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La crise au Mali s'accompagne de violations graves des droits de l'homme, selon le HCDH

Des enfants déplacés dans la capitale du Mali, Bamako, prennent un repas bienvenu.
HCR/H. Caux
Des enfants déplacés dans la capitale du Mali, Bamako, prennent un repas bienvenu.

La crise au Mali s'accompagne de violations graves des droits de l'homme, selon le HCDH

Le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) a exprimé vendredi sa préoccupation devant les violations des droits humains perpétrées au Mali en crise, dénonçant en particulier des meurtres, viols et actes de torture.

Ces violations sont documentées dans un rapport rendu public le 14 janvier par le HCDH, qui présente les conclusions d'une mission d'établissement des faits dépêchée en novembre 2012 dans le pays et la sous-région.

« Le rapport révèle que la situation actuelle des droits de l'homme est liée à des problèmes persistants et jamais résolus et que des violations ont été commises aussi bien dans le nord du pays que dans les zones contrôlées par le gouvernement situées dans le sud », a expliqué le porte-parole du HCDH, Rupert Colville, lors du point presse hebdomadaire de cette agence à Genève.

En janvier 2012, des membres du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), un groupe rebelle touareg, s'est servi d'étudiants comme boucliers humains afin de contraindre les forces militaires de se rendre avant d'exécuter 94 des 153 soldats capturés et désarmés. Plusieurs combattants touaregs auraient également subi des représailles de la part des forces gouvernementales dans le nord du pays.

Le rapport du HCDH liste également des violations graves perpétrées contre des civils par les groupes islamistes armés au nom de leur interprétation extrême de la charia, qu'il s'agisse d'exécutions, d'amputations, de disparitions forcées ou de l'enrôlement d'enfants-soldats. Les femmes sont tout particulièrement visées par ces violations.

« Des viols de femmes et de filles, parfois devant les membres de leur famille, ont été commis, souvent sur la base de l'appartenance ethnique, pour intimider les civils et dissuader toute forme de résistance, dans une culture où le viol constitue un tabou et les victimes sont frappées d'ostracisme », a relevé M. Colville.

Le HCDH a exprimé sa préoccupation devant l'exacerbation des tensions intercommunautaires et mis en garde contre les risques de représailles vis-à-vis des ethnies touaregs ou arabes, souvent assimilées aux groupes armés.

Appelant toutes les parties prenantes à respecter les normes du droit humanitaire international et des droits de l'homme, le HCDH a salué l'annonce faite par le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) d'ouvrir une enquête sur les violations graves des droits de l'homme au Mali.

« C'est une décision importante pour les victimes, qui adresse un message aux auteurs de violations, selon lequel ils seront tenus pour responsables de leurs crimes », a souligné M. Colville.

Parallèlement, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a annoncé vendredi le renforcement de son dispositif dans la région autour du Mali afin de pouvoir prêter assistance aux personnes déplacées et aux réfugiés fuyant les combats.

« Au Burkina Faso, nous avons redéployé des membres du personnel de Ouagadougou à la frontière afin de renforcer l'assistance dans les camps de réfugiés situés dans la région administrative burkinabé du Sahel. Notre nouveau dispositif permet de venir en aide à 300.000 déplacés de plus au Mali et à 407.000 réfugiés dans les pays voisins », a expliqué la porte-parole du HCR, Melissa Fleming, lors de la même conférence de presse.

Les déplacements de populations civiles ont augmenté depuis le début des affrontements et des attaques aériennes lancées par la France le 11 janvier. Le HCR estime à 147.000 le nombre de réfugiés maliens dans les pays voisins.

De son côté, le Programme alimentaire mondial (PAM) a indiqué que sa présence au nord du Mali sera réduite à un strict minimum en raison des violences et de l'insécurité. L'agence a toutefois donné l'assurance que la distribution alimentaire reprendrait dès que possible et qu'elle réfléchit à de nouveaux moyens d'acheminer l'aide.