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La FAO appelle à replacer les agriculteurs au centre des stratégies d'investissement

Un agriculteur arrose des champs à Lubumbachi, en République démocratique du Congo (RDC).
FAO/Olivier Asselin
Un agriculteur arrose des champs à Lubumbachi, en République démocratique du Congo (RDC).

La FAO appelle à replacer les agriculteurs au centre des stratégies d'investissement

Dans son rapport annuel publié jeudi, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) appelle à investir davantage et mieux dans l'agriculture afin de réduire la faim et la pauvreté tout en sauvegardant l'environnement.

Le monde compte plus d'un milliard d'agriculteurs, qui sont les plus gros investisseurs dans l'agriculture. C'est la raison pour laquelle la FAO estime qu'ils devraient être les principaux architectes des stratégies d'investissement agricole, alors qu'ils sont souvent bridés par un environnement économique défavorable.

« Une nouvelle stratégie d'investissement centrée sur les producteurs agricoles est absolument nécessaire », a plaidé le Directeur général de la FAO, José Graziano da Silva, devant les journalistes, à Rome, lors de la présentation du rapport.

« Le défi consiste à canaliser les investissements vers des secteurs où il peuvent faire la différence. Cela est important pour s'assurer que les investissements procurent des gains économiques et sociaux élevés tout en préservant durablement l'environnement », a-t-il ajouté.

Le rapport montre que les agriculteurs dans les pays à faibles et moyens revenus investissent dans leurs exploitations agricoles plus de 170 milliards de dollars par an, soit environ 150 dollars par personne. C'est trois fois plus que toutes les autres sources d'investissement cumulées, quatre fois plus que les contributions du secteur public, et plus de 50 fois plus que l'aide publique au développement reçue par ces pays.

L'investissement dans l'agriculture est certainement rentable, selon le rapport de la FAO. À titre d'exemple, au cours des 20 dernières années, les pays ayant les taux les plus élevés d'investissement dans les exploitations agricoles ont réalisé les progrès les plus significatifs pour réduire la faim de moitié, un des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).

Les régions où la faim et l'extrême pauvreté sont les plus répandues - Asie du Sud et Afrique subsaharienne - ont vu leurs taux d'investissement agricole stagner ou décliner ces trente dernières années.

« Des données récentes montrent des signes d'amélioration, mais l'éradication de la faim, notamment dans ces régions, et sa disparition définitive exigent à la fois une augmentation substantielle du niveau des investissements dans les exploitations agricoles et des améliorations spectaculaires du volume et de la qualité de l'investissement public dans l'agriculture », explique le rapport.

Dans de nombreux pays à faibles et moyens revenus, les agriculteurs sont souvent confrontés à la faiblesse des incitations à investir, ajoute le rapport.

Un certain nombre de facteurs peuvent réduire considérablement les incitations à investir, notamment la mauvaise gouvernance, l'absence d'un État de droit, un niveau élevé de corruption, des droits de propriété incertains, des pratiques commerciales arbitraires, une forte taxation de l'agriculture par rapport à d'autres secteurs et des infrastructures rurales ainsi que des services publics inadaptés et médiocres.

Les petits exploitants agricoles sont souvent confrontés à des contraintes spécifiques graves, notamment l'extrême pauvreté, des droits de propriété incertains et un faible accès aux marchés et aux services financiers.

La FAO exhorte donc dans son rapport les gouvernements à investir davantage dans la recherche et le développement agricole, les infrastructures rurales et l'éducation, et ce, afin de stimuler la croissance agricole et réduire la pauvreté.