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La Commission d'enquête sur la Syrie confirme l'aggravation d'un conflit de plus en plus sectaire

Le Président de la Commission d'enquête internationale indépendante sur la Syrie, Paulo Sergio Pinheiro, et Karen Koning AbuZayd, qui en est membre. ONU Photo/Jean-Marc Ferré
Le Président de la Commission d'enquête internationale indépendante sur la Syrie, Paulo Sergio Pinheiro, et Karen Koning AbuZayd, qui en est membre. ONU Photo/Jean-Marc Ferré

La Commission d'enquête sur la Syrie confirme l'aggravation d'un conflit de plus en plus sectaire

La Commission internationale indépendante d'enquête sur la Syrie a publié jeudi sa dernière mise à jour, qui couvre la période allant du 28 septembre au 16 décembre 2012. Ses conclusions sont alarmantes et soulignent notamment le caractère de plus en plus sectaire de ce conflit, entré dans son 21ème mois.

La Commission internationale indépendante d'enquête sur la Syrie a publié jeudi sa dernière mise à jour périodique, qui couvre la période allant du 28 septembre au 16 décembre 2012. Ses conclusions sont alarmantes et soulignent notamment le caractère de plus en plus sectaire de ce conflit, entré dans son 21ème mois.

Cette mise à jour de dix pages – la dernière en date d'une série de rapports et de mises à jour produites par la Commission depuis le début de son travail en août 2011 – dresse un sombre tableau du conflit dévastateur et des violations persistantes des droits de l'homme et du droit humanitaire dans ce pays du Moyen-Orient.

Elle fait état de « violences incessantes » qui ont fait « plusieurs milliers de morts et de blessés » et met également l'accent sur les détentions arbitraires et les disparations, les déplacements massifs et les destructions matérielles à grande échelle qui se déroulent en Syrie. Elle décrit aussi la façon dont les sites du patrimoine mondial ont été endommagés ou détruits, tout comme des quartiers entiers de plusieurs des grandes villes du pays.

« Les civils continuent de payer un lourd tribut au conflit, les lignes de front entre forces gouvernementales et opposition armée s'enfonçant de plus en plus profondément dans les zones urbaines », relève la Commission.

Formée de Paulo Sergio Pinheiro, qui en est le Président, de Karen AbuZayd, de Carla del Ponte et de Vitit Muntarbhorn, la Commission a été mandatée par le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies pour enquêter sur toutes les violations du droit international relatif aux droits de l'homme perpétrées en Syrie. La Commission a également reçu pour tâche d'enquêter sur toutes les allégations de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, son mandat ayant été récemment élargi aux « enquêtes sur tous les massacres ».

Bien que le gouvernement syrien n'ait toujours pas autorisé la Commission à conduire des enquêtes sur son sol, les commissaires et leur personnel ont réussi à interviewer plus de 1.200 témoins et victimes, dont une centaine au cours de la période couverte par cette dernière mise à jour.

La Commission conclut à la nature de plus en plus sectaire du conflit : les forces gouvernementales et les milices qui les soutiennent attaquent des civils sunnites tandis que des rapports font état de groupes armés antigouvernementaux s'en prenant à des alaouites et à d'autres communautés minoritaires progouvernementales, dont des catholiques, Arméniens orthodoxes et druzes.

D'autres communautés minoritaires, notamment des chrétiens, des Kurdes et des Turkmènes, ont également été prises au piège du conflit et, dans certains cas, contraints de prendre les armes pour se défendre ou de prendre parti.

La présence de combattants étrangers, dont certains liés à des groupes extrémistes et la radicalisation de certains des combattants syriens anti-gouvernementaux sont également mises en exergue par la Commission.

Déjà très importants, les nombres de réfugiés et de déplacés internes devraient encore augmenter au cours des prochains mois, si la tendance actuelle du conflit se poursuit. Le début de l'hiver présente des risques tant pour les déplacés que pour les habitants de nombre de villes et villages dévastés de Syrie, qui vivent dans des conditions « effroyables ».