Amos demande aux autorités du Myanmar un accès humanitaire pour l'ONU à des zones interdites

« Au cours des six derniers mois, l'ONU n'a pas été en mesure de fournir une assistance à près de 40.000 personnes en détresse, dans la mesure où ses personnels ne sont pas autorisés à se rendre dans les territoires contrôlés par l'Armée de l'indépendance kachin (KIA), qui opère dans les états du Kachin et de Shan, situés dans le nord et l'est du pays, respectivement », a regretté Mme Amos.
« Des partenaires locaux fournissent des vivres et d'autres formes d'assistance, mais leurs stocks s'amenuisent et, alors que l'hiver s'installe, il devient de plus en plus difficile d'acheminer des fournitures », a expliqué Mme Amos dans un communiqué de presse transmis par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), qu'elle dirige.
Les Nations Unies, a-t-elle précisé, ont demandé au gouvernement du Myanmar l'autorisation de se rendre dans ces régions pour y fournir une aide dont les civils ont cruellement besoin, sans succès jusqu'à présent.
« Les Nations Unies ont une expérience considérable lorsqu'il s'agit de travailler dans des environnements à haut risque », a plaidé la Coordinatrice des secours d'urgence, soulignant que les conditions de sécurité étaient bien pires dans certains pays où les travailleurs humanitaires de l'ONU sont à l'uvre.
Mme Amos concluait aujourd'hui son séjour au Myanmar, qu'elle a entamé le 3 décembre afin d'évaluer en personne les besoins humanitaires à travers le pays, notamment dans les états de Kachin et de Shan, où les activités du groupe séparatiste KIA ont déplacé près de 75.000 personnes depuis juin 2011, alors que les violences interconfessionnelles dans celui de Rakhine en ont fait près de 115.000 autres.
Selon la Secrétaire général adjointe, la distribution d'aide à Rakhine, où la communauté humanitaire des Nations Unies est présente, est compromise par le sous-financement du Plan de secours des Nations Unies, d'un montant de 68 millions de dollars, et qui n'a recueilli que 27 millions jusqu'à présent. Ce plan vise à répondre aux besoins des personnes déplacées sur une période de neuf mois.
Les civils ne peuvent pas rentrer chez eux du fait des déprédations et de la poursuite des tensions. « Nous travaillons avec les autorités pour mieux faire connaître les normes appropriées en termes de sécurité et de conditions propices à un retour volontaire », a expliqué aujourd'hui de son côté le porte-parole du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Adrian Edwards. « De plus, nous continuons à plaider pour l'obtention de la citoyenneté pour les apatrides. »
Plus de 100 personnes ont été tuées et des milliers de maisons détruites durant les troubles de juin, d'août et d'octobre. Aujourd'hui, les personnes déplacées vivent chez des familles d'accueil, dans des camps et des installations temporaires. Ces dernières semaines, des abris de fortune sont apparus le long des routes dans le chef-lieu de l'état, Sittwe.
Cette semaine, le HCR a transféré 5.000 personnes vers des maisons en bambou dans les environs de Sittwe. « Nous construisons des logements supplémentaires pour plus de 12.000 personnes et plus de 220 maisons permanentes pour les rapatriés à Maungdaw », a précisé M. Edwards.
Dans le cadre du programme interagences, le HCR est le chef de file pour tout ce qui relève de la protection des réfugiés et des déplacés, des abris et d'articles non alimentaires, ainsi que pour la coordination et la gestion des camps à Rakhine.
À ce jour, il a distribué des articles incluant des bâches en plastique, des couvertures et des ustensiles de cuisine à environ 70.000 personnes. Environ 3.500 tentes du HCR devraient arriver par bateau à Sittwe ce week-end pour fournir un abri d'urgence aux personnes déplacées en octobre et désormais dispersées dans des lieux comme Pauk Taw, Mrauk-U, Kyauktaw et Myebon.
Le HCR a reçu moins de 30% des 24,35 millions de dollars dont il a besoin pour aider les personnes déplacées dans l' »tat de Rakhine jusqu'à juin 2013.