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Témoignage : le périple de Mariam, réfugiée malienne transférée par le HCR

Trois Maliennes qui avaient fui les combats dans le nord du pays.
HCR/Y.Djigo
Trois Maliennes qui avaient fui les combats dans le nord du pays.

Témoignage : le périple de Mariam, réfugiée malienne transférée par le HCR

Mère de deux enfants, Mariam, a déjà sillonné la région du Sahel. Au cours des deux dernières décennies, l'insécurité et le conflit ont forcé cette femme de 49 ans à fuir son pays, le Mali, et à trouver en refuge en Algérie en 1994, puis Mauritanie en 2006 et enfin Burkina Faso en février dernier.

Elle a récemment fait un nouveau déplacement mais, cette fois-ci, c'était avec joie, car ces derniers mois ont été les plus traumatisants de sa vie. En janvier, son mari a été tué par les troupes gouvernementales dans la région de Gao, au nord du Mali. Neuf mois de vie dans des conditions précaires on suivi, dans le camp de réfugiés de Férério, au Burkina Faso, situé à 25 kilomètres environ du Mali, dans une région aride.

Mariam, deux de ses filles et son père aveugle, ont été parmi les premiers à être transférés par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) vers le camp de réfugiés de Goudébou, à 150 kilomètres de la frontière, dans le cadre d'un programme de transfert des résidents des camps de Férério et Gandafabou.

La situation sécuritaire était devenue préoccupante dans ces deux sites, qui comptaient fin octobre 7.675 et 2.974 réfugiés, respectivement. Gandafabou connaît en outre des problèmes d'approvisionnement en eau.

Le HCR et d'autres agences humanitaires ont fourni à Férério une assistance vitae à des milliers de réfugiés maliens depuis le début des combats, en janvier dernier, entre les forces gouvernementales et un mouvement rebelle touareg. Toutefois, les réfugiés se trouvant dans cette localité ne sentaient pas en sécurité du fait de la proximité du site avec la frontière, après que le nord du Mali est tombé aux mains d'islamistes.

« J'avais très peur en entendant les nouvelles en provenance du nord du Mali », confie Mariam, en faisant référence aux allégations de violations des droits de l'homme et d'une stricte application de la charia dans la région. « À Férério, je savais qu'ils n'étaient pas loin. Alors, j'avais peur de ce qu'il pouvait se passer pour moi et mes deux filles si les combats se propageaient au-delà de la frontière. »

D'après la représentante adjointe du HCR au Mali, Angèle Djohossou, la proximité de la frontière « fait peser sur les réfugiés un risque de recrutement forcé, spécialement pour les jeunes désœuvrés. »

À Goudébou, les conditions de sécurité sont meilleures et il est plus facile de fournir aux réfugiés protection, abris et assistance et de leur ménager un accès aux services de base. Le camp est situé à la périphérie de Dori, situé à 200 kilomètres de Ouagadougou.

À ce jour, plus de 2.680 réfugiés ont été transférés à Goudébou, la plupart des nomades, dont certains sont venus avec du bétail : le HCR a transféré également plus de 1.700 chèvres et bovins vers le nouveau site, même si Mariam a du laisser derrière elle ses caprins dans sa course éperdue pour fuir les combats.

Elle s'était rapidement portée volontaire pour rejoindre Goudébou et, en raison de la difficulté et de la vulnérabilité de sa famille, ses membres ont été transférés dans des ambulances spéciales pour les personnes âgées, les handicapés, les femmes enceintes et les personnes gravement malades.

Pour la première fois depuis des mois, Mariam dit qu'elle a retrouvé un « semblant de vie normale ». Son père reçoit des soins médicaux et ses enfants peuvent fréquenter les écoles administrées par l'ONG Plan Burkina. En janvier dernier, lorsqu'elle avait appris la mort de son mari, confondu avec un rebelle, c'était comme si sa vie avait volé en éclats.

« Heureusement, j'ai mes enfants pour me redonner courage et espoir », dit-elle.

Aujourd'hui, à Goudébou, elle profite de tous les services disponibles, même si son avenir demeure incertain. Et, malgré les mauvais souvenirs, elle n'a qu'un but : « Que la paix revienne au Mali, afin que je puisse y retourner un jour et retrouver ma vie d'avant », affirme-t-elle, tout en ajoutant : « Ce qui est peu probable. »