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OIT : des millions de travailleurs domestiques dans le monde ont besoin d'une protection sociale

Un travailleur domestique lave des vêtements à la main à New Delhi, en Inde.
ILO/B. Patel
Un travailleur domestique lave des vêtements à la main à New Delhi, en Inde.

OIT : des millions de travailleurs domestiques dans le monde ont besoin d'une protection sociale

Selon un nouveau rapport publié mercredi par l'Organisation internationale du travail (OIT), des millions de travailleurs domestiques dans le monde – principalement des femmes – demeurent exclus de la protection dont jouissent les autres travailleurs.

Selon un nouveau rapport publié mercredi par l'Organisation internationale du travail (OIT), des millions de travailleurs domestiques dans le monde demeurent exclus de la protection dont jouissent les autres travailleurs. Au moins 52 millions de personnes dans le monde – principalement des femmes – sont employées en tant que travailleurs domestiques.

Le travail domestique représente 7,5% de l'emploi salarié des femmes dans le monde et une part bien plus grande dans certaines régions, en particulier en Asie et dans le Pacifique, en Amérique latine et dans les Caraïbes.

Entre le milieu des années 1990 et 2010, il y a eu une hausse de plus de 19 millions de travailleurs domestiques dans le monde. Beaucoup d'entre eux se sont expatriés pour trouver du travail. Il est probable que les chiffres contenus dans ce rapport sous-estiment la réalité du travail domestique dans le monde qui pourrait en fait concerner des dizaines de millions de personnes supplémentaires.

Les chiffres excluent également les enfants employés comme travailleurs domestiques âgés de moins de 15 ans qui ne sont pas pris en compte dans les enquêtes utilisées par le rapport. Leur nombre avait été estimé par l'OIT à 7,4 millions en 2008.

« On attend souvent des travailleurs domestiques qu'ils travaillent davantage que les autres travailleurs et dans de nombreux pays ils ne jouissent pas des mêmes droits au repos hebdomadaire que les autres travailleurs. Outre ce déficit en matière de droits, l'extrême dépendance vis-à-vis d'un employeur et la nature isolée et dépourvue de protection du travail domestique peuvent les rendre plus vulnérables à l'exploitation et aux abus », a déclaré la Directrice générale adjointe de l'OIT, Sandra Polaski, dans un communiqué de presse.

Le rapport suit l'adoption en juin 2011 d'une nouvelle convention et d'une recommandation de l'OIT sur le travail domestique. Ces nouvelles normes internationales ont pour but de garantir des conditions de travail et de rémunération décentes aux travailleurs domestiques à l'échelle mondiale. La convention a jusqu'à présent été ratifiée par trois pays. Trois autres pays ont achevé les procédures nationales de ratification et de nombreux autres les ont initiées.

Seuls 10% de l'ensemble des travailleurs domestiques sont couverts par la législation générale du travail au même titre que les autres travailleurs. Plus d'un quart d'entre eux sont exclus de la législation nationale du travail. Plus de la moitié des travailleurs domestiques n'ont aucune limite à la durée hebdomadaire du travail aux termes de la loi nationale et environ 45% n'ont aucun droit à un repos hebdomadaire. A peine plus de la moitié des travailleurs domestiques ont droit à un salaire minimum équivalent à celui des autres travailleurs.

Le statut juridique précaire des travailleurs domestiques immigrés et leur manque de connaissance de la langue et de la législation locales les rendent particulièrement vulnérables à des pratiques abusives, telles que les violences physiques et sexuelles, les abus psychologiques, le non-paiement des salaires, la servitude pour dette, et des conditions de vie et de travail abusives.

Les travailleurs résidant chez leur employeur sont particulièrement vulnérables à l'exploitation, puisqu'ils touchent souvent une modeste rémunération forfaitaire, hebdomadaire ou mensuelle, quel que soit le nombre d'heures travaillées. En pratique, cela signifie qu'un travailleur domestique doit être disponible autant que l'exige son employeur.

« Les fortes disparités qui existent en matière de salaires et de conditions de travail entre les travailleurs domestiques et le reste de la population active dans le même pays soulignent la nécessité d'agir au niveau national de la part des gouvernements, des employeurs et des travailleurs, afin d'améliorer la vie professionnelle de ces personnes vulnérables mais qui travaillent dur », a souligné Mme Polaski.