de l'ébouage manuel.

« L'Inde est déjà dotée d'un cadre juridique remarquable pour légiférer sur les discriminations fondées sur la notion de caste. L'élément déterminant de ce nouveau projet de loi est la reddition de comptes et la mise en œuvre des mesures qu'il prévoit. Il est également crucial que les ressources adéquates soient mises à disposition pour permettre la réinsertion des personnes émancipées », a prévenu Mme Pillay.

« C'est le seul moyen pour ces populations grossièrement exploitées de retrouver un environnement professionnel plus sain et digne et d'avoir finalement une opportunité concrète d'améliorer leurs vies et celles de leurs enfants et des générations à venir », a-t-elle ajouté.