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Bahreïn : Ban regrette les peines sévères confirmées à l'encontre de 20 activistes politiques

Des manifestants à Manama, à Bahreïn, en décembre 2011. Photo Al Jazeera English
Des manifestants à Manama, à Bahreïn, en décembre 2011. Photo Al Jazeera English

Bahreïn : Ban regrette les peines sévères confirmées à l'encontre de 20 activistes politiques

Le Secrétaire général de l'ONU a « profondément » regretté mardi l'arrêt, rendu hier par la Cour de cassation du Bahreïn, qui confirme les peines sévères, notamment des emprisonnements à vie, prononcées contre 20 activistes politiques bahreïnis.

Ban Ki-moon « réaffirme sa ferme conviction selon laquelle la promotion de la paix, de la stabilité, de la justice et de la prospérité au Bahreïn ne peut se faire que par le biais d'un dialogue national portant sur les aspirations légitimes de tous les Bahreïnis, auquel toutes les communautés puissent participer librement, sans crainte ni intimidation », indique une déclaration transmise par son porte-parole.

Le Secrétaire général appelle également le gouvernement bahreïni à donner suite à son engagement, qu'il a réaffirmé récemment, en faveur d'une réforme judiciaire, précise le texte.

D'après les médias, les 20 activistes en question faisaient partie de dirigeants de l'opposition initialement condamnés par un tribunal militaire spécial en 2011 pour leur participation supposée à un complot visant à renverser l'état. Les peines s'échelonnent de cinq ans de prison à la prison à vie.

Les 20 militants auraient perdu un premier appel dans un tribunal civil en septembre dernier et la décision rendue hier confirme leurs chefs d'inculpation. Seulement 13 d'entre eux avaient fait appel, les autres ayant été jugés in absentia après avoir fui à l'étranger ou s'être cachés.

Depuis février 2012, soit un an après le début d'un mouvement de protestations populaires, cette petite monarchie du Golfe est régulièrement secouée par des affrontements entre forces de sécurité et manifestants. Une Commission d'enquête indépendante a été établie par le roi du Bahreïn en juin dernier afin d'enquêter sur les incidents survenus lors du soulèvement de 2011.

Le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) a lui aussi exprimé mardi sa déception devant la décision de la Cour de cassation, en dépit des recommandations émises par la Commission d'enquête et d'appels répétés de la communauté internationale.

« Nous regrettons la décision de confirmer lundi les condamnations de 13 militants pour leur rôle dans les manifestations en faveur de la démocratie, après deux années de procès et en dépit des conclusions de la Commission d'enquête indépendante du Bahreïn et des appels de la communauté internationale portants sur la procédure judiciaire et les allégations de torture », a déclaré la porte-parole du HCDH, Cécile Pouilly, lors d'une conférence de presse donnée à Genève.

« Ces personnes sont des militants des droits de l'homme et nous sommes préoccupés par le fait qu'ils ont été probablement condamnés à tort pour des activités légitimes, ainsi que par l'extrême sévérité de certaines peines, en particulier l'emprisonnement à vie », a-t-elle ajouté.

Le HCDH a également condamné la détention arbitraire du Vice-Président du Centre des droits de l'homme de Bahreïn, Saïd Yousif Al-Muhafdhah, arrêté le 17 décembre dernier alors qu'il surveillait le déroulement d'une manifestation dans la capitale Manama. M. Al-Muhafdhah avait dénoncé sur le réseau social Twitter les exactions des forces de sécurité et posté la photo d'un manifestant blessé. Le bureau du procureur se penchera sur son cas demain.

« Nous appelons les autorités du Bahreïn à le libérer immédiatement », a ajouté Mme Pouilly.