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DOSSIER : la Deuxième Commission, chargée de tracer les lignes de force d’un développement durable

L'Ambassadeur George Wilfred Talbot, du Guyana, Président de la Deuxième Commission de l'Assemblée générale, lors d'une séance publique.
ONU/Rick Bajornas
L'Ambassadeur George Wilfred Talbot, du Guyana, Président de la Deuxième Commission de l'Assemblée générale, lors d'une séance publique.

DOSSIER : la Deuxième Commission, chargée de tracer les lignes de force d’un développement durable

Chômage endémique, récurrence des catastrophes naturelles, écosystèmes en péril et crise de l’économie mondiale ne font pas simplement la une des journaux du monde entier. Ce sont-là quelques-uns des défis économiques et environnementaux les plus pressants débattus chaque année par l'Assemblée générale des Nations Unies lors de la partie principale de sa session.

Des six Grandes Commissions de l'Assemblée, la Deuxième, chargée des questions économiques et financières, a pour tâche de réfléchir aux stratégies et initiatives qui peuvent aider les États Membres à relever ces défis, autant de menaces pour leurs acquis économiques et leur avenir. Alors qu’il est désormais évident que les pays développés ne peuvent agir seuls, la coopération internationale joue un rôle déterminant pour consolider les fondements de l'économie mondiale.

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L'Assemblée générale examine les projets de résolution et de décision que lui a transmis sa Deuxième Commission (décembre 2012). Photo: ONU/Ryan Brown

« La Deuxième Commission doit affirmer son leadership dans l’élaboration d’approches cohérentes et coordonnées tant aux niveaux national qu’international et ce, afin de briser le cercle vicieux formé par une faible croissance économique, la montée du chômage et la fragilité du secteur financier », a déclaré le Représentant permanent du Guyana, George Talbot, Président en exercice de la Commission dans son allocution d’ouverture du débat général de la « Deuxième ».

« Nous devons envisager la refonte des politiques de lutte contre la pauvreté et promouvoir la création d’emplois, de même qu’un changement structurel afin de sécuriser un avenir durable pour tous », a-t-il ajouté.

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La Deuxième Commission entend une déclaration du Président de la 67ème session de l’Assemblée générale, Vuk Jeremic (novembre 2012). Photo: ONU/Evan Schneider

M. Talbot présidait cet automne un organisme dont le travail a gagné en complexité et en envergure au fil des années, car des questions aussi diverses que la dette souveraine, l'éradication de la pauvreté, les changements climatiques, l'énergie, la situation des pays sans littoral ou encore les technologies de l'information et de la communication (TIC) sont maintenant inscrites à son ordre du jour.

Si les liens entre ces points ne sont pas immédiatement évidents, ils ont tous en commun d’avoir un impact significatif sur l'économie et le travail de la Deuxième Commission est de proposer de nouveaux cadres de travail et lignes directrices susceptibles d’orienter les efforts des États Membres.

Au cours des deux mois que durent ses travaux, la Commission, dont les délibérations suivent immédiatement le débat général de l'Assemblée, adoptent des projets de résolution et de décision sur la base de rapports d'experts, d'agences onusiennes et autres organisations internationales, avant de les renvoyer devant la plénière pour approbation finale.

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Le Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Jan Eliasson, s’adresse à la Deuxième Commission, lors de l’examen des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies. Photo: ONU/Rick Bajornas

« Après tous les discours prononcés à l'Assemblée générale, il est intéressant de voir comment les États Membres abordent dans le détail les différentes questions à l’ordre du jour. Parfois, ces discussions peuvent sembler dépourvues d’enjeux véritables, mais c'est bel et bien là que le travail se fait », assure un attaché de presse des Nations Unies qui a couvert cette année les séances publiques de la Deuxième Commission, dont une partie importante des travaux se déroulent également en consultations à huis clos.

En 2012, la Commission s'est prononcée sur 36 projets de résolution, dont cinq à l’issue d’un vote. L’un des sujets qui a dominé les débats est la préparation de l'après-2015, date que s’était fixée, lors du Sommet mondial de 2000, la communauté internationale pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Dans cette perspective, les États Membres sont désormais tenus de concevoir et mettre en œuvre des politiques favorisant non seulement la prospérité économique et la réduction de la pauvreté, mais aussi la protection de l'environnement, l'inclusion sociale et l’égalité.

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Le Président de la 66ème session de l’Assemblée générale, Nassir Abdulaziz Al-Nasser (au centre), s’entretient avec des délégués lors d’une séance plénière consacré à l’examen des rapports de la Deuxième Commission. Photo: ONU/ Devra Berkowitz

Début juin, la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio +20), qui s’est tenu au Brésil, a posé les grandes lignes directrices de ce débat, que la Deuxième Commission est chargée de formaliser. Au cours de cette session, les délégations ont régulièrement fait référence au document final de Rio+20 – L'avenir que nous voulons –, qui réaffirme leur engagement politique en faveur du développement durable et fixe les objectifs communs qu’ils devront réaliser à compter de 2015.

Nombre des propositions issues de ce document final ont déjà été validées en Deuxième Commission et en plénière cet automne, dont des textes sur l’inversion du processus de désertification, de dégradation des sols et de sécheresse ; la promotion du tourisme écologique comme instrument de lutte contre la pauvreté et la protection de l'environnement ; et la prévention et la préparation aux catastrophes naturelles.

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Un délégué, pendant une réunion de la Deuxième Commission consacrée à l’élection de son Bureau, lors de la 58ème session de l’Assemblée générale (octobre 2003). Photo : ONU/ S. Hollyman

En outre, un document a été adopté cette année, qui appelle à la promotion des sources d'énergie renouvelables et innovantes– une question clé pour le Secrétaire général Ban Ki-moon, auteur d’une Initiative sur l’énergie durable pour tous.

Avec 2030 pour date-butoir, l'objectif est d’universaliser l’accès à des sources d’énergie propres et modernes, d’améliorer l'efficacité énergétique et de doubler la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique mondial.

« La Commission a pris des décisions historiques qui ont contribué à prévenir des crises, à inspirer des changements visionnaires et à mettre le monde sur le chemin de la viabilité », s’est félicité le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, Wu Hongbo, lors de la séance publique inaugurale de cette session.

« Alors que nous sommes toujours confrontés à de multiples défis, nous avons besoin, avant toute chose, de leadership et d’engagement continus. Les choix que nous faisons aujourd'hui façonneront le programme de développement des Nations Unies pour la génération suivante. »

Les activités onusiennes en faveur du développement sont une question clé pour la Commission, le système des Nations Unies s'efforçant de répondre aux besoins et priorités des pays en développement sur la base du concept d’appropriation nationale, à trois ans de l’échéance de 2015.

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La Deuxième Commission entame ses travaux de fond et écoute une allocution du Secrétaire général adjoint aux questions économiques et sociales, Philippe de Seynes (octobre 1967). Photo : ONU/TC

Les huit OMD sont des cibles précises à atteindre en matière de réduction de la pauvreté, d'éducation, de parité, de santé maternelle et infantile, d’environnement, de lutte contre le VIH/sida et de partenariat mondial en faveur du développement.

« Nous nous en remettons à l'Assemblée générale et à la Deuxième Commission pour nous présenter une résolution qui reflète véritablement les problèmes de développement, les opportunités et les solutions possibles de notre temps », a déclaré le Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Jan Eliasson, au cours d’une des réunions de cet organe.

« Les Nations Unies aident des millions de gens et les populations pauvres à travers le monde », a rappelé le numéro 2 de l’ONU aux États Membres. « Nous devons maintenant redoubler d’efforts à cette fin et placer les êtres humains au cœur de notre travail. »