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L'UNESCO lance un cri de ralliement pour défendre le droit des filles à l'éducation

La manifestation "Défendons Malala  Défendons le droit des filles à l'éducation", organisée par l'UNESCO le 10 dcembre à Paris.
UNESCO/Landry Rukingamubiri
La manifestation "Défendons Malala Défendons le droit des filles à l'éducation", organisée par l'UNESCO le 10 dcembre à Paris.

L'UNESCO lance un cri de ralliement pour défendre le droit des filles à l'éducation

« Défendons Malala – Défendons le droit des filles à l'éducation ! » est le cri de ralliement d'un événement de sensibilisation qui se tient lundi au Siège de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) à Paris.

Coparrainée par le gouvernement du Pakistan, cette manifestation a pour ambition d'accélérer l'impact de l'action politique pour garantir le droit de toute jeune fille d'aller à l'école et de promouvoir l'éducation des filles comme une priorité urgente pour la réalisation des objectifs d'Éducation Pour Tous.

L'événement rend hommage à Malala Yousafazi, une jeune fille de 15 ans qui a survécu à une tentative d'assassinat pour avoir défendu avec détermination l'éducation des filles au Pakistan. Dans sa région natale, la Vallée de Swat, les Talibans avaient interdit aux filles d'aller à l'école, ce qui constitue une violation du droit humain fondamental à l'éducation et à l'égalité entre les sexes.

« Chaque fois que, dans le monde, on interdit à une jeune fille d'entrer à l'école, c'est une attaque contre toutes les autres, contre le droit d'apprendre, contre le droit de vivre pleinement sa vie et c'est intolérable », avait déclaré le mois dernier la Directrice générale de l'UNESCO, Irina Bokova, lors d'une manifestation officielle de soutien à Malala.

La lutte menée par Malala souligne une réalité désastreuse : les filles constituent la majorité des 61 millions d'enfants non-scolarisés dans le monde. Celles-ci ont moins de chance que les garçons d'entrer à l'école primaire. Mariages précoces, violence sexiste, lois discriminatoires : autant de pratiques néfastes qui empêchent l'inscription des filles à l'école ou la poursuite de leurs études.

Les disparités éducatives commencent dès le plus jeune âge et se poursuivent à l'âge adulte. Les femmes représentent les deux tiers des 775 millions d'analphabètes dans le monde et, malgré certaines percées dans l'enseignement supérieur, ne représentent encore que 29% des chercheurs.

Il ne peut y avoir de société juste et équitable sans parité, à commencer par l'éducation. L'UNESCO s'est engagée pleinement en faveur de la scolarisation des filles et à veiller à ce qu'elles restent à l'école, du primaire au secondaire, et jusque dans l'enseignement supérieur. L'éducation accélère les transformations politiques, économiques et sociales et donne aux filles les outils pour façonner le monde selon leurs aspirations. L'éducation a un impact positif sur la santé maternelle et infantile, les taux de fécondité et la réduction de la pauvreté : c'est un multiplicateur de vie. Par exemple, les femmes qui ont un niveau d'éducation supérieur au primaire sont cinq fois plus susceptibles d'être informées sur la prévention du VIH /sida que les femmes analphabètes.

Dans son célèbre blog sur sa vie sous un régime Taliban, Malala réagit à la destruction des écoles, et en particulier des écoles de filles: « Cinq nouvelles écoles ont été détruites, l'une d'elles était près de ma maison. Je suis très surprise, parce que ces écoles ont été fermées, alors pourquoi doivent-elles aussi être détruites ? »

Comme le rappelle un rapport de l'UNESCO en date de 2011, les enfants et les écoles sont aujourd'hui en première ligne des conflits armés, les salles de classe, les enseignants et les élèves étant considérés comme des cibles légitimes, avec pour conséquences « une peur croissante des enfants de fréquenter l'école, des enseignants à donner cours et des parents à envoyer leurs enfants à l'école ».

Saluant le courage de Malala, la Directrice exécutive de l'UNESCO a fait ce triste constat sur la situation mondiale: « Au mois d'avril, en Afghanistan, plus d'une centaine de collégiennes de la province de Takhar ont été empoisonnées par des fanatiques hostiles à l'éducation des filles. Au Mali, au Sahel, des jeunes filles sont mariées de force, recrutées par les milices, empêchées d'aller à l'école et de mener une vie digne. Malala est le symbole de toutes ces jeunes filles. » Lors de la clôture de la 190ème session du Conseil exécutif de l'UNESCO, les 59 États membres se sont levés et ont brandi la photo de Malala en silence.